La descente aux enfers de la Banque nationale de Belgique

Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

La rédaction répond à la question d’un abonné : “L’action de la Banque nationale a atteint un nouveau plancher historique. Le moment est-il venu de s’en défaire ?”


L’action de la Banque nationale de Belgique (BNB) est dans une spirale baissière depuis des années. Malgré la relative forme affichée entre 2000 et 2014, elle n’a pas été à l’abri des catastrophes boursières, particulièrement en 2007-2009 (crise financière, chute du cours d’environ 50 %) et 2010-2011 (crise de l’euro, nouveau dévissage d’environ 50 %). Mais c’est surtout le lancement par la Banque centrale européenne (BCE), à partir de 2015, de plusieurs programmes d’achat d’obligations d’Etat, puis d’entreprises, qui a relevé le profil de risque de la BNB. En effet, avec la hausse des taux d’intérêt, les pertes éventuelles sur ces portefeuilles devraient être supportées par les réserves disponibles de la BNB. Idem avec la crise sanitaire en 2020 : de nouveaux programmes d’achat massifs, avec des risques accrus à terme.

Baisse des taux

Ces conséquences éventuelles ne se sont longtemps pas fait ressentir du fait des taux d’intérêt très bas mais la BNB, consciente de cette épée de Damoclès, a adapté à plusieurs reprises sa politique de dividendes et les règles relatives aux réserves, au détriment des actionnaires. Diverses actions en justice l’ont aussi affectée.

La baisse du cours a commencé à s’accélérer lorsque le marché a réalisé, à l’été 2022, que les hausses successives des taux par la BCE entraîneraient des pertes majeures à terme. Le volant de réserve de 7,08 milliards d’euros fin 2021 a été utilisé pour la première fois après la perte de 580 millions de l’exercice 2022. La perte a atteint 3,37 milliards sur l’exercice 2023. Le 16 janvier, la BNB a annoncé une perte nette provisoire de 3,7 milliards pour 2024, qui épuise la totalité du volant (3,1 milliards restants fin 2023). Le dividende minimum de 1,5 euro brut par action ne sera pas versé. La direction estime qu’il est possible de fonctionner pendant plusieurs années avec des fonds propres négatifs ; des placements statutaires seront vendus. Des pertes sont encore attendues jusqu’en 2027.

Certains opérateurs pensent qu’une sortie de la cote serait la meilleure solution. La valeur boursière est tombée à 130 millions d’euros ; la moitié est détenue par l’Etat. Reste à savoir quel montant serait acceptable pour convaincre assez d’actionnaires privés. La baisse des taux par la BCE est en principe favorable à la BNB, mais pas dans l’immédiat. L’action n’est donc pas vraiment digne d’achat (rating 2C).

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