Mithra: besoin de financement mal accueilli
L’association avec Mayne Pharma pour la commercialisation d’Estelle outre-Atlantique reste source d’incertitudes. Même si l’idée n’a jamais été de faire de Myring le premier générique à être commercialisé, le fait qu’un concurrent ait mis dès décembre une variante générique de Nuvaring sur le marché, est ennuyeux.
Le marché n’a pas apprécié l’annonce selon laquelle Mithra étudiait diverses possibilités de financement. Le fait que l’émission d’actions soit une des pistes envisagées est particulièrement mal passé. L’octroi de licences pour d’autres applications éventuelles avec l’E4, toujours en phase de développement préclinique, est une possibilité également.
La trésorerie de Mithra s’élevait fin décembre à 49,7 millions d’euros (-27,8 millions d’euros depuis le 30 juin). Pour le spécialiste liégeois de la santé féminine, 2020 sera une année de transition puisque les paiements d’étape seront relativement limités alors que les coûts de développement demeureront élevés. L’Agence européenne des médicaments a récemment accepté le dépôt de la demande de Gedeon Richter (Ceres Pharma, pour la Belgique et le Luxembourg), qui pourrait donc être approuvée dès le 1er trimestre de 2021. Aux Etats-Unis, Mayne Pharma soumettra son dossier au 2e trimestre. L’association, signée l’an dernier, entre l’australien et Mithra pour la commercialisation du contraceptif Estelle outre-Atlantique, reste source d’incertitudes – Mayne Pharma, initialement spécialisé dans les génériques, une activité qui justement s’essouffle, dispose d’une assise financière limitée. D’un montant de 290 millions de dollars australiens fin décembre, son endettement net (2,5 fois le cash-flow opérationnel [Ebitda]) se situait encore dans les limites des clauses bancaires revues (3,5 fois l’Ebitda) mais compte tenu du repli de son Ebitda, sa marge de manoeuvre est désormais restreinte.
Depuis le bref rebond qui a suivi l’annonce de l’accord avec Mithra, en juillet, l’action a plongé de plus de 65%. Reste donc à savoir si Mayne Pharma pourra investir suffisamment dans la commercialisation. Deux études de phase III avec le Donesta, le deuxième blockbuster potentiel basé sur l’E4, ont été entamées au 4e trimestre. L’objectif est de finaliser le recrutement cette année encore, et d’obtenir des résultats fin 2021-début 2022. En janvier 2019, Mithra avait annoncé que le PeriNesta constituait une troisième application potentielle de l’E4 pour combiner contraceptif et traitement des bouffées de chaleur pendant la périménopause (période de trois ans avant à un an après le dernier cycle menstruel). Il espérait démarrer une étude clinique à un stade avancé dès 2019, mais les discussions avec les autorités sur le programme de développement s’éternisent. La firme table désormais sur 2020, pour une approbation en 2023. La demande d’approbation de Myring, l’anneau vaginal générique de Nuvaring, a été soumise par Mayne Pharma aux Etats-Unis au 4e trimestre. Mithra espère décrocher un agrément au 2e semestre de cette année. Pendant que le belge perdait un an à satisfaire aux demandes de l’agence américaine du médicament (FDA), qui avait exigé, fin 2018, des données supplémentaires et un nouveau lot de production, un concurrent développait une variante générique de Nuvaring, qu’il mettait sur le marché en décembre dernier; c’est ennuyeux, même si l’idée n’a jamais été de faire de Myring le premier générique à être commercialisé.
Conclusion
L’action a été sanctionnée à l’annonce d’une possible augmentation de capital et, bien sûr, du fait des difficultés qui affectent les marchés. Une grande partie du succès commercial d’Estelle et de Myring dépend étroitement de Mayne Pharma, financièrement vulnérable. Malgré la forte baisse du cours, nous attendons donc d’en savoir plus. Nous conservons toutefois ce qu’il reste de la position en portefeuille modèle.
Conseil: conserver/attendre
Risque: élevé
Rating: 2C
Cours: 18,85 euros
Ticker: MITRA BB
Code ISIN: BE0974283153
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 737,7 millions EUR
C/B 2019: –
C/B attendu 2020: –
Perf. cours sur 12 mois: -31%
Perf. cours depuis le 01/01: -29%
Rendement du dividende: –
Actions belges
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