Qu’attendre des principales devises en 2024 (partie III) ?

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Nous avons déjà passé en revue les dollars américain, canadien, australien et néo-zélandais, ainsi que la livre sterling. Nous nous intéressons aujourd’hui aux couronnes danoise, norvégienne et suédoise.

1. La couronne danoise (DKK)

Retour sur l’année 2023

La DKK est un modèle de stabilité. Alors qu’un euro valait 7,456 DKK au début de 2008, il coûte aujourd’hui 7,455 DKK. Lorsque la devise fluctue, c’est au sein d’une fourchette très étroite ; il faut voir là le résultat du mécanisme de change européen (les fluctuations ne peuvent dépasser 2,5 %). L’économie danoise doit une grande partie de sa vigueur à Novo Nordisk et à son célèbre Ozempic, un médicament indiqué dans le diabète, par ailleurs réputé aider à perdre du poids. Les spécialistes estiment la croissance économique de l’Etat à 1,9 % ; hors Ozempic, elle ne dépasserait pas 0,2 %.

Qu’attendre de l’économie ?

Novo Nordisk est un tel moteur de l’économie que le gouvernement danois doit envisager le cas où il viendrait à s’enrayer ; cette probabilité est loin d’être nulle, vu l’intensité de la concurrence à laquelle est confronté l’Ozempic, lequel est de surcroît soupçonné de favoriser des pensées suicidaires. C’est la raison pour laquelle le gouvernement va définir sa stratégie sur la base des données de 2023 non pas globales, mais dont Novo Nordisk sera exclue. Or ces chiffres montrent que la croissance économique marque le pas – l’inflation, de 7,68 % en janvier, est aujourd’hui proche de zéro.

Qu’attendre de la devise ?

L’inflation étant insignifiante, il est peu probable que la Banque nationale du Danemark augmente encore son taux directeur, de 3,75 % actuellement, en 2024, d’autant qu’une telle mesure nuirait à une économie déjà en perte de vitesse. Rien de tout cela néanmoins n’a d’influence sur la valeur de la DKK.

2. La couronne norvégienne (NOK)

Retour sur l’année 2023

Alors que la dépréciation de la NOK était de 7,05 % encore en janvier, elle n’atteignait plus que 4,05 % fin octobre. Elle a toutefois grimpé de 0,72 % en novembre, de sorte que le pays affiche aujourd’hui une inflation de 4,77 %. La Banque de Norvège (NB) a pourtant relevé son taux directeur à six reprises cette année ; le taux s’établit actuellement à 4,50 %. Les revenus qu’elle tire de l’extraction du pétrole et du gaz assurent depuis très longtemps à la Norvège une trésorerie plus qu’enviable. Cela n’empêche pas ces temps-ci la NOK de flirter avec son plus bas niveau historique (12 NOK pour un euro). La monnaie a perdu 22 % de sa valeur au cours des cinq dernières années ; il y a 20 ans à peu près, les Norvégiens déboursaient 7,25 NOK pour un euro. Le pays jouit ceci dit toujours de la notation AAA.

Qu’attendre de l’économie ?

La Norvège assure un cinquième de l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Le boycott du pétrole et du gaz russes a fait exploser ses revenus, une situation qui devrait perdurer en 2024. Même si la guerre en Ukraine devait prendre fin, la Norvège conserverait une source de rentrées colossales.

Qu’attendre de la devise ?

Les six relèvements de taux pratiqués par la NB en 2023 n’auront probablement pas suffi à endiguer efficacement l’inflation. Une ou plusieurs autres hausses pourraient donc s’imposer l’an prochain, ce qui donnerait à la NOK un avantage concurrentiel ; pour nous, le retournement tant attendu devrait se produire en 2024.

3. La couronne suédoise (SEK)

Retour sur l’année 2023

La Suède a le triste privilège de figurer en tête de liste des pays où l’inflation demeure la plus pesante. La hausse des étiquettes est toutefois tombée de moitié environ, à 5,78 %, depuis décembre 2022 : sans être satisfaisant, ce taux est inférieur aux 8 % sous lesquels la Riksbank (RB) avait estimé, à la mi-2023, que l’inflation ne commencerait à baisser qu’à partir de l’an prochain. Les quatre augmentations décidées par l’institution pour porter son taux directeur à 4 % ont si violemment ébranlé une économie déjà vacillante que la Suède est au bord de la récession ; ce sont le resserrement des conditions de crédit et les prix élevés de l’énergie qui sont à blâmer. De nombreux ménages sont très endettés, alors que l’immobilier de logement est surévalué. La SEK s’apprécie fortement depuis septembre, mais elle reste 1,5 % moins chère qu’au début de l’année.

Qu’attendre de l’économie ?

L’économie suédoise devrait se stabiliser en 2024, avant de se reprendre lentement. La contraction du marché du travail va freiner la demande domestique : à partir de là, l’inflation devrait enfin pouvoir sérieusement baisser. La dette et le déficit publics devraient se creuser, ce qui n’empêchera pas les dépenses publiques de continuer de croître, à cause, du moins en partie, de l’augmentation des dépenses consacrées à la défense, qui approchent de l’objectif fixé à 2 % du PIB.

Qu’attendre de la devise ?

Le ralentissement de la demande va contribuer à atténuer l’envolée des prix, un phénomène qui, combiné à la baisse de la facture énergétique, devrait ramener l’inflation sous 2 % en 2024. Si c’est effectivement le cas, la RB pourrait se contenter de quelques relèvements de taux de faible ampleur l’an prochain, qui devraient continuer à soutenir la SEK.

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