Entre la panique et la patience, les investisseurs ont fait leur choix

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Baptiste Lambert

Après un lundi noir, la bourse de Tokyo est largement dans le vert et les bourses européennes reprennent également des couleurs. Un vent de panique a gagné les marchés dont les investisseurs ont, comme souvent, surréagi. La patience est une vertu qui se perd.

C’est un rapport sur l’emploi américain qui a fait déborder le vase d’une semaine chargée en indicateurs. Et si la Fed avait trop tardé au point de plonger la plus puissante économie du monde dans la récession ? C’est le vent de panique qui a soufflé hier sur les bourses mondiales, poussant les investisseurs à vendre leurs positions.

Mais ce matin, surprise, le Nikkei réalise son plus gros bond historique (+10,2%) après un lundi noir qui est entré dans les annales. Les bourses européennes reprennent plus timidement, mais sont à nouveau dans le vert : le Bel 20 gagne 1,20%, l’AEX 0,57% et le CAC 40 est à l’équilibre. A ce stade, l’hémorragie semble s’arrêter avec plusieurs journées compliquées.

Surréaction

Dès hier, beaucoup d’économistes pointaient du doigt la surréaction des marchés. Après tout, le taux de chômage aux États-Unis du mois de juillet a peut-être déclenché la “règle de Sahm”, mais il n’est pointé qu’à 4,3%. De l’aveu de l’économiste Claudia Sahm elle-même, la consommation américaine reste solide, tout comme la production et les revenus des ménages. Certes, les indicateurs ne vont pas nécessairement dans la bonne direction, mais on est encore loin d’une récession aux États-Unis. Sans oublier que la Fed dispose toujours d’une marge de manœuvre pour corriger le tir, ce qu’ont répété à l’envi plusieurs gouverneurs dans la presse américaine.

Ce matin, alors que la poussière retombe, Bernard Keppenne, économiste en chef à la CBC, relativise. Il indique d’abord que “la période des vacances exacerbe la volatilité”. En effet, les faibles volumes d’échanges d’actions en cette période amplifient le mouvement de panique. Ensuite, une correction, de temps en temps, n’est pas forcément une mauvaise chose, à l’instar des valeurs technologiques et en particulier celles liées à l’IA : “Qu’elles fassent l’objet de prises de bénéfices et de dégagements après une certaine déception en l’absence de réels profits tangibles à ce stade n’a rien d’étonnant”, indique l’économiste.

En outre, un indicateur vient remettre en cause le chemin tout tracé vers la récession aux États-Unis. C’est l’indice ISM des services, qui est passé de 48,8 à 51,4, avec une hausse des commandes et de l’emploi en contradiction avec les chiffres de la semaine passée. La demande reste solide.

La patience se perd

Preuve que le vent de panique commence à se dissiper : l’indice Vix ou “l’indice de la peur”, qui mesure la volatilité des marchés américains, retombe déjà. Après avoir dépassé les 60 points hier à l’ouverture – un niveau plus connu depuis 2020 et 2008 – il a rechuté de moitié, à 33 points. Cela reste élevé, mais montre que les investisseurs ont aussi été gagnés par l’impatience.

Mais attention, il ne faudrait pas céder non plus à l’excès inverse : se jeter sur les actions après une correction. Car elle n’est peut-être pas terminée : après tout, les principaux indices boursiers ont connu plusieurs mois de hausses, certaines actions devenant terriblement chères et étant peut-être surévaluées. “On n’attrape pas un couteau qui tombe”, dit un dicton boursier. Patience.

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