Kinepolis a des ressources financières suffisantes
2020 est une année catastrophique pour Kinepolis, et 2021 ne sera pas une année normale non plus. Sa position financière est dès lors un point d’attention crucial. Fin septembre, elle n’était pas angoissante.
Pour Eddy Duquenne, le CEO de Kinepolis, c’est un cauchemar: les salles de cinéma ont été contraintes de refermer dans la plupart des pays et pourraient bien ne plus rouvrir cette année. Point de recettes pendant les congés de la Toussaint, et sans doute rien non plus à Noël. Pris de panique, les investisseurs ont fait plonger le cours de l’action sous 20 euros pour la première fois depuis 2013. Kinepolis a donc décidé d’avancer de quelque deux semaines le point relatif au troisième trimestre.
Les taux de fréquentation n’ont, sans surprise, rien de réjouissant. Entre juillet et septembre 2020, Kinepolis a accueilli 7,62 millions de clients de moins que sur la même période de 2019 (2,41 contre 10,03 millions précédemment, une baisse de 75,9%). En d’autres termes, pour quatre visiteurs de l’été 2019, moins d’un s’est rendu au cinéma cette année. L’américain MJR Digital Cinemas (groupe basé dans le Michigan exploitant 10 complexes et 164 salles, dont 7 cinémas et 114 salles en propriété pleine), racheté au quatrième trimestre de 2019, n’a même pu accueillir aucun visiteur au troisième trimestre. Dans les complexes néerlandais, la baisse s’est “limitée” à 58,1% (de 1,19 à 0,50 million de visiteurs); le pays affiche donc la meilleure performance du groupe. La Belgique a connu un plongeon conforme à la moyenne du groupe, à -75,7% (de 2,05 à 0,50 million de visiteurs).
Entre juillet et septembre, le taux de fréquentation des salles a toutefois doublé par rapport à la même période en 2019, grâce à Tenet, la seule superproduction hollywoodienne diffusée sur le grand écran cet été. L’autre blockbuster potentiel, Mulan, a été diffusé directement sur la plateforme de streaming Disney+, sans projection préalable en salle. Le report par Universal de six mois, à avril 2021, de la sortie du 25e James Bond (et dernier avec Daniel Craig), Mourir peut attendre, a généré une onde de choc dans le secteur. Au terme des neuf premiers mois de l’année, le nombre de visiteurs a diminué de 62% (-54 %, sur le premier semestre); seuls 10,55 millions de visiteurs, dont 0,98 million d’Américains supplémentaires du fait de l’acquisition de MJR, se sont rendus au cinéma, contre 27,74 millions l’année dernière.
Dans son point trimestriel, Kinepolis ne communique ni sur le chiffre d’affaires, ni sur le cash-flow opérationnel (Ebitda), ni sur le bénéfice. Au premier semestre, l’Ebitda ajusté avait reculé de 76,6% (de 70,1 à 16,4 millions d’euros), faisant plonger dans le rouge le résultat net, d’un bénéfice net de 18,8 millions d’euros au premier semestre de 2019 à une perte nette de 29,7 millions d’euros. Par action, le chiffre s’établit à -1,10 euro, contre 0,70 euro l’année dernière.
Si le cours s’est envolé, c’est surtout parce que le groupe disposait de 127,3 millions d’euros de liquidités et de crédits disponibles non utilisés fin septembre, un chiffre qui s’établissait à 143,4 millions d’euros fin juin. L’endettement financier net a encore augmenté, de 462,8 millions d’euros mi-2020 à 478,9 millions d’euros fin septembre.
Conclusion
La prochaine échéance importante pour le remboursement de la dette n’est qu’en 2022. Par ailleurs, que Kinepolis soit le propriétaire de la plupart des complexes qu’il exploite rassure également (ventes possibles, avec promesse de location, par exemple). Une augmentation du capital n’est pas non plus à exclure. Nous relevons par conséquent le conseil de neutre à positif.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 20,25 euros
Ticker: KIN BB
Code ISIN: BE0974274061
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 571 millions EUR
C/B 2019: 18
C/B attendu 2020: –
Perf. cours sur 12 mois: -66%
Perf. cours depuis le 01/01: -65%
Rendement du dividende: –
Actions belges
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