Ces cinq actions françaises qui bénéficient du réarmement en Europe

Depuis le début de l’année, les actions du secteur de la défense en Europe enregistrent des hausses à deux chiffres. Avec le projet de l’Union européenne d’investir 800 milliards d’euros dans la défense, les entreprises européennes s’attendent à une vague de nouvelles commandes. Voici cinq valeurs françaises qui pourraient en profiter.
“La sécurité de l’Europe ne doit pas être décidée à Washington ou à Moscou, et oui, la menace est bien de retour à l’Est.” C’est en ces termes qu’Emmanuel Macron s’est adressé aux Français lors d’une allocution télévisée, soulignant la nécessité d’un renforcement militaire du continent.
Le président français collabore avec les autres dirigeants européens pour mettre en place une stratégie commune de réarmement. L’objectif : acquérir des armes, des munitions et des véhicules militaires, avec une préférence pour les fournisseurs européens.
Une relance des dépenses militaires en Europe
Le plan ReArm Europe, proposé par la Commission européenne, inclut des mesures budgétaires plus flexibles permettant aux États membres d’exclure certaines dépenses militaires de leurs budgets nationaux. Cela leur donnerait la possibilité de mobiliser jusqu’à 650 milliards d’euros et d’accéder à 150 milliards d’euros de nouveaux financements via des emprunts de l’UE.
Depuis le début de l’année, ce regain d’intérêt pour la défense a dopé les valeurs du secteur en bourse. L’exemple le plus frappant est Rheinmetall, le fabricant allemand d’armement et de véhicules blindés, dont l’action a bondi de près de 98 % depuis janvier. Cinq entreprises françaises, bien qu’offrant des performances boursières plus modestes, affichent également des perspectives prometteuses.
Cinq valeurs françaises à surveiller
1) Dassault Aviation
Capitalisation boursière : 23,41 milliards d’euros Bénéfice par action (BPA) : 13,83 € PER : 29,08 Depuis les années 1920, Dassault Aviation produit des avions militaires emblématiques. La série MB a marqué la Seconde Guerre mondiale, tandis que le Rafale est aujourd’hui le fer de lance de l’armée de l’air française. Plus de 200 Rafale sont en service dans l’Hexagone, et des pays comme la Grèce et la Croatie ont également passé commande ces dernières années.
Le Rafale est en concurrence directe avec d’autres chasseurs modernes comme le F-35 de Lockheed Martin, le F/A-18 de Boeing, l’Eurofighter Typhoon et le Saab Gripen. Il est plus abordable que l’Eurofighter, mais plus coûteux que le modèle suédois. Ses performances se situent entre les deux.
À long terme, l’Europe pourrait chercher à standardiser ses acquisitions militaires pour limiter la diversité des modèles en service. Toutefois, les experts estiment que cette convergence prendra du temps et que, dans l’immédiat, chaque pays continuera d’acheter des équipements compatibles avec son matériel existant.
La Belgique en un bel exemple: elle prévoit d’acquérir de nouveaux avions de combat cette année, et il est probable que son choix se porte à nouveau sur le F-35 américain, déjà présent dans sa flotte.
Une nouvelle génération d’avions de combat d’ici 2040
L’Europe vise à développer conjointement une nouvelle génération d’avions de combat d’ici 2040 dans le cadre du projet Future Combat Air System (FCAS). Celui-ci devrait servir de successeur au programme Eurofighter, dont la France ne fait pas partie. En revanche, l’entreprise française Dassault Aviation est impliquée dans le FCAS, qui doit fournir un remplaçant au Rafale à l’horizon 2040.
L’action Dassault a progressé de 51 % cette année, avec un PER relativement faible, suggérant un potentiel de hausse supplémentaire. Après un bénéfice par action de 13,46 € en 2023, les prévisions de Bloomberg tablent sur une progression à 13,83 € en 2025, 16,89 € en 2026 et 19,58 € en 2027.
2) Thales
Capitalisation boursière : 51,59 milliards d’euros
Bénéfice par action ajusté (BPA) : 9,24 euros
Ratio cours/bénéfice (PER) : 51,23
Le géant français Thales Group, acteur clé des technologies avancées dans l’aéronautique, la défense, le spatial, les transports et la sécurité, bénéficie pleinement de la montée en puissance des investissements européens dans l’armement.
L’entreprise fournit des capteurs de haute précision (radars, sonars, caméras infrarouges) pour tous les environnements stratégiques : terrestre, aérien, maritime et spatial. Elle équipe en grande partie les cockpits et les systèmes électroniques des avions de chasse, hélicoptères et drones européens. Thales joue également un rôle central dans l’intégration des missiles guidés, en partenariat avec MBDA, leader de l’armement.
Sur le segment de la cybersécurité et de la communication militaire, Thales développe des systèmes C2 (Command & Control), qui assurent une transmission en temps réel entre unités et centres de commandement. Grâce au rachat de Gemalto, la société s’est imposée comme l’un des principaux fournisseurs de solutions de sécurité numérique, d’identification et de cryptographie pour les gouvernements et les forces armées.
Thales participe également, aux côtés d’Airbus, au développement d’un réseau satellitaire européen visant à concurrencer Starlink, un projet qui pourrait être renforcé par l’augmentation des budgets de défense de l’UE et de l’OTAN.
Des Carnets de Commandes en Forte Progression
L’année 2024 a marqué une accélération des prises de commandes pour Thales, avec 15,6 milliards d’euros de nouveaux contrats sur les neuf premiers mois, soit une progression de +26 % par rapport à 2023. La division Défense & Sécurité a enregistré une hausse encore plus marquée de +40 %, totalisant près de 9 milliards d’euros de commandes. Ces performances ont dépassé les attentes des analystes.
D’un point de vue boursier, Thales a fortement rebondi depuis janvier, affichant une hausse de +82,27 %. Le bénéfice par action, qui s’élevait à 9,24 euros en 2024, est attendu à 12,22 euros d’ici 2027, selon les prévisions de Bloomberg, ce qui laisse entrevoir un potentiel de croissance supplémentaire pour l’action.
Depuis janvier, l’action affiche un net rebond, enregistrant une hausse de 82,27 % depuis le début de l’année.
3) Airbus
Capitalisation boursière : 134,20 milliards d’euros
Bénéfice par action ajusté (BPA) : 5,05 euros
Ratio cours/bénéfice (PER) : 31,69
Airbus n’est pas une entreprise purement française, puisqu’elle a été fondée en tant que consortium de constructeurs aéronautiques européens, réunissant notamment le français Aérospatiale, l’allemand DASA et l’espagnol CASA, afin de mieux rivaliser avec les grands acteurs américains. Si Airbus est principalement connu pour ses avions commerciaux, il joue également un rôle stratégique dans l’aviation militaire.
Son chasseur Eurofighter Typhoon est produit en coentreprise avec plusieurs groupes de défense européens. Airbus en est le principal actionnaire individuel avec 46 % des parts. L’entreprise toulousaine détient également, aux côtés du britannique BAE Systems, la plus grande participation dans Panavia Aircraft, le fabricant du chasseur Tornado.
Les Eurofighters sont utilisés par plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne et l’Autriche. Quant aux Tornado, ils ne sont plus en service qu’en Allemagne et en Italie.
Airbus est aussi le constructeur de l’A400M, un avion de transport militaire déployé dans plusieurs armées européennes, dont la Belgique. Avec l’augmentation des investissements dans les capacités de défense de l’UE, les avions de transport deviennent un élément clé des infrastructures militaires. En complément, Airbus produit également des hélicoptères et des systèmes de défense aérienne.
Enfin, la position dominante d’Airbus sur le marché de l’aviation commerciale constitue un atout majeur, notamment face à Boeing. En 2024, le groupe a livré 766 avions, soit 31 de plus que l’année précédente. À l’inverse, Boeing a vu ses livraisons chuter de 180 appareils par rapport à 2023, pour un total de 348 unités.
Parmi les 26 analystes qui suivent l’action, 19 recommandent l’achat. Le bénéfice par action, qui s’élevait à 5,05 euros en 2024, devrait atteindre 9,60 euros d’ici 2027, selon les prévisions.
4) Safran
Capitalisation boursière : 108,70 milliards d’euros
Bénéfice par action ajusté (BPA) : 7,29 euros
Ratio cours/bénéfice (PER) : /
Safran est l’un des principaux fournisseurs mondiaux de moteurs et de sous-systèmes aéronautiques. Le groupe est né en 2005 de la fusion entre Snecma, fabricant de moteurs d’avions, et Sagem, spécialisé dans les systèmes électroniques de défense.
Sur le segment civil, Safran est un acteur clé via sa coentreprise avec General Electric pour la production de la gamme de moteurs CFM, qui équipe une large part des avions commerciaux, notamment le Boeing 737 et les appareils de la famille Airbus A320.
Dans le secteur de la défense, Safran conçoit – souvent en coopération internationale – des moteurs pour hélicoptères, drones et avions de combat, ainsi que divers composants stratégiques. Le groupe fournit notamment le moteur principal du Dassault Rafale, ainsi que les roues et les systèmes de freinage du Lockheed Martin F-35.
L’évolution financière de Safran est étroitement liée à celle des grands acteurs de l’aéronautique civile et militaire, mais aussi à la conjoncture économique du transport aérien commercial, qui demeure son principal marché. Une baisse de la demande en moteurs, pièces détachées et services de maintenance peut donc peser sur ses résultats annuels.
En 2024, le bénéfice par action s’élevait à 7,29 euros. Selon les prévisions de Bloomberg, ce chiffre devrait croître pour atteindre 11,17 euros en 2028. Sur le plan boursier, Safran a connu une progression plus modérée en 2025, avec une hausse de 19,73 % du cours de l’action.
5) Exail Technologies
Capitalisation boursière : 532,33 millions d’euros
Bénéfice par action ajusté (EPS) : 0,07 euro
Ratio cours/bénéfice (PER) : /
Exail est le nom de la société fusionnée en 2022, née de l’union des entreprises françaises ECA Group et iXblue. Depuis 1936, ECA Group s’est spécialisée dans l’automatisation industrielle et les systèmes robotiques, avant de se concentrer sur les systèmes sous-marins autonomes et télécommandés pour les industries de la défense et de l’offshore. iXblue, quant à elle, était réputée pour ses systèmes de navigation, ses photonique (transmission de signaux optiques), sa robotique maritime et la construction de véhicules sans pilote.
Exail joue un rôle essentiel dans la développement et la fourniture de drones autonomes pour des missions de démolition de mines et d’opérations sous-marines. Elle fournit également des bateaux sans équipage utilisés pour la sécurisation des ports, ainsi que pour l’inspection et la maintenance des infrastructures sous-marines. Ses systèmes de navigation sont utilisés dans les navires, sous-marins, drones sous-marins, ainsi que dans les avions.
Avec l’augmentation des tensions géopolitiques, notamment en mer, où des navires ennemis sont régulièrement interceptés, la nécessité de sécuriser les lignes de transport maritime critiques devient de plus en plus évidente. Il y a également un intérêt croissant pour les systèmes sans pilote afin de sécuriser les zones côtières et les infrastructures maritimes, en particulier pour les missions de déminage.
Bien qu’Exail soit une entreprise relativement petite, elle se trouve en concurrence avec des acteurs de taille supérieure dans l’industrie de la défense, tels que Saab (Kockums), Thales et Leonardo, notamment dans le domaine des drones. Toutefois, son action a progressé de plus de 67 % depuis le début de l’année. Le bénéfice par action d’Exail était de 0,07 euro en 2024, et selon les prévisions, il devrait augmenter pour atteindre 1,70 euro d’ici 2026.
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