La crise turque enfonce Deceuninck
Le CEO Francis Van Eeckhout insiste néanmoins sur le potentiel à long terme de la Turquie et sur ses atouts pour les marchés exportateurs.
Sans surprise, la situation turque obère les résultats semestriels de Deceuninck. La crise, qui a éclaté il y a un an maintenant, avait déjà pesé sur le chiffre d’affaires (CA) du 2e semestre de 2018. Mais les retombées sont désormais bien plus importantes encore et il ne fait aucun doute que les résultats du 2e semestre en souffriront eux aussi. Le concepteur et producteur belge de systèmes en PVC pour fenêtres et portes est actif sur le marché turc via sa filiale (95,9%) Ege Profil Ticaret ve Sanayi AS, cotée à Istanbul.
La récession en Turquie a de lourdes répercussions sur le secteur de la construction. Le nombre de permis de bâtir s’est effondré et l’on estime que les volumes de ventes de fenêtres ont diminué de moitié au 1er semestre (-36,5% pour Deceuninck, qui gagne donc des parts de marché, sans avoir de quoi être satisfait). Le CEO et actionnaire de référence Francis Van Eeckhout est déçu par les résultats turcs mais aussi, nord-américains. Il n’en continue pas moins d’insister sur le potentiel à long terme de la Turquie et sur ses atouts pour les marchés exportateurs. Il ne cesse d’ailleurs d’étoffer sa position, puisqu’il détient désormais, par l’intermédiaire des sociétés Gramo et Holve, 29% environ des titres Deceuninck.
L’annonce de la perte nette de 1,2 million d’euros au 1er semestre a fait plonger le cours en direction du plancher déjà atteint fin 2018. Le CA a cédé 8,5% (de 341,5 à 312,5 millions d’euros). Le cash-flow opérationnel (Ebitda) comparable (hors effets de la norme IFRS 16 relative aux contrats de location) a par conséquent chuté de 30,7%, à 25,3 millions d’euros, entraînant le passage de 10,7 à 8,3% de la marge d’Ebitda. Les activités turques ont représenté l’an dernier quelque 30% du CA du groupe. C’est là que se concentre l’essentiel de la perte (30,4 millions d’euros, Turquie et marchés émergents confondus), malgré les 20% de croissance à mettre au crédit des marchés émergents, dont le poids ne suffit toutefois pas encore à compenser le recul de la Turquie.
Le CA nord-américain a baissé de 3 millions d’euros, à cause de la perte d’un client important et des rigueurs de l’hiver. L’Europe (occidentale et de l’Est) a tenu le cap (+0,3 million de CA), non sans difficultés, mais le CEO n’est pas mécontent – la Turquie et les marchés émergents (-11,8 millions d’euros) sont en effet les uniques responsables de la chute de l’Ebitda (-11,2 millions) du groupe. Même l’Amérique du Nord est à la peine (-3,1 millions), alors que l’Europe, grâce à sa politique de rationalisation (une seule marque, et une nette diminution du nombre de plateformes de production), s’est distinguée (+2,8 millions). L’usine de recyclage de Dixmude augmente peu à peu sa production. Elle ne tourne toujours qu’à 30-40% de ses capacités, mais sa contribution à l’amélioration des marges est déjà tangible.
Le CEO vise à terme une marge de Rebitda de 15%, ce qui est trop ambitieux, du moins pour 2019. Le groupe espère également améliorer sa rentabilité. Il sème beaucoup mais vu la conjoncture, il ne récoltera pas avant un bon moment.
Conclusion
L’action a chuté. A à peine sa valeur comptable (1,85 euro par action) et un rapport valeur de l’entreprise (EV)/Ebitda proche de 7 pour 2019, elle ne reflète absolument pas le potentiel de gain du groupe et la qualité de sa direction. Le titre n’avait plus été aussi bon marché depuis longtemps. Nous avons pris une première position, que nous sommes prêts à doubler. Un plancher semble se former autour de 1,80 euro.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 1,88 euro
Ticker: DECB BB
Code ISIN: BE0003789063
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 257 millions EUR
C/B 2018: 18
C/B attendu 2019: –
Perf. cours sur 12 mois: -16%
Perf. cours depuis le 01/01: -2%
Rendement du dividende: 1,6%
Actions belges
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