Ontex, bientôt américaine?
Esther Berrozpe s’efforce de remettre sur les rails une Ontex prise entre l’envolée des prix des matières premières et le manque à gagner dû aux problèmes d’approvisionnement. La direction a confirmé l’existence de discussions exploratoires avec American Industrial Partners, dont une offre avait été rejetée en 2018; gageons toutefois que GBL ne voudra pas commettre la même erreur.
Début mars, juste après la publication des résultats annuels, la rumeur a laissé entendre que le Groupe Bruxelles Lambert (GBL), son actionnaire de référence, envisageait de faire offre sur Ontex, dont le cours s’était effondré. Mais l’on n’a plus entendu parler de rien depuis, pas même lors de la publication des chiffres annuels du holding.
Le producteur de solutions d’hygiène personnelle pour bébés (couches), femmes (tampons) et personnes âgées (incontinence) souffre cruellement des problèmes d’approvisionnement et de l’explosion des prix des matières premières, qui ont encore affaibli ses finances au cours de l’année écoulée. Sa dette financière nette s’élevait au 31 mars à 833 millions d’euros, en hausse de plus de 100 millions en trois mois; soit, également, 5,7 fois le ratio dette financière nette/cash-flow opérationnel (Rebitda) récurrent (hors éléments exceptionnels), ce qui est très élevé (4,2 fois, fin 2021).
La veille de la publication des résultats trimestriels, la direction a confirmé l’existence de discussions exploratoires avec American Industrial Partners (AIP), propriétaire d’Attindas, active dans le même secteur. Dans l’intervalle, Esther Berrozpe, sa CEO, s’efforce de remettre sur les rails une Ontex prise dans une tempête parfaite (envolée des prix des matières premières et autres, manque à gagner dû aux problèmes d’approvisionnement). Pour mettre le “nouvel Ontex” en mesure d’afficher une marge d’Ebitda (cash-flow opérationnel/chiffre d’affaires) de 12,5-13,5%, les initiatives de la direction précédente sont totalement abandonnées: retour, donc, aux marques de distributeur, et concentration sur l’Europe et l’Amérique du Nord exclusivement (même si la conjoncture n’a pas encore permis au groupe de se défaire de ses filiales latino-américaines).
Ontex a par ailleurs éprouvé des difficultés à augmenter ses prix sur ses marchés principaux au premier trimestre (+2% seulement), un phénomène qu’a toutefois entièrement compensé la croissance des volumes (+11%). Son chiffre d’affaires (CA) sur ces marchés est par conséquent passé de 339,9 à 384,7 millions d’euros (consensus: 352,4 millions). Le CA consolidé a bondi de 479,7 à 553,4 millions d’euros (502 millions). En dehors de ses marchés stratégiques, Ontex a pu augmenter ses étiquettes de 7% en moyenne – comme la concurrence. Quant à la croissance des volumes, elle est due à quelques innovations bien accueillies par les clients. Malgré les réductions de coûts (qui seront supérieures aux 60 millions d’euros nets annoncés pour l’exercice) et donc, la croissance inattendue du CA, la marge d’Ebitda a chuté plus violemment que prévu: plus importante encore qu’escompté, l’envolée des coûts l’a fait tomber de 10,3% à 4,5%, très loin, donc, de l’objectif (consensus: 4,8%). L’Ebitda ajusté est en effet passé de 49,6 à 24,7 millions d’euros en glissement annuel.
Conclusion
Les marchés ont évidemment bien réagi aux rumeurs de fusion avec une entreprise américaine, même si aucun accord n’est encore sur la table et si les négociations pourraient parfaitement échouer. Rappelons qu’en 2018, Ontex avait rejeté une offre de PAI, mais sans doute GBL ne voudra-t-il pas commettre la même erreur. Nul ne sait à quelles conditions la fusion/acquisition s’opérerait, mais il est peu probable que ce soit à un cours inférieur au cours actuel. Dans ce contexte, nous continuons à recommander d’acheter et espérons que si aucune transaction ne voit le jour, les ventes d’actifs non stratégiques permettront d’éviter une augmentation de capital.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 7,64 euros
Ticker: ONTEX BB
Code ISIN: BE0974276082
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 629 millions EUR
C/B 2021: –
C/B attendu 2022: –
Perf. cours sur 12 mois: -30%
Perf. cours depuis le 01/01: +9%
Rendement du dividende: –
Actions belges
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