Agfa-Gevaert traîne toujours un boulet

La crise sanitaire a accéléré le déclin déjà amorcé dans la division d’impression. Les autres divisions, et notamment le pôle radiologie et le logiciel de gestion d’images médicales, s’en sortent un peu mieux. Attrayante au premier abord, la valorisation masque les engagements de pension (élevés).

Après une année 2019 réjouissante, Agfa-Gevaert a subi de plein fouet la crise sanitaire. Le 3e trimestre a été plus morose que prévu, avec une baisse de 14% des ventes à périmètre comparable et de 19% du bénéfice brut. Les coûts de restructuration sont tels que le groupe a déploré une perte de 25 millions d’euros (76 millions d’euros sur les neuf premiers mois de l’exercice).

Les activités d’impression – et en premier lieu les plaques d’impression, que l’industrie graphique demande de moins en moins depuis 2019 – ont particulièrement souffert. Les prix, déjà mis sous pression par la concurrence avant la crise, sont, confie la direction, devenus insoutenables. La sous-utilisation des capacités entraîne une érosion des marges, si bien que la poursuite de la restructuration de la division s’impose. Cette fois, des usines fermeront au Royaume-Uni et en France. Sur les neuf premiers mois de l’exercice, les ventes de la division ont chuté de 17% et la perte d’exploitation s’est élevée à 21 millions d’euros. La crise sanitaire accélère le déclin de cette “ancienne” activité, qui représente cela dit encore 41% des ventes. L’on peut légitimement se demander combien de temps la société continuera à s’acharner à tenter de sauver les meubles.

La division Digital Print&Chemicals n’a pas non plus échappé à la crise. De nombreuses entreprises ont reporté leurs investissements dans de nouvelles machines d’impression. Le groupe s’affirme toutefois prêt pour la reprise: il a renouvelé sa gamme de produits. Les ventes de la division ont chuté de 20%, mais les marges se sont maintenues.

La demande de systèmes de radiologie, en baisse durant les trois premiers trimestres, les examens non urgents ayant été reportés à partir de la mi-mars, a commencé à se reprendre au quatrième. Dans le pôle de radiographie directe, Agfa a su combiner augmentation de la part de marché et amélioration de la marge. La division revendique 10% des ventes et 32% du bénéfice d’exploitation.

Si le groupe a accusé une baisse de 7% des ventes de son joyau, le logiciel de gestion d’images médicales dans les hôpitaux, c’est parce qu’il a décidé de ne plus servir les clients et pays les moins rentables. Ce faisant, il a donné un coup de fouet aux marges. Sur les neuf premiers mois de l’exercice, ce segment a produit un bénéfice d’exploitation de 14 millions d’euros. Le cash-flow opérationnel devrait y augmenter de 20% l’an, ces prochaines années. Agfa-Gevaert a cédé une partie de cette division en 2020, pour 975 millions d’euros. Le groupe s’est certes ainsi délesté d’une source de bénéfices, mais la transaction a renforcé la position financière; 350 millions seront affectés à la réduction des engagements de pension à moins de 700 millions d’euros, afin de réduire les décaissements liés à ces passifs, de 80 millions aujourd’hui à 50 millions d’euros d’ici à 2026.

Pour 2021, la direction d’Agfa-Gevaert table sur un redressement progressif des résultats. A moyen terme, elle entrevoit même des possibilités de tirer profit de l’évolution du marché après la crise sanitaire.

Conclusion

Le Covid-19 a contraint Agfa à préparer de nouvelles restructurations et à essuyer de lourdes pertes. Une reprise semble cependant s’être amorcée au 4e trimestre. Le groupe traîne toutefois toujours un boulet – les plaques d’impression. La capitalisation boursière de 689 millions d’euros comprend 540 millions de liquidités, mais la valorisation séduit moins si l’on tient compte des engagements de pension. Pas de quoi modifier notre conseil.

Conseil: conserver/attendre

Risque: élevé

Rating: 2C

Cours: 4,01 euros

Ticker: AGE:BB

Code ISIN: BE0003755692

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 689 millions EUR

C/B 2020: –

C/B attendu 2021: 15

Perf. cours sur 12 mois: -13%

Perf. cours depuis le 01/01: +3%

Rendement du dividende: –

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