L’erreur de jugement d’Umicore

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Umicore mise depuis longtemps sur la mauvaise technologie de batterie. Il va pouvoir rectifier le tir, mais cela prendra du temps.

A brève échéance, les perspectives d’Umicore sont peu encourageantes. L’activité matériaux pour batteries n’apportant pas la contribution à laquelle les investisseurs s’attendaient, les bénéfices devraient diminuer cette année et l’an prochain. Force a en effet été d’admettre, fin 2021, qu’Umicore a toujours parié sur la mauvaise technologie. Corriger le tir sera une opération coûteuse, qui retardera d’au moins deux ans la croissance de ce pôle; même ensuite, l’ampleur des bénéfices reste incertaine. Compte tenu du recul des bénéfices et de l’effondrement de la confiance et malgré la sévère correction subie par le cours, le groupe, avec un ratio cours/bénéfice de 15 et une valeur de l’entreprise (EV) de 9 fois le cash-flow opérationnel, peut être considéré comme correctement valorisé. Il va lui falloir du temps pour remonter la pente.

Les doutes sont nés en octobre, quand Mathias Miedrich a dû faire ses débuts au poste de CEO en lançant un avertissement sur bénéfice – au lieu de le dépasser, le bénéfice opérationnel approcherait le milliard d’euros seulement en 2021. Une des raisons invoquées est le ralentissement de la demande de matériaux pour batteries, qui lui-même résulte de l’effondrement de la production de voitures électriques pour cause de pénurie de puces dans le secteur automobile. En réponse, Umicore a reporté l’ouverture de son usine polonaise au deuxième trimestre de 2022. La division Batteries n’en a pas moins achevé l’exercice sur un bénéfice satisfaisant, grâce aux produits chimiques à base de cobalt et de nickel, toujours très demandés et donc, onéreux.

Contre toute attente, Umicore a fait savoir début décembre que la croissance des bénéfices de la division Batteries serait cette année et l’an prochain inférieure aux prévisions, en raison de la contraction des volumes de vente, des investissements dans l’expansion et de la hausse des dépenses de recherche et développement. Le groupe a reconnu avoir parié sur le mauvais cheval: il est spécialisé dans les cathodes à teneur moyenne en nickel, alors que le segment supérieur du marché opte plus rapidement que prévu pour des teneurs plus élevées, garantes de davantage d’autonomie. La clientèle d’Umicore ayant réduit ses achats au minimum, les volumes ne peuvent que décroître.

La division n’est pas condamnée pour autant. L’annonce de la création avec Volkswagen d’une joint-venture qui livrera des matériaux pour batteries au constructeur allemand à partir de 2025, a fait passer la pilule de l’avertissement sur bénéfice. La capacité de production, de 20 gigawattheures (GWh) initialement, devrait passer à 160 GWh d’ici à 2030, ce qui permettrait d’alimenter 2,2 millions de voitures électriques par an. Si les volumes sont importants, le potentiel de bénéfice n’est pas encore clair. Umicore entend fournir d’autres clients encore. Il affirme que le partenariat avec Volkswagen renforcera sa position concurrentielle et lui permettra de bénéficier pleinement, à moyenne échéance, de la croissance “extrêmement” élevée escomptée des matériaux pour batteries équipant les voitures électriques, tout en alignant des marges et des rendements attrayants.

Conclusion

Umicore a mal évalué le marché des matériaux pour batteries, ce qui pèse sur ses perspectives bénéficiaires pour cette année et l’an prochain. Il va pouvoir corriger l’erreur, comme en témoigne l’accord avec Volkswagen, mais le cours n’en tirera aucun profit immédiat. Malgré la sévère correction, la valorisation est, au vu de ces perspectives difficiles, correcte. Nous recommandons toujours de conserver.

Conseil: conserver

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 35,88

Ticker: UMI

Code ISIN: BE0974320526

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 8,8 milliards EUR

C/B 2021: 18

C/B attendu 2022: 15

Perf. cours sur 12 mois: -23%

Perf. cours depuis le 01/01: +1%

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