Possible sortie de Bourse de Sioen
L’annonce a surpris. La famille Sioen serait, au travers de son holding Sihold, disposée à mettre 23 euros par action sur la table pour pouvoir acquérir les 95% de titres (elle en détient actuellement 65%) nécessaires pour demander la radiation.
La société Sioen était entrée en Bourse en octobre 1996, au cours de 3,47 euros par action (résultat de la conversion du franc belge en euro, et compte tenu d’une scission par 10 de l’action). Dès 1999, le cours avait atteint un sommet, à 45,4 euros. La crise bancaire l’avait ramené à son niveau initial, après quoi il était passé, entre 2012 et 2017, de 5 à 33 euros environ. La crise sanitaire l’a fait tomber nettement. La famille est pour l’heure bien davantage en phase de consultation et de réflexion qu’au stade d’un retrait à proprement parler. Quitter la cotation lui coûterait quelque 160 millions d’euros, qu’il lui faudrait évidemment financer. Rien n’est donc encore fait mais il est clair que si la décision devait tomber, elle fragiliserait une offre (industrielle) déjà très anémiée sur Euronext Bruxelles.
Nous n’accepterions l’offre qu’à partir de 25,75 euros.
Doté d’un profil unique, le spécialiste flamand des textiles techniques est en effet un des rares fleurons industriels cotés chez nous. Il est expert en enduction, traitement qui consiste à appliquer un revêtement de protection sur un substrat. Unique acteur entièrement intégré du secteur, c’est aussi lui qui en aligne les marges les plus élevées. L’entreprise s’articule autour de trois divisions: Enduction (filature, tissage et enduction; 67% du chiffre d’affaires), qui a acquis en décembre dernier Dickson Saint Clair; Chimie (production de pâtes, de vernis et d’encres industriels, 8% du chiffre d’affaires); et Confection (vêtements techniques; 25%). Il est numéro 1 mondial dans le segment des bâches pour camions et des tissus pour voiles, et un des acteurs majeurs dans celui des combinaisons de plongée professionnelles.
Malgré la commande de six millions de filtres à glisser dans les masques buccaux passée par l’Etat belge, Sioen a souffert de la pandémie au premier semestre. Il a achevé la période sur un chiffre d’affaires de 250,5 millions d’euros, en baisse de 5,4% en glissement annuel (264,7 millions un an plus tôt) – rien de dramatique à première vue, mais il faut se souvenir que ce résultat inclut le chiffre d’affaires des marques récemment reprises et qu’à périmètre comparable, les ventes chutent de 12,2%. Le net ralentissement de l’activité polymères (extraits de pétrole, matière première pour Sioen) et une stricte politique de maîtrise des coûts ont toutefois permis d’améliorer la rentabilité du groupe. La baisse du cash-flow opérationnel récurrent (Rebitda) n’a pas dépassé 0,5% (de 31,4 à 31,25 millions d’euros).
Conclusion
Si une offre à 23 euros par action devait être émise, nous recommanderions de ne pas y souscrire. Ce montant peut sembler raisonnable sur fond de grave crise économique mais considéré sur l’ensemble des cycles, il est insuffisant – d’autant que nous estimons que la robustesse de son bilan et la position unique que lui assure son intégration verticale mettent le groupe en mesure de dégager des marges d’Ebitda (cash-flow opérationnel) à deux chiffres, même dans la conjoncture actuelle. N’oublions pas enfin que Sioen a ces dernières années procédé à plusieurs rachats résolument tournés vers l’avenir, qui seront plus rentables encore après la crise. Nous abaissons notre conseil. Nous n’accepterions l’offre qu’à partir de 25,75 euros.
Conseil: conserver/attendre
Risque: moyen
Rating: 2B
Cours: 22 euros
Ticker: SIOE BB
Code ISIN: BE0003743573
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 436 millions EUR
C/B 2019: 15
C/B attendu 2020: 21,5
Perf. cours sur 12 mois: +1%
Perf. cours depuis le 01/01: -2%
Rendement du dividende: –
Actions belges
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