Une action représente un titre de participation au capital d’une entreprise, tandis qu’une obligation matérialise un prêt accordé à une entreprise ou à un gouvernement. Si ces deux types de placement divergent fortement, notamment en termes de risque, il s’agit dans les deux cas de valeurs mobilières cotées sur un marché ou une Bourse réglementé(e), dont le cours est déterminé par l’offre et la demande.
En Belgique, les deux sont soumis à un précompte mobilier de 30% sur le coupon/dividende. L’imposition annoncée sur la plus-value se calculera de manière similaire.
Alors que les actions connaissent parfois des fluctuations importantes, avec des pertes ou des gains qui peuvent être considérables à court terme, les obligations offrent généralement un rendement plus prévisible.
Trois risques
Ces titres ne sont toutefois pas sans risque. Le premier des trois grands risques à prendre en compte est lié aux taux d’intérêt. Si vous possédez une obligation et que les taux du marché augmentent, la valeur marchande de votre titre diminue mécaniquement : il est moins attrayant que les nouvelles émissions. Une vente avant l’échéance peut donc entraîner des pertes.
Le deuxième risque est le risque de crédit, qui reflète la probabilité que l’émetteur ne soit pas en mesure de rembourser les intérêts ou le principal. Les agences de notation telles que Moody’s, S&P et Fitch attribuent des notes de solvabilité ; plus ces dernières sont élevées, plus le risque est faible – mais généralement aussi, plus le rendement est faible. Les obligations les moins bien notées, appelées “obligations à haut rendement” ou “obligations pourries”, promettent un revenu plus élevé, mais comportent également un risque de défaut de paiement plus important. Les notations fluctuent au fil du temps. Véritable signal d’alarme, une dégradation de la notation indique généralement une détérioration de la situation financière de l’entreprise.
Le troisième point d’attention est l’inflation. La hausse des prix rogne en effet le pouvoir d’achat de la rémunération fixe versée par un émetteur. Le rendement peut même devenir négatif. Il existe toutefois des obligations dont le capital est indexé périodiquement. Le coupon, calculé en pourcentage de ce capital, augmente donc en conséquence. À l’échéance, l’investisseur récupère le capital indexé : le rendement réel reste donc protégé.
Diversification
Comme pour tous les investissements, la diversification offre une bonne protection. Cette dernière peut revêtir divers aspects : plusieurs émetteurs, secteurs, pays, voire durées. Les titres à échéance courte (1 à 5 ans) sont moins sensibles aux taux d’intérêt, mais les emprunts sur plus long terme (10 ans, voire plus), bien que plus sensibles, offrent souvent un coupon plus élevé.
Enfin, il est possible d’opter pour différentes monnaies : les obligations en dollars ou en livres sterling proposent actuellement des rémunérations plus élevées, mais comportent un risque de change. Pour finir, il faut bien lire les conditions contractuelles (une clause de remboursement par anticipation n’est pas forcément favorable) et veiller à ce que l’obligation visée ne soit pas réservée aux institutionnels.
Où acheter
Il est préférable d’acheter des obligations auprès des grandes banques (KBC, BNP Paribas Fortis, Belfius, ING, etc.), qui donnent accès au marché primaire et secondaire pour un coût moyen compris entre 0,2 et 0,9%. Les courtiers en ligne tels que Bolero, Keytrade Bank ou DeGiro constituent une bonne alternative, avec une offre large et des frais moins élevés (voire fixes, comme Bolero). Des sociétés de Bourse spécialisées telles que Goldwasser Exchange se distinguent aussi par leur vaste gamme et leur expertise, mais sont souvent plus onéreuses.
En Europe, la plupart des obligations d’entreprises sont proposées en coupures de 100.000 euros. Les bons d’État, dont les petites coupures peuvent être achetées directement à l’Agence fédérale de la Dette, constituent une alternative plus simple. Nombre d’obligations américaines sont aussi disponibles en coupures de 1.000 ou 2.000 dollars et versent des intérêts deux fois par an.
Les investisseurs plus modestes s’intéresseront aux fonds obligataires ou aux ETF, qui permettent une diversification. Les frais de gestion (limités pour les ETF) brident toutefois le rendement. Attention cependant : lorsque les taux d’intérêt augmentent, les cours des obligations existantes baissent, et donc aussi la valeur du fonds.
Ordres à cours limité
Si vous achetez des obligations pour les conserver jusqu’à leur échéance, le débiteur vous remboursera presque toujours l’intégralité du montant nominal. Il est cependant aussi possible de vendre la plupart des titres plus tôt, aux conditions en vigueur à ce moment-là. Attendre le moment opportun permet de générer un bénéfice supplémentaire.
Ainsi, l’emprunt en euros Immobel 12/05/2028, assorti d’un coupon de 3% (code ISIN : BE0002827088), se négocie actuellement à 98% de sa valeur ; en décembre 2024, c’était 83%. Ceux qui ont alors acheté et revendent aujourd’hui réalisent un bénéfice net de 18% en huit mois à peine – en sus du coupon de 3% reçu en mai. Même au cours actuel, l’obligation offre toujours un rendement effectif de 4% (brut), soit nettement plus que le récent bon d’État (1,9% sur un an et 3,2% sur 10 ans).
Contrairement aux actions, toutefois, de nombreuses obligations (surtout celles émises par les petites entreprises) sont peu négociées. Dans ce marché illiquide, il est parfois difficile d’acheter ou de vendre rapidement sans faire de concessions sur le prix. Un ordre à cours limité, avec un cours minimum ou maximum auquel l’achat ou la vente est déclenché, offre une parade.
Fiscalité
En Belgique, les coupons obligataires sont soumis à un précompte mobilier de 30%. C’est aussi le cas des obligations à coupon zéro, qui ne versent pas de rémunération annuelle et sont vendues sous le pair : le disagio (soit la différence entre le prix d’achat et le remboursement à la valeur nominale à l’échéance) est considéré comme un intérêt. De meilleures alternatives existent cependant : il suffit d’acheter une obligation avec un coupon très faible, sur le marché secondaire, par exemple à 75% de sa valeur. Lorsque l’emprunteur rembourse le prêt à 100%, la plus-value de 25% n’est pas imposable : seul le petit coupon est soumis au précompte mobilier.
Les plus-values réalisées avant le 31 décembre 2025 (“plus-values historiques”) resteront exonérées d’impôt. Mais à partir du 1er janvier 2026, un impôt forfaitaire de 10% s’appliquera aux plus-values réalisées sur la vente d’actifs financiers tels que les obligations, les actions et les ETF, à condition qu’elles aient été réalisées dans le cadre de la “gestion normale” d’un patrimoine privé. Une exonération annuelle de 10.000 euros par personne, indexée et transférable sur cinq ans à concurrence de 15.000 euros, s’applique.