Et soudain, le marché obligataire américain part aussi à la déroute

Les obligations américaines sont en chute cette semaine, en même temps que les actions. Comment l’expliquer ? Quelles pourraient être les conséquences ?
Jeudi et vendredi passé, les marchés des actions ont lourdement chuté, après les annonces de nouveaux droits de douane du président américain Donald Trump. De l’autre côté de l’échiquier, les obligations américaines (notamment, mais pas que) ont joué leur rôle de valeur refuge et les investisseurs se sont précipités vers ces actifs, faisant baisser les taux d’intérêt longs.
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Mais le vent a vite tourné. Ce lundi, les chutes ont continué pour les actions (avant un bref répit ce mardi puis une nouvelle chute ce mercredi). Mais contrairement aux deux jours précédents… les obligations américaines ont également laissé du terrain. Le taux d’intérêt à dix ans, sur les marchés financiers, a augmenté de 17 points de base sur la journée, dans une fourchette de négociation s’étalant sur 35 points de base. C’est un des écarts les plus importants en vingt ans. Si ces taux augmentent, cela veut dire que la valeur nominale des obligations baisse.
Mardi, nouvelle hausse, mais moins prononcée, avant une autre hausse plus importante ce mercredi de nouveau, de 10 points de base à l’heure d’écrire ces lignes, et affiche un taux de 4,36%. Pour résumer le tout de manière simple : les investisseurs, dont les hedge funds, se débarrassent, en masse, de leurs bons d’Etat américains.
Appels de marge…
Il y a plusieurs raisons à ces ventes. D’abord, les investisseurs veulent récupérer du cash. En temps de krachs, il est vu comme plus sûr car sa valeur ne vas pas baisser de manière aussi drastique. Et il pourrait être mis de côté pour être réinvesti, car avec les chutes des cours il pourrait être possible de faire de bonnes affaires.
Ensuite, il y a aussi les appels de marge des courtiers. De nombreux investisseurs et fonds achètent des actions à crédit chez un courtier. Ils mettent alors des actifs – souvent des valeurs refuge comme l’or ou les obligations – en garantie pour couvrir ces crédits. Mais comme la valeur de ces actifs est en chute en bourse, le courtier demandera plus de liquidités, ce qui peut pousser les investisseurs à vendre.
… et décisions politiques
L’autre élément qui pousse les investisseurs à se débarrasser des papiers de dette américains, c’est une idée émise par un conseiller de Trump, Stephen Miran, en défense des droits de douane et du programme politique de Trump : surtaxer les investisseurs étrangers avec un précompte mobilier supplémentaire. Ce qui a aussi poussé des investisseurs à vendre leurs obligations US, gonflant encore plus les taux d’intérêt.
L’administration Trump se tire ainsi une balle dans le pied. Car ces taux qui augmentent… ce sont des intérêts qu’elle doit payer en plus aux détenteurs, alors qu’elle veut à tout prix réduire les dépenses et le déficit. Et cela pourrait aussi limiter la possibilité de Washington de lever des fonds sur les marchés. Avant, les États-Unis et leurs obligations étaient vus comme fiables. Mais avec ces différentes décisions, la confiance est en baisse. Les investisseurs étrangers (et l’Europe et ses fonds de pensions sont un très gros client des obligations américaines, contribuant ainsi aux finances publiques de Washington), surtaxés, pourraient ne plus se tourner vers le marché américain.
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