Ces entreprises, improbables, seraient les plus à risque avec l’émergence de DeepSeek
![](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w962/h503/6980752/belgaimage-111321095-jpg.jpg)
Le marché continue d’interpréter le phénomène DeepSeek et ce qu’il peut vouloir dire pour le rallye de l’IA et les entreprises actives, de près ou de loin, dans l’IA. Voici les entreprises – auxquelles on ne penserait pas directement – pour lesquelles l’émergence du bot low cost est un risque, selon JP Morgan… et ce que cela signifie pour leur secteur. Tandis que d’autres, comme Palantir, continuent allègrement de surfer sur la vague de l’IA.
Le bot d’IA chinois DeepSeek, qui aurait coûté beaucoup moins à développer que les bots américains et qui ne tournerait pas sur les puces les plus performantes de Nvidia mais sur des modèles moins sophistiqués (des informations remises en cause) a asséné un fameux coup de poing à l’entreprise de Jensen Huang. Le lundi 27 janvier, Nvidia a perdu 17%, ou près de 600 milliards de dollars de valorisation, un record absolu, après l’entrée fracassante du bot chinois sur l’App Store d’Apple.
L’entreprise ne s’en est toujours pas remise, malgré de grosses annonces d’investissements dans l’IA par la Big Tech depuis, et nombre d’observateurs estiment que cela pourrait être le début de la fin de son rallye stratosphérique. Mais à côté de Nvidia, il y a aussi d’autres entreprises qui sont à risque avec l’arrivée du bot chinois bon marché. Des entreprises auxquelles on ne penserait pas forcément, montre une étude de JP Morgan.
Elle estime qu’avec DeepSeek comme exemple, les entreprises pourraient se tourner vers de nouvelles méthodologies pour entrainer les modèles d’IA, nécessitant moins de ressources et d’énergie. “Un thème clé qui ressort de l’analyse est le potentiel de réduction des coûts d’entraînement et d’inférence, ce qui pourrait conduire à un équilibre entre (1) la diminution du besoin d’investissement à grande échelle dans les applications actuelles par rapport à la propagation rapide de nouvelles applications d’IA qui n’étaient pas économiquement viables auparavant ; et (2) un déplacement potentiel de la valeur à la fois vers la couche d’application (inférence) et vers la couche d’infrastructure (entrainement)”, peut-on lire dans la note consultée par Insider.
Amphenol
L’entreprise vend des connecteurs électriques et à fibre optique, utilisés dans les centres de données. Notamment dans les centres les plus denses – et jusqu’à maintenant le marché s’attendait à ce que les centres deviennent de plus en plus denses. Un scénario optimiste pour l’entreprise, dont le cours a presque doublé depuis fin 2022 (et l’émergence de ChatGPT). Mais une demande moins importante pour une densité plus grande serait donc un vent contraire pour l’entreprise technologique.
Caterpillar
Le fabricant de machines pourrait être touché sur deux fronts. Sur le volet des pelleteuses et autres engins de chantiers, d’abord : si l’on construit moins de centres de données que prévu, il vendra moins de machines. Puis sur le volet de l’énergie aussi : il produit notamment des énormes générateurs, utilisés comme source d’énergie de secours dans les centres de données. Mais il produit aussi des turbines à gaz, via sa filiale Solar Turbines. Une croissance plus lente de la demande serait donc une mauvaise nouvelle.
Custom Trucks One Source
Un peu comme pour l’entreprise précédente. Custom Trucks One Source vend et loue des camions et autres machines lourdes. Ici, ce ne sont pas les centres de données qui posent problème, mais les marchés “de transmission et de distribution”, gagne-pain majoritaire de l’entreprise. Ceux-ci pourraient devenir beaucoup plus efficaces grâce aux bots d’IA, optimisant le transport et affectant la demande pour des camions.
Cummins
Tout comme Caterpillar, cette entreprise produit des engins et des générateurs, et elle est exposée “de manière significative” au marché des centres de données.
Intel
L’entreprise qui produit des puces électroniques a déjà raté le coche de l’IA, contrairement à Nvidia par exemple. Cette dernière a d’ailleurs remplacé la première au sein du Dow Jones, récemment. Et dans le contexte de DeepSeek : “Comme la complexité des calculs continue de croître, nous pensons qu’il y aura une évolution continue vers l’informatique accélérée, ce qui aurait un impact négatif sur la demande de CPU pour les serveurs”, selon la banque.
CS Disco
L’entreprise propose des solutions d’IA et de cloud pour le secteur juridique. L’émergence de bots bons marchés est ainsi une menace, car les cabinets d’avocats et autres juristes pourraient alors se tourner vers eux.
Oracle
Avec Intel, Oracle était un des grands gagnants de la bulle Internet. Mais tout comme Intel, Oracle n’est aujourd’hui pas sur le devant de la scène de la Big Tech et de l’IA. Dans le contexte de DeepSeek, le développeur de logiciels de gestion de bases de données serait impacté par une baisse ou un ralentissement de la demande en centre de données. Cela alors qu’avec l’annonce des Stargate, le projet de Trump pour investir massivement dans l’IA, une semaine avant la tempête DeepSeek, les investisseurs avaient estimé que le temps était venu pour Oracle de se distinguer dans le secteur de l’IA. Le cours en bourse a ainsi rapidement perdu ce qu’il avait gagné après ces annonces.
Fabrinet
Cette entreprise fabrique des solutions pour produire des composants électriques utilisés dans les centres de données.
Plusieurs de ces entreprises sont plutôt inconnues au bataillon, en Europe. Mais ce qui est intéressant de noter, c’est qu’elles sont actives dans différents secteurs, et parfois même bien en aval de l’intelligence artificielle en tant que produit. L’impact d’une nouvelle technologie comme DeepSeek peut donc aussi être là où on ne l’attend pas.
Le grand gagnant : Palantir ?
Palantir, le nouveau chouchou en devenir des boursicoteurs, un des champions du S&P 500 en 2024 avec une hausse de plus de 350%, n’est au contraire pas négativement affecté par l’émergence de DeepSeek et la réévaluation, à la baisse, des attentes quant au boom de l’IA.
La société d’analyses de données a publié ses résultats ce mardi. Son chiffre d’affaires trimestriel de 827,5 millions de dollars fait bien mieux que les estimations et augmente de 36% en un an. Pareil pour son bénéfice : 0,14 dollar par action, au lieu de 0,03 comme prédit par les analystes. Pour 2025, l’entreprise s’attend à un chiffre d’affaires de 3,75 milliards de dollars et un bénéfice de 1,56 milliard de dollars. Là aussi, c’est plus que ce qu’imaginait le marché. L’action a gagné 27% en une journée, ce qui montre que les investisseurs sont convaincus que Palantir peut continuer à surfer sur la vague de l’IA.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici