Deceuninck est très bon marché
A l’instar de beaucoup d’autres sociétés, Deceuninck a fait état de chiffres d’affaires plus que satisfaisants mais de marges sous pression (une croissance du bénéfice inférieure à celle du chiffre d’affaires), au cours du premier semestre.
Il convient de préciser, pour pouvoir analyser correctement les chiffres, qu’en Turquie, marché clé du producteur belge de profilés (en PVC surtout) pour fenêtres et portes, l’inflation sur trois ans dépasse 100%. Et que Deceuninck doit dès lors appliquer les règles comptables relatives à l’hyperinflation (IAS29). Celle-ci prise en compte, le chiffre d’affaires (CA) du premier semestre a augmenté de 25,4%, de 404 à 506,8 millions d’euros; si l’on fait abstraction de celle-ci, la croissance est de 21%, à 488,7 millions d’euros, ou 4,4% de mieux qu’attendu en moyenne par les analystes (468,2 millions). La croissance du CA résulte toutefois exclusivement de l’effet prix/mix (+173,4 millions d’euros ou +42, 9%). Les volumes, eux, ont baissé (-24,5 millions d’euros ou -6,1%). La perte de change s’est montée à -64,2 millions d’euros; la livre turque (TRY) n’a cessé de se déprécier. A cause d’elle, la Turquie et les émergents sont les marchés du groupe ayant enregistré la plus faible croissance en euro (+13,1%). L’Amérique du Nord signe le plus joli bond (+31,9%); les volumes y ont peu baissé (-3,8%), le dollar a été très vigoureux (+12,4%) et les prix des produits y ont été relevés (effet prix/mix: +23,4%).
Ajoutons que la progression de 21% du CA n’a entraîné qu’une augmentation de 11,2% du cash-flow opérationnel (Ebitda) ajusté (de 51 à 56,8 millions d’euros). Autrement dit, la marge d’Ebitda (Ebitda/CA) est passée de 12,6% au premier semestre de 2021 à 11,6% un an plus tard. En Europe et en Amérique du Nord, l’inflation des coûts (dont ceux de logistique), surtout, a fait reculer l’Ebitda. Lequel a, sur les marchés turc et émergents, grimpé de 37,4% (+7,3 millions d’euros). Toutefois, le bénéfice net a reculé de 11,4% (de 20,6 à 18,2 millions d’euros) et ce, parce que Deceuninck a, dans ses comptes, ramené à zéro les chiffres relatifs à ses activités en Russie, malgré leur poursuite, certes très faible. Le bénéfice par action (IAS29) a baissé de 0,15 à 0,12 euro. La nette hausse du fonds de roulement, notamment, a accru la dette financière nette, passée de 97 à 121,2 millions d’euros, ou de 0,9 à 1,2 fois l’Ebitda.
Si l’action de Deceuninck a corrigé, c’est en raison des perspectives prudentes de la direction pour le restant de l’année, après le ralentissement de l’activité constaté récemment. N’oublions cependant pas que le Pacte vert pour l’Europe devrait la soutenir. Dans cette perspective, l’action est, à 9 fois les bénéfices attendus, 1,2 fois la valeur comptable et à un ratio attendu EV (valeur de l’entreprise)/Ebitda de 5 au maximum pour 2022, (fortement) sous-évaluée.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 2,35 euros
Ticker: DECB BB
Code ISIN: BE0003789063
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 324,1 millions EUR
C/B 2021: 17
C/B attendu 2022: 9
Perf. cours 12 mois: -42%
Perf. cours depuis le 01/01: -34%
Rendement du dividende: 2,5%
Actions belges
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