Wall Street est historiquement cher

Ces derniers temps, nous avons reçu de nombreuses questions de lecteurs s’inquiétant d’une éventuelle correction sensible, voire d’un krach des marchés. Certains nous ont même envoyé des séquences vidéo mettant en scène de prétendus gourous prévoyant de grosses turbulences boursières, parfois même une crise financière profonde. Généralement, quand un krach est annoncé, il ne se produit pas. La situation est bien plus dangereuse lorsque personne ne voit venir l’orage et que tout le monde considère la hausse comme évidente.

Plusieurs éléments peuvent donner le vertige, il est vrai. Il y a plus d’un mois, Wall Street fêtait huit années de hausse continue – le deuxième plus long mouvement positif depuis 1900 qui n’a pas été interrompu par une correction d’au moins 20 %. Aujourd’hui, le marché est haussier depuis 97 mois. Le record, de 98 mois, remonte aux années vingt (1921-1929). Celui-ci pourrait donc bien être pulvérisé avant l’été. Du moins si nous ne sommes pas à la veille d’un sensible repli comme celui qui avait surpris le marché en octobre 1929, après plus de huit années de hausse.

Un autre élément, plus récent, est préoccupant : depuis mars, c’est seulement la troisième fois depuis 1871 que le ratio CAPE se hisse au-delà de 30. CAPE est l’acronyme de ” Cyclically Adjusted Price Earnings ” ou ratio Shiller PE, qui doit son nom au Prix Nobel Robert Shiller. Il s’agit d’un rapport cours/bénéfice adapté au cycle conjoncturel : le ratio considère le bénéfice moyen des dix dernières années au lieu de celui de l’an précédent ou du résultat attendu pour l’année en cours.

Bien au-delà de la moyenne

Les dernières fois que ce ratio a dépassé 30 au cours des 150 années écoulées, c’était en 1929 et en 2000. La seconde fois, il a même atteint un sommet historique de 44,2. La Bourse pourrait donc encore prendre de la hauteur avant que ce niveau soit atteint. Ce qui n’empêche pas qu’à 29,2 actuellement, nous sommes à près du double de la moyenne historique de 16,7. La progression de 250 % de Wall Street en huit ans est nettement plus marquée que la moyenne historique de 136 %.

C’est là une énième confirmation que la hausse boursière est ” mature ” et qu’il est préférable de ne plus investir massivement en actions. Cependant, nous pensons que la Bourse américaine battra bel et bien le record de 98 mois de hausse évoqué plus haut, et que les places européennes pourraient rattraper leur retard sur Wall Street si, à l’instar de Geert Wilders, Marine Le Pen ne remporte pas les élections. À partir de l’été, la donne pourrait changer, et les risques de repli seront alors probablement plus grands.

LE RATIO CAPE AFFICHE PRÈS DU DOUBLE DE SA MOYENNE HISTORIQUE.

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