Une révision diplomatique

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La presse française exulte : le président Emmanuel Macron a obtenu une révision de la directive sur les travailleurs détachés, accusée de favoriser le dumping social. La durée du détachement va passer de 24 à 12 mois, comme il l’avait promis durant sa campagne présidentielle. Avec un salaire brut et des avantages identiques à ceux pratiqués dans le pays du détachement.

Cette directive date de 1996. Avec l’élargissement de l’Union européenne, les écarts salariaux se sont élargis et le détachement entraînait des frictions politiques et sociales grandissantes, notamment en France et en Belgique. La révision était délicate car les pays bénéficiaires n’en voulaient pas. Le compromis final, conclu à Luxembourg par les ministres européens du Travail et des Affaires sociales, n’a rencontré que quatre oppositions : celles de la Pologne, la Hongrie, la Lituanie et la Lettonie. Pour arriver à ce résultat, les négociateurs avaient écarté le secteur du transport de la révision.

La Belgique est l’un des pays de l’Union où les travailleurs détachés sont les plus nombreux : 3,5 % de la population active, contre 0,9 % pour l’ensemble de l’UE (données 2015 – les dernières disponibles – d’Eurostat). La Confédération Construction, très en pointe contre la directive, n’a pas sauté de joie. ” Le fait que l’on présente la proposition actuelle comme une solution au dumping social nous dérange fortement “, a réagi Robert de Mûelenaere, administrateur délégué. Cette fédération estime que la diminution de la durée prévue ne va pas avoir d’effet sur le secteur. Les chantiers ne durent en général pas aussi longtemps. La Confédération avait plaidé pour six mois maximum. Or, la révision de la directive prévoit 12 mois et une possibilité de prolongation de six mois, sur demande motivée. La Confédération Construction estime que le dumping social subsistera, car les cotisations sociales, payées dans le pays des travailleurs détachés, seront souvent moins chères. La commissaire européenne aux Affaires sociales, la Belge Marianne Thyssen, parle, elle, d'” un accord équilibré “.

Robert van Apeldoorn

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