Les ratés de la machine à cash-flows bpost
L’action a perdu la moitié de sa valeur depuis le début de 2018. Avec quelques autres, bpost a fait chuter le Bel 20. Durant une semaine, c’est chaque jour sur l’une de ces sociétés à la traîne que nous nous penchons: y a-t-il une chance qu’elle se reprenne, et quand?
La stratégie que l’entreprise a choisi de mener, censée garantir une augmentation des cash-flows, une amélioration des résultats et la distribution de dividendes, ne porte pas ses fruits.
Toujours plus rapide, le déclin du trafic postal traditionnel, pour l’heure l’activité principale et la plus rentable de l’entreprise, pèse énormément sur les bénéfices. L’an dernier encore, bpost avait limité les dégâts grâce à sa maîtrise scrupuleuse des coûts. Mais alors que cette discipline budgétaire est plus indispensable que jamais, l’entreprise les voit exploser, notamment en raison d’un absentéisme accru. Et bien que l’on observe une nette croissance des volumes de colis distribués, la hausse des coûts que celle-ci induit et la concurrence, intense, réduisent la contribution aux bénéfices de cette activité.
bpost a choisi de mettre au travail ses excédents de liquidités en achetant du bénéfice (lire: par le biais d’acquisitions). Jusqu’à présent, ce n’est, pour l’entreprise, manifestement pas la recette du succès. Pour acquérir Radial, bpost avait déboursé 700 millions d’euros. Or les performances de cette entreprise américaine fournissant des solutions de logistique dédiées à l’e-commerce sont très en deçà des attentes. Passe encore que les cash-flows d’exploitation (Ebitda) reculent. Mais le plus dur à accepter, pour les actionnaires, est que le marché ne considère déjà plus bpost comme un acteur spécialisé dans la logistique prometteur. Il ne voit en elle qu’une entreprise postale classique en train d’assister à la contraction de son coeur d’activité.
Le redressement des résultats et du cours risque d’être lent. Cette année comme la suivante s’annoncent en effet comme des exercices de transition. D’ailleurs, durant les quatre prochains (de 2019 à 2022), la direction de bpost s’attend à un bénéfice d’exploitation annuel compris entre 390 et 400 millions d’euros alors que pour l’exercice courant, la fourchette prévisionnelle est de 400-440 millions. Dans le segment du trafic postal traditionnel, le recul devrait s’accélérer, à 9% par an; le profil de risque de l’entreprise s’en verra encore dégradé. Seuls un contrôle strict des coûts et l’acquisition d’entreprises contribuant significativement aux résultats pourront compenser le repli. Radial est certes censée livrer 100 à 120 millions de dollars de bénéfices d’ici à 2022, mais certains se demandent si l’ambition est réaliste. En tout cas, la direction se fait fort de maintenir le dividende.
Le cours de bpost est descendu sous le prix d’introduction. Le tableau n’est pas complètement noir, cela dit, les actionnaires de la première heure ayant, eux, déjà perçu de généreux dividendes. L’effondrement du cours a ramené le rapport cours/bénéfice à 9, et la valeur de bpost représente moins de six fois l’Ebitda. Mais le rendement du dividende est de plus de 9%. Et si l’on tient compte du fait que, comme l’a pronostiqué la direction, les résultats se stabiliseront, la valorisation est très attrayante. Cependant, l’entreprise doit regagner la confiance des investisseurs et voir son profil de risque se réduire: un travail de longue haleine l’attend donc pour que l’action s’apprécie à nouveau.
Conseil : conserver
Risque : moyen
Rating : 2B
Cours : 14,2 euros
Ticker : BPOST
Code ISIN : BE0974268972
Devise : euro
Marché : Euronext Bruxelles
Capit. boursière : 2,9 milliards EUR
C/B 2017 : 15
C/B attendu 2018 : 9
PERF. du cours sur 12 mois : -33 %
PERF. du cours depuis le 01/01 : -44 %
Rendement du dividende : 9,2 %
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