Comment DeepSeek, le ChatGPT chinois, vient perturber le rallye de l’IA
DeepSeek, modèle d’intelligence artificiel chinois, porte un coup dur à ChatGPT : il le détrône dans l’App Store, aux US. Ce qui soulève des questions économiques importantes pour la Big Tech américaine. Le secteur européen des puces électroniques est en chute libre en bourse ce lundi, tout aux États-Unis.
A peine arrivé sur le marché, et il fait déjà fureur. DeepSeek, le modèle d’intelligence artificielle de la start-up chinoise du même nom, a détrôné son rival ChatGPT sur l’App Store d’Apple, aux États-Unis, ce lundi matin. Cela alors qu’il y a été lancé le 10 janvier, soit il y a un peu plus de deux semaines. DeepSeek y figure maintenant en tête du classement des applications gratuites les mieux notées, devant le modèle d’OpenAI.
C’est donc le signe qu’il gagne fortement en popularité auprès des utilisateurs. Mais de l’autre côté de l’écran et de la barre d’entrée de prompts, il assure aussi sur le plan technologique. Il a ainsi battu ChatGPT et d’autres modèles, comme celui de Meta, dans des tests importants, en décembre. De quoi impressionner le monde de la tech américaine, la Silicon Valley.
Les questions économiques
DeepSeek n’est pas le premier bot d’IA chinois à débarquer sur le marché. Mais c’est le premier à s’imposer sur l’App Store et à recevoir les louanges de la Silicon Valley. Ce qui amène la question des perspectives économiques : il pourrait bel et bien grappiller des parts de marché à OpenAI, Meta, Google et consorts.
Et cela, surtout, à moindre coût. DeepSeek indique avoir entrainé son modèle avec des puces de Nvidia (les H800, pour être précis), avec un budget de moins de six millions de dollars. C’est beaucoup moins que les dizaines ou centaines de milliards que la Big Tech a injecté dans ses modèles. L’entreprise a aussi indiqué vouloir proposer des prix beaucoup plus bas aux clients que ceux des entreprises américaines.
Ce budget de développement de DeepSeek a cependant été remis en cause. Mais la grande question est aussi celle des puces utilisées. Les États-Unis ont limité les exports des puces les plus performantes pour éviter que la Chine monte en puissance dans l’IA… et cette entreprise a développé son modèle d’IA avec des puces moins performantes que celles visées par les limitations d’export.
Résultat : Nvidia et consorts ont enregistré un manque à gagner avec ces limitations (les puces sous embargo sont également les plus chères), pour – peut-être – rien, au final. Les puces moins performantes pourraient aussi faire l’affaire, alors que la Big Tech achète surtout les puces dernier cri. Il y a d’importantes nuances bien sûr, mais c’est la question qui en ressort.
Rique pour le rallye de l’IA ?
DeepSeek pourrait ainsi être une bombe sous le rallye de l’IA, comme la start-up attaque autant la part de marché des modèles d’IA américains (mais pas que) que les fabricants de puces (les “vendeurs de pelles et de pioches”, qui profitaient le plus du rallye de l’IA jusqu’à présent).
Et les investisseurs se posent vraiment des questions. En Europe, c’est le bain de sang. ASML, le fabricant néerlandais des équipements de production de puces les plus précis au monde, perd plus de 9%. Le fabricant de puces néerlandais ASM International même 12,5% et l’Allemand Infineon près de 4,5%. STMicroelectronics chute de 2,3%. L’Euro Stoxx 50 glisse d’1,4%.
Aux États-Unis, Nvidia perd 12,5% à l’ouverture. Le Nasdaq 100 glisse de 3%. “DeepSeek a réveillé le spectre de rupture dans le paysage technologique, son émergence suggérant que la Chine peut continuer à faire des progrès dans la course à l’IA malgré les restrictions américaines”, écrit Yeap Jun Rong, stratège chez IG, dans une note consultée par Reuters. “Cela semble susciter des inquiétudes quant à la domination des États-Unis dans le domaine de la technologie et remet en question les valorisations très élevées des entreprises technologiques.”
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici