Umicore: digérer la pénurie de semi-conducteurs
Grand fournisseur de l’industrie automobile, Umicore n’échappe pas à la pénurie de semi-conducteurs qui touche, plus longuement et plus durement que prévu, la production des voitures classiques et électriques. Maintes chaînes sont à l’arrêt, ce qui affecte les trois divisions du groupe.
Il n’est jamais agréable, pour un CEO, d’entamer son mandat par un avertissement sur bénéfices. C’est pourtant ce qui vient d’arriver à Mathias Miedrich: au lieu du bénéfice opérationnel d’un peu plus d’un milliard d’euros annoncé, les actionnaires devront se contenter cette année d’un montant de près d’un milliard d’euros. Cela reste excellent, mais les ajustements à la baisse du bénéfice opérationnel entraînent rarement des hausses de cours.
Grand fournisseur de l’industrie automobile, Umicore n’échappe pas à la pénurie de semi-conducteurs qui touche, plus longuement et plus durement que prévu, la production des voitures classiques et électriques. Maintes chaînes sont à l’arrêt, ce qui affecte les trois divisions du groupe. Cela n’a toutefois rien d’une surprise: il était, cet été déjà, clair que l’entreprise belge surfait sur une vague cyclique à laquelle les problèmes du secteur automobile et la baisse des prix – affolants – atteints par plusieurs métaux précieux, allaient faire perdre de son élan. Le recyclage, notamment, doit faire face au recul des cours de métaux comme le rhodium et le palladium, qu’explique la diminution de la demande côté automobile. Les bénéfices prévisionnels reposaient sur l’hypothèse d’un maintien, jusqu’à la fin de l’année, des prix atteints pendant l’été. Le résultat annuel de cette division restera exceptionnel, mais le bénéfice opérationnel de 616 millions d’euros escompté ne sera pas tout à fait atteint.
Le ralentissement de la production de voitures électriques pèse également sur la demande de matériaux destinés à la fabrication des batteries. Umicore estime que la pénurie de semi-conducteurs obérera la production de véhicules électriques pendant une bonne partie de 2022 encore. Elle a donc reporté au 2e trimestre de 2022 l’inauguration de son usine de matériaux cathodiques en Pologne; dans l’intervalle, elle dessert le marché européen à partir de son usine coréenne. Ce report pourrait avoir des conséquences sur les ventes de matériaux cathodiques en 2022 également. Tesla a annoncé le mois dernier vouloir passer à la batterie LFP, ce qui a, logiquement, inquiété les investisseurs. Umicore ne considère toutefois pas cette technologie comme une menace pour la demande de matériaux qui entrent dans la composition des batteries NMC, plus performantes, notamment en termes d’autonomie. Les bénéfices opérationnels de la division Energy & Surface Technologies se maintiennent cette année, car la baisse des ventes de matériaux pour batteries est compensée par des résultats meilleurs que prévu des produits chimiques à base de cobalt et de nickel, dont la demande et les prix restent élevés. Le pôle Catalyseurs est bien entendu tributaire de la production automobile, ce qui ne l’empêche pas de confirmer la multiplication par deux, à 330 millions d’euros, de son bénéfice opérationnel. Umicore fait mieux que le secteur automobile, grâce notamment à sa part croissante dans le marché des catalyseurs pour voitures à essence, en particulier en Europe et en Chine.
Conclusion
Le léger avertissement sur bénéfices n’a pas fait l’effet d’un coup de tonnerre – la correction des prix des métaux précieux était dans l’air depuis l’été. Les ventes de matériaux pour batteries ont souffert plus que prévu des difficultés rencontrées par la production automobile. La valorisation, à un ratio cours/bénéfice de 18, est correcte. Il faudra probablement un certain temps pour que le secteur automobile retrouve son rythme de croisière. Nous conseillons toujours de conserver le titre.
Conseil: conserver/attendre
Risque: moyen
Rating: 2B
Cours: 49,01 euros
Ticker: UMI
Code ISIN: BE0974320526
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 12,3 milliards EUR
C/B 2020: 30
C/B attendu 2021: 18
Perf. cours sur 12 mois: +44%
Perf. cours depuis le 01/01: +25%
Rendement du dividende: 1,6%
Actions belges
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