Selon le CEO d’Open AI, l’intelligence artificielle est-une bulle en bourse. La situation est cependant un peu plus nuancée que cela.
L’intelligence artificielle est une bulle en bourse, un peu comme la bulle internet de 2000. Voilà une assertion qu’on entend souvent, depuis l’émergence de ChatGPT fin 2022 et l’explosion des cours en bourse de Nvidia et d’autres acteurs.
Un acteur de taille du monde de l’IA vient de d’ajouter de l’eau au moulin de cette idée : Sam Altman, CEO d’Open AI, développeur de ChatGPT. “Lorsque des bulles apparaissent, les personnes intelligentes s’enthousiasment excessivement pour un grain de vérité”, lançait-il devant la presse la semaine dernière. “Sommes-nous dans une phase où les investisseurs dans leur ensemble s’enthousiasment excessivement pour l’IA ? Je pense que oui.”
Et d’ajouter : “L’IA est-elle la chose la plus importante qui soit arrivée depuis très longtemps ? Je pense également que oui.”
Bulle ou pas bulle ?
Qu’en est-il vraiment ? Du célèbre investisseur Ray Dalio à la Banque centrale européenne, différents observateurs plaident ainsi pour le fait qu’il y ait en effet une bulle. D’autres estiment que ce n’est pas le cas et que la situation n’est pas vraiment comparable à la bulle internet.
D’autres encore plaident plutôt pour une analyse plus fragmentée, par entreprise. “Du point de vue des investissements plus larges dans l’IA et les semi-conducteurs… je ne pense pas qu’il s’agisse d’une bulle. Les fondamentaux de la chaîne d’approvisionnement restent solides, et la trajectoire à long terme de la tendance IA justifie la poursuite des investissements”, explique Ray Wang, de Constellation Research, à CNBC.
Il admet qu’il y a cependant des risques d’une bulle sur le marché, notamment du côté du capital-risque. Il y a une “augmentation du volume de capitaux spéculatifs qui se ruent sur des entreprises dont les fondamentaux sont plus faibles et qui ne présentent qu’un potentiel supposé, ce qui pourrait créer des poches de surévaluation”, note-t-il.
On pourrait ainsi distinguer différents filons dans ce rallye boursier de l’IA. Il y a des entreprises qui voient clairement leurs chiffres augmenter rapidement grâce à l’IA. C’est le cas de Nvidia, avec ses puces électroniques les plus à la pointe pour développer et faire tourner des modèles d’IA. C’est aussi le cas de Microsoft et Amazon, ou d’autres entreprises qui proposent des services de cloud. Leurs cours sont donc en hausse, en bourse, et certaines entreprises sont plutôt “chères” par rapport à leurs bénéfices, mais d’autres le sont moins. Mais il y a aussi des entreprises qui ne sont pas encore rentables… et qui ne le seront peut-être jamais, voire plus lentement et avec des chiffres moins élevés que ce que prévoient les investisseurs.
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Risques
Car oui, une partie des gains des cours est faite sur des promesses de croissance. La Big Tech investit massivement, pour développer ces modèles d’IA ou la capacité des centres de données pour accueillir toute cette hausse de la demande d’IA des clients… en partie déjà réelle mais aussi future (et donc supposée).
Le rallye de l’IA n’est donc pas exempt de risques. C’est ce qu’a montré l’émergence du bot chinois DeepSeek, en janvier. Il était, soi-disant, développé avec un budget beaucoup moins important et des puces moins sophistiquées, mais a pu rivaliser avec ChatGPT dans le classement sur l’App Store d’Apple et dans certains tests d’IA. Cela remettait en cause les investissements massifs dans l’IA, et les cours de certaines entreprises avaient fortement chuté. Nvidia avait perdu plus de 600 milliards de dollars de valorisation en une journée, un record. Bulle ou pas bulle, les corrections sont toujours le risque de toute hausse en bourse.
Dans le cas d’une hype, comme c’est le cas de l’IA dont les bienfaits sont vantés partout, les investisseurs doivent ainsi redoubler de vigilance. Le débat si l’IA est une bulle spéculative ou non risque de continuer, au gré des chiffres présentés par les entreprises.