Euronav: fusion, à moins que…
La famille Saverys, propriétaire de CMB, le principal actionnaire d’Exmar et fondateur d’Euronav en 1995, tente de faire avorter la proposition de fusion avec le norvégien Frontline. Elle a d’autres projets en tête pour l’entreprise maritime internationale spécialisée dans le transport de pétrole.
Le 7 avril, le spécialiste anversois du transport maritime de produits pétroliers et son concurrent norvégien Frontline ont annoncé leur intention de fusionner. Euronav payerait avant cela un dividende de 12 cents brut par action. La transaction s’opérerait entièrement en actions, les actionnaires d’Euronav recevant 1,45 action Frontline par action Euronav. Euronav détiendrait dès lors 59% et Frontline, 41%, du nouveau groupe. A ce rapport d’échange correspondrait pour Euronav une prime de 18% sur le dernier cours connu avant l’annonce. Depuis l’entrée totalement inattendue dans le capital du magnat du transport maritime John Fredriksen (9,8% des actions en circulation), en octobre, les rumeurs au sujet d’une fusion allaient bon train. Frontline, dont J. Fredriksen est le principal actionnaire (39%), est le plus grand concurrent d’Euronav. Ce n’est pas la première fois que les deux sociétés parlent mariage. Elles collaborent par ailleurs depuis des années au sein du Tankers International Pool, qui gère la location de pétroliers des entreprises participantes sur le marché spot. Le futur groupe opérerait sous le nom de Frontline et serait dirigé par Hugo De Stoop, le CEO d’Euronav. Avec une flotte moderne de 69 VLCC (Very Large Crude Carriers, d’une capacité de 320.000 tonnes, dont 44 appartiennent à Euronav), 57 Suezmax (150.000-165.000 tonnes; 30) et 20 Aframax (de plus petits pétroliers, que détient Frontline), il serait la plus grande compagnie indépendante de transport pétrolier par bateau.
Tout reste toutefois exposé au conditionnel, d’autant qu’au lendemain de l’annonce, la famille Saverys, propriétaire de CMB, le principal actionnaire d’Exmar et fondateur d’Euronav en 1995, a annoncé à la surprise générale vouloir rejeter la proposition. La famille, qui s’était retirée du capital au printemps 2020, disposait à nouveau, mi-février, d’une participation de 6,32% dans Euronav – les achats initiaux remontent à la seconde moitié de septembre 2021, en même temps que ceux de J. Fredriksen. Deux jours avant l’annonce du projet, les Saverys détenaient 13,22% d’Euronav, retrouvant de la sorte leur statut de principal actionnaire. Ils veulent faire de l’armateur un acteur moderne et diversifié des technologies propres, qui réinvestirait les bénéfices de la vente progressive des navires dans l’écologisation et la décarbonation du secteur maritime; ils verseraient à cette fin dans Euronav CMB Tech, filiale de CMB spécialisée dans l’emploi de l’hydrogène dans la navigation et l’industrie.
La famille détient aujourd’hui 14,4% d’Euronav mais pour faire capoter les plans, elle doit avoir le soutien de 25% des voix à l’assemblée générale, ce qui est loin d’être fait. CMB pourrait procéder à de nouveaux achats au cours des semaines qui viennent.
Conclusion
Compte tenu de ce qui se prépare éventuellement et des rachats opérés par les Saverys, le cours d’Euronav est clairement en avance sur le cycle de location des pétroliers, dont les prix sont toujours en dessous de tout. Nous cédons une partie de notre position (125 actions), dans le portefeuille modèle, et attendons, pour le reste, de voir la tournure que prendront les événements. Nous recommandons désormais de conserver/attendre.
Conseil: conserver/attendre
Risque: moyen
Rating: 2B
Cours: 11,60 euros
Ticker: EURN BB
Code ISIN: BE0003816338
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 2,55 milliards EUR
C/B 2021: –
C/B attendu 2022: –
Perf. cours sur 12 mois: +63%
Perf. cours depuis le 01/01: +44%
Rendement du dividende: 0,9%
Actions belges
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