Les marchés rebondissent sur fond de négociations : Trump est-il en train de réussir son pari ?


Et si Donald Trump allait finalement réussir son pari ? Il est encore beaucoup trop tôt pour le dire, mais force est de constater que plusieurs États touchés par les droits de douane viennent négocier. Les pays de l’Union européenne en font partie. Et les marchés l’ont plutôt bien accueilli.
Après trois séances dans le dur, la bourse américaine reprend des couleurs. Wall Street ouvre largement dans le vert, ce mardi, le S&P500 récupérant plus de 3% et le Nasdaq 100 plus de 4%.
Les marchés européens ont eux aussi connu une nette embellie. La Bourse de Bruxelles a engrangé 3,10%, à la clôture, au-dessus du CAC40 qui a gagné 2,50%, Francfort 2,48%, Londres 2,71% et Milan 2,41%.
Les négociations s’enclenchent
Est-ce à dire que la tempête est terminée ? Loin de là. Mais l’heure est aux discussions, ce que semblent récompenser les marchés. C’est vrai pour l’Europe, qui a entrouvert une porte, dès hier soir, en proposant des droits de douane de 0% pour tous les biens industriels. “Insuffisant !”, a taclé Donald Trump. “L’Union européenne s’est très, très mal conduite avec nous”, a ajouté le président américain, qui en veut plus. Mais une logique de négociation s’est enclenchée. Il veut que l’UE résorbe son excédent commercial en achetant de l’énergie made in USA.
L’Union européenne n’est pas la seule entité à vouloir parler avec le président américain. Au Japon, après une première réaction éruptive, le Premier ministre, Shigeru Ishiba, s’est entretenu avec Donald Trump pour faire retomber la pression et envisager un accord à l’amiable. Des équipes de négociations sont formées. L’indice vedette Nikkei a d’ailleurs clôturé en hausse de 6,02 % ce mardi à la Bourse de Tokyo. Le Japon est particulièrement touché par les droits de douane annoncés par Trump, à 24 %, en plus d’une taxe de 25 % déjà annoncée sur les voitures.
Le républicain s’est également félicité d’avoir eu “un excellent entretien téléphonique” avec le président par intérim de Corée du Sud, Han Duck-soo. Donald Trump estime que “la situation s’annonce bien” en vue d’un “excellent accord” qui mettrait fin “à leurs excédents considérables et insoutenables”. Dès hier, le président américain avait affirmé avoir eu des contacts avec près de 50 États. C’est bien sûr impossible à vérifier, mais on semble quand même se diriger vers des discussions plutôt qu’une surenchère.
Tout peut très vite dérailler
Cette logique de surenchère, c’est la voie empruntée par la Chine. Pékin a riposté par 34% de droits de douane, ce à quoi Donald Trump a répondu par des menaces “de droits de douane additionnels de 50%”, ce qui les porterait à 104% en tout. De la pure folie.
Donald Trump doit apprécier voir chaque pays rappliquer, mais il n’a pas toutes les cartes en main pour autant. D’ailleurs, l’Europe tient déjà son pistolet dans l’autre main. “Nous sommes prêts à mobiliser tous les outils de notre arsenal de défense commerciale pour protéger le marché unique, les producteurs et les consommateurs européens”, a déclaré Maros Sefcovic, le commissaire au Commerce. Sont évoqués : les taxations des services et des plateformes numériques, mais aussi l’instrument anti-coercition de l’UE, qui permet de restreindre l’accès aux marchés publics ou de cibler les investissements directs.
Tout dépendra de la volonté du président américain à mettre en place les préceptes de son conseiller économique, Peter Navarro, qui est lui inflexible sur les tarifs douaniers. Pour le moment, le locataire de la Maison Blanche fixe la barre très haut. Un jeu très dangereux pour l’économie mondiale, mais surtout pour l’économie américaine, ont pointé plusieurs grands économistes. Pour l’heure, tous les nouveaux droits de douane s’appliqueront comme prévu, dès demain.
Si aucun signal significatif n’est donné d’ici là, les marchés pourraient bien à nouveau voir rouges.
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