Le tuyau de la semaine : Rogers Communications

© Getty Images

Faiblement valorisé du fait de son endettement élevé, le premier opérateur télécom canadien profite de la stabilité du marché et de son abondant cash-flow disponible et a plusieurs leviers de croissance et d’amélioration de la rentabilité.

Plus important opérateur télécom du Canada, Rogers Communications compte plus de 11 millions d’abonnés (33 % du marché canadien) et fournit des services de téléphonie mobile (un peu plus de 50 % de son chiffre d’affaires, ou CA) et un accès câblé à Internet, à la téléphonie fixe et à la télévision (35 % du CA). En outre, le groupe possède des chaînes de télévisions et de radio ainsi que des participations dans plusieurs clubs sportifs de la région de Toronto, qui valent près de 1 milliard de dollars.
Trois opérateurs se divisent le marché canadien des télécommunications. Longtemps pénalisé par son réseau de moindre qualité que celui de BCE et Telus, Rogers a lourdement investi pour rattraper son retard. La concentration du marché permet des économies d’échelle pour les acteurs existants et constitue une barrière pour les nouveaux entrants, contraints de casser les prix pour gagner des parts de marché. Tant que les opérateurs historiques se contentent du statu quo, ils peuvent générer des marges relativement élevées sur la téléphonie mobile et le câble.
L’acquisition stratégique de son concurrent Shaw, en 2023, a permis à Rogers d’asseoir son positionnement. Si l’intégration aura un effet bénéfique sur les marges à long terme, elle se traduit pour l’instant plutôt par des investissements supplémentaires, notamment pour mettre à niveau le réseau et éviter la perte de clientèle. Les investissements ont ainsi augmenté de 22 % entre le quatrième trimestre de 2022 et celui de 2023, à 946 millions de dollars canadiens (CAD). Le besoin d’investissements devrait diminuer à partir de 2025.
Rogers tablait initialement sur 1 milliard CAD d’économies annuelles dans le cadre du rachat et avait déjà réalisé 75 % de l’objectif avec six mois d’avance. L’endettement a toutefois augmenté : fin 2023, le ratio dette financière totale / cash-flow d’exploitation (Ebitda) était de 4,7. Le cash-flow disponible et la vente de participations permettront d’alléger l’endettement. La vente de Cogeco a déjà rapporté plus de 800 millions CAD et celle du club de baseball Toronto Blue Jays pourrait, selon Forbes, générer 1,8 milliard de CAD (Rogers en valant 21 milliards au total). Fin 2024, le ratio d’endettement devrait être retombé à 4. 

L’acquisition de Shaw compliquant la comparaison entre 2022 et 2023, nous nous concentrons sur les perspectives. Rogers table sur une hausse de 8 à 10 % du CA et de 12 à 15 % de l’Ebitda en 2024. Après les investissements (4 milliards CAD), le cash-flow disponible serait de 3 milliards CAD, soit 25 % de plus qu’en 2023.
Les analystes sont moins enthousiastes pour 2025 et escomptent une hausse de 6 % du bénéfice par action, qui devrait ensuite accélérer, à 10 %, soit 7,37 CAD en 2028 (4,49 CAD en 2023). Le ratio cours/bénéfice passerait ainsi de près de 12 en 2023 à plus de 7 en 2028. L’objectif de cours moyen fixé par le consensus se situe 40 % au-dessus du cours actuel. La valorisation est donc peu élevée pour une entreprise qui pourrait, à terme, voir ses bénéfices augmenter de 10 %.

Conclusion

La faible valorisation trouve en partie sa source dans l’important endettement, qui fragilise le groupe. L’arrivée d’un nouveau concurrent, si le gouvernement ouvre le réseau, constitue un risque supplémentaire. Ces défis se reflètent toutefois déjà dans le cours.

Rogers profite de la stabilité du marché et de son abondant cash-flow disponible et a plusieurs leviers de croissance et d’amélioration de la rentabilité, notamment par la vente de services supplémentaires aux clients de Shaw.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 37,54 dollars

Ticker : RCI US

Code ISIN : CA7751092007

Marché : NYSE

Capit. boursière : 20,15 milliards USD

C/B 2023 : 12

C/B attendu 2024 : 11

Perf. cours sur 12 mois : -21 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -20 %

Rendement du dividende : 3,9 %

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content