La convalescence de bpost est retardée

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Pour bpost aussi, la crise du coronavirus entraîne une amère désillusion: si en février, le groupe postal comptait encore sur un bénéfice d’exploitation de 240 à 270 millions d’euros, la direction ne se risque aujourd’hui plus à aucune estimation pour l’exercice courant. Car cette crise, dont la durée est impossible à déterminer, pèse lourdement sur les résultats.

Au premier trimestre, bien que le Covid-19 n’ait affecté bpost qu’un mois, le bénéfice d’exploitation a reculé de 21%. Le groupe adapte dès lors lui aussi sa politique de dividende et renonce à verser 85% de son bénéfice net. Pour les actionnaires, cela se traduira probablement par une baisse nette du dividende de 0,73 euro en 2019 à 0,30-0,40 euro, par action.

Jusqu’en février, le groupe belge semblait voir la vie en rose. Les résultats étaient même supérieurs aux attentes, car le recul sous-jacent du trafic postal intérieur avait ralenti, à -7,1%. Or, le rythme de cette baisse des volumes a une influence déterminante sur les résultats de bpost, car le trafic postal classique est encore, de loin, la source principale du bénéfice d’exploitation. En raison de la pandémie, les entreprises ont suspendu leurs campagnes publicitaires, alors même que bpost avait, avec succès, multiplié les initiatives pour capter cette manne. Par ailleurs, de nombreux points de vente ont dû fermer.

Le groupe estime que la crise sanitaire a déjà coûté environ 15 millions d’euros de bénéfice d’exploitation à sa division Mail&Retail, outre le recul du résultat net découlant de la baisse des volumes du trafic postal. Le bénéfice trimestriel de la division a diminué de 30%, à 65 millions d’euros. Au deuxième trimestre, le préjudice pourrait être supérieur encore.

La diminution du trafic postal classique n’est toujours pas compensée par une hausse des bénéfices liés aux activités logistiques. Et pourtant, le trafic de colis s’envole, depuis la crise. En mars, les volumes expédiés en Belgique ont augmenté de plus de 25%, et la tendance devrait s’accélérer encore au deuxième trimestre. Mais comme les autres acteurs du secteur de la logistique, bpost peine à convertir cet accroissement du chiffre d’affaires (CA) en une hausse du bénéfice d’exploitation. Car les coûts, plus importants, pèsent sur les marges. Au premier trimestre, la division des colis a contribué au bénéfice d’exploitation consolidé à hauteur de 17 millions d’euros, un chiffre sensiblement proche de celui qu’elle a publié au terme de la même période, l’année dernière.

Le groupe espère que les activités logistiques aux Etats-Unis, avec comme fer de lance sa filiale Radial, contribueront à stabiliser les résultats à terme. Le rachat de l’entreprise américaine, il y a quelques années, n’a pas encore été très fructueux. Cela étant, au premier trimestre, le CA a augmenté de 14%, aux Etats-Unis. Ici aussi, il reste à bpost à convertir cette embellie commerciale en une amélioration du bénéfice.

Sur l’ensemble de l’exercice 2020, le groupe pronostique une marge de 2%; autrement dit, le bénéfice d’exploitation serait d’environ 20 millions d’euros.

Conclusion

La crise donne beaucoup de fil à retordre à bpost. Elle a déjà fait piquer du nez (-21%) le bénéfice d’exploitation au premier trimestre, et l’on peut s’attendre à un recul plus important encore au deuxième trimestre. Aussi l’établissement de prévisions de bénéfice pour l’intégralité de l’exercice 2020 reste-t-il actuellement un exercice bien périlleux. Pour attrayante que semble la valorisation de bpost, compte tenu des incertitudes, nous maintenons notre conseil à “conserver”.

Conseil: conserver

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 6,1 euros

Ticker: BPOST

Code ISIN: BE0974268972

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 1,26 milliard EUR

C/B 2019: 12

C/B attendu 2020: 8

Perf. cours sur 12 mois: -35%

Perf. cours depuis le 01/01: -42%

Rendement du dividende: 6%

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