Un week-end à Luxembourg

LE PONT STIERCHEN SUR L'ALZETTE © SYLVIE BRESSON

Familière pour de nombreux épargnants belges et, pourtant, très largement méconnue : la capitale grand-ducale peut se prévaloir de quelques atouts qui justifient largement un petit séjour.

Le point commun entre Luxembourg et Bruxelles ? Il remonte à la fin du 17e siècle : le bombardement par les armées de Louis XIV le guerrier. Le Musée d’Histoire de la Ville de Luxembourg (MHVL) consacre une salle à cet épisode tragique, avec maquette, jeux de lumière et sonorisation. Ironie : après avoir anéanti les défenses de la cité, la France, sous la conduite de l’inévitable marquis de Vauban, en fit une forteresse imprenable dont bénéficia rapidement l’empire des Habsbourg dans son système de défense contre la France. Après le renforcement réalisé par les Autrichiens, Luxembourg fut au 18e siècle considérée comme ” la plus forte place du monde, Gibraltar excepté ” ou encore qualifiée de ” Gibraltar du Nord “. Les fortifications occupaient, il est vrai, pas moins de 177 hectares, contre 127 pour la ville.

Née sur les bords de l’Alzette, la ville s’extirpa de la vallée pour grimper sur le plateau et occuper cette espèce de péninsule dominant le confluent de l’Alzette et de la Pétrusse.

Non, Luxembourg, ce n’est pas que le boulevard Royal et ses banques, le quartier de la gare et ses banques, ou encore le Kirchberg, ses institutions européennes… et ses banques. La capitale grand-ducale est d’abord une cité millénaire, puisque sa fondation remonte officiellement à l’an 963. Née sur les bords de l’Alzette, la ville s’extirpa de la vallée pour grimper sur le plateau et occuper cette espèce de péninsule dominant le confluent de l’Alzette et de la plus modeste Pétrusse. Une véritable forteresse naturelle, qui vaut à la capitale grand-ducale des sites et des vues assez remarquables.

Vestiges fortifiés…

Le statut de Gibraltar du Nord évoqué plus haut ne transparaît guère aujourd’hui, en raison du démantèlement presque complet des fortifications opéré à partir de 1867, suite au traité de Londres qui consacra la ” neutralité perpétuelle ” du grand-duché. Seize ans de travaux et un budget colossal n’en viendront toutefois pas totalement à bout. Parmi les principaux vestiges témoignant de la forteresse : les casemates de la Pétrusse et surtout du Bock. Ces galeries et salles creusées dans la roche sont devenues d’importantes attractions touristiques. Pour elles-mêmes comme pour la jolie vue qu’elles offrent sur la ville basse. On peut y parcourir des couloirs aussi longs qu’étroits et des escaliers tortueux. Sachez quand même qu’ils ne mènent nulle part et qu’il vous faudra faire demi-tour.

Un week-end à Luxembourg
© SYLVIE BRESSON

Autre témoignage de la place-forte de naguère : le fort Thüngen, devenu musée de la Forteresse sous le nom Draï Eechelen (Trois Glands). Situé en bordure du plateau du Kirchberg, le site domine la vallée de l’Alzette. On y expose les documents du traité de Londres de 1867. L’occasion de relever, pour l’anecdote, qu’il fut signé en français par la Belgique, les Pays-Bas et la Prusse, et en latin par l’Autriche. Autres temps…

… et tunnel contemporain

Enrichie par la finance, Luxembourg en a profité pour se payer de belles institutions culturelles, un peu à l’instar de Francfort. Conçu par l’architecte Christian de Portzamparc, la Philharmonie en est l’étendard brandi avec fierté depuis 2005. Paré de 823 colonnes de façade, le bâtiment trône dans la partie sud du quartier européen, sur le Kirchberg. A deux pas de là, voisin du musée de la Forteresse, c’est le Mudam qui pointe depuis 2006 parmi les arbres du parc Thüngen. Ce Musée d’art moderne Grand-Duc Jean, de son nom officiel, bénéficie lui aussi d’une signature prestigieuse : Ming Pei, le concepteur de la pyramide du Louvre. Notre compatriote Wim Delvoye en est un hôte important depuis le début, avec sa Chapelle gothique tout en métal, ornée de vitraux inévitablement subversifs.

Conseil aux amateurs d’art contemporain : outre le Casino, voisin du pont Adolphe, la moins connue galerie Am Tunnel (16 rue Zithe) mérite une visite. Elle est patronnée par la banque BCEE, qui abrite par ailleurs un musée de l’épargne en son siège. Am Tunnel vaut pour sa collection de clichés signés Steichen, photographe luxembourgeois ayant portraitisé les plus grands, mais aussi pour ses expos temporaires. Des élèves de grandes écoles, dont les oeuvres sont parfois bluffantes, y exposent jusqu’à fin septembre. On s’en voudrait d’oublier une autre institution importante et à l’aménagement aussi moderne qu’agréable : le musée d’Art et d’Histoire. Notamment pour sa mosaïque de pavement romaine de 61 m2, ou encore ses amusantes enseignes de corporations de 1781.

Un week-end à Luxembourg
© SYLVIE BRESSON

Le très contrasté quartier du Grund…

Balade incontournable dans la capitale grand-ducale, du moins par beau temps : les vallées de l’Alzette et de la Pétrusse. Opérationnel depuis l’été 2016, un ascenseur panoramique permet de descendre de la ville haute vers le quartier du Pfaffenthal, sur les rives de l’Alzette. Naguère porte d’entrée de la ville basse, statut dont il conserve des tours signées Vauban, ce hameau pittoresque a depuis retrouvé des couleurs. C’est toutefois de l’autre côté de la boucle de l’Alzette, au pied des casemates mais sur la rive droite, que se situe le complexe architectural le plus important de la ville : le centre culturel de l’ancienne abbaye de Neumünster. On y accède en enjambant la rivière sur le Stierchen, pont fortifié du 15e siècle. Cet imposant édifice propose de nombreuses expositions, ainsi que de fameux Apero’s Jazz le dimanche matin.

DANS LA VALLÉE DE LA PETRUSSE
DANS LA VALLÉE DE LA PETRUSSE© SYLVIE BRESSON

Le site de Neumünster est dominé par le mur de Wenceslas et sa Dinselpforte, ou tour Jacob, témoins de l’enceinte qui protégeait la cité à partir du 15e siècle. Derrière ce mur s’étend le plateau du Rham, occupé par d’importants vestiges de ce même mur d’enceinte, ainsi que par les casernes édifiées par Vauban, devenues maisons de repos dès la fin du 19e siècle. Calme et verdoyante, cette partie finalement très centrale de la capitale grand-ducale surprendra à coup sûr l’épargnant n’ayant jamais quitté la ville haute et ses banques ! Elle compose une large part du quartier du Grund, célèbre pour son animation. C’est cependant de l’autre côté de l’Alzette que cela se passe, surtout le soir.

Enrichie par la finance, Luxembourg en a profité pour se payer de belles institutions culturelles.

… et la vallée champêtre de la Pétrusse

On peut remonter du Grund par l’ascenseur qui mène sur le plateau du Saint-Esprit, véritable promontoire qui prolonge le centre-ville. Mais on peut également poursuivre la promenade en prenant la vallée de la Pétrusse, modeste rivière largement canalisée. Ce parc urbain propose divers aménagements, y compris une imposante piste de skate-board, avant de devenir de plus en plus champêtre. Surtout après son passage en dessous du spectaculaire pont Adolphe qui, depuis 1903, unit le boulevard Royal à l’avenue de la Liberté, en direction de la gare. La récente rénovation de ce pont (rouvert en 2017) s’accompagna de l’installation d’une passerelle réservée aux cyclistes et piétons, suspendue en dessous du tablier.

LES CASEMATES DU BOCK
LES CASEMATES DU BOCK© SYLVIE BRESSON

Si la Pétrusse a perdu son caractère sauvage, elle coule dans un décor étrangement bucolique en dépit de sa proximité avec le centre : colline boisée sur la rive droite, jardins et vergers sur la rive gauche, suivis d’une immense prairie où l’on pique-nique par beau temps. Presque dans le silence… Point n’est toutefois besoin de descendre dans cette vallée pour se mettre au vert, puisqu’un parc magnifique voisine le boulevard Royal, sur près d’un kilomètre. Il abrite entre autres la Villa Vauban, bâtie sur les vestiges des fortifications du 18e siècle (visibles en sous-sol), d’où son nom. Ce petit musée est connu pour ses expos temporaires d’art contemporain, mais aussi ses peintures hollandaises du 17e siècle.

En voisin du grand-duc

Le centre-ville se compose en quelque sorte de deux parties. La première, très commerçante, s’articule sur plusieurs rues autour de la place d’Armes. Elle se prolonge par la place Guillaume, très encombrée par des travaux… qui dureront encore plusieurs années. A un jet de pierre trône le palais grand-ducal, à la très belle façade Renaissance flamande. Son intérieur majestueux se visite en été. A l’arrière du palais, on entre dans le vieux Luxembourg et ses ruelles pittoresques, remontant parfois au Moyen Age. En bordure de la place du Marché aux poissons s’élève ainsi une curieuse loggia, à l’angle de la rue de la Loge, tandis qu’une tourelle retient l’attention deux maisons plus loin. C’est ici que l’on se retrouve le soir, pour le boire comme pour le manger, dans une atmosphère plutôt intimiste. Ambiance différente du côté des rues de la Boucherie et Marché aux Herbes. Plus branché et plus bruyant ! Le grand-duc ne réside heureusement pas dans le palais voisin…

LA PLACE D'ARMES
LA PLACE D’ARMES© SYLVIE BRESSON

Se loger

Bien que de plus en plus prisée des touristes, en particulier néerlandais, Luxembourg demeure avant tout une ville d’affaires. Résultat : les prix des hôtels haut de gamme chutent les week-ends et durant les vacances. Raison supplémentaire pour ne pas hésiter à choisir le Place d’Armes, établissement cinq étoiles faisant partie de l’association Relais et Châteaux et doté de deux restaurants. Situé sur la place éponyme, au coeur de la cité, il n’en subit pas le brouhaha, car la plupart des chambres et suites donnent soit sur la rue arrière, soit sur des cours intérieures. La zone est piétonne, mais l’accès à l’hôtel est autorisé en voiture, pour les taxis comme pour votre véhicule.

LA VIEILLE VILLE
LA VIEILLE VILLE© SYLVIE BRESSON

Se restaurer

Tant la Banque mondiale que le FMI placent le grand-duché au deuxième rang mondial du PIB par habitant, derrière le Qatar, avec plus de 100.000 dollars par an (soit plus du double de la Belgique). Pas étonnant que la ville de Luxembourg regorge de belles boutiques et de restaurants de qualité. Parmi ces derniers, le Clairefontaine, situé sur la place éponyme, assidûment fréquenté par les notables de la cité. Avec pour spécialité la poularde de Bresse cuite en vessie, facturée 190 euros. Un cran plus bas au niveau des prix, le Bouquet Garni (32 rue de l’Eau) se situe à deux pas, au 1er étage d’une bâtisse du 18e siècle. On y entre par le passage du palais, surprenante ruelle témoignant de l’époque médiévale. Très belle cuisine française dans un cadre à la fois rustique et élégant.

Recommandé pour sa cuisine locale, Um Dierfgen (6 côte d’Eich) a tout d’une sympathique brasserie luxembourgeoise… même si l’adresse est connue des touristes américains et asiatiques. Parmi les tables valant le détour aux environs immédiats de la ville, un nom s’impose : Ma langue sourit (route de Remich, avant Moufort). Cadre à la fois moderne et intime, pour une cuisine fine et inventive qui lui a valu une étoile Michelin.

Impossible, toujours au rayon gourmand, de ne pas évoquer la pâtisserie, une véritable institution représentée entre autres par Oberweis et sa très moderne boutique du 16 Grand-rue, Namur et son décor historique du 27 rue des Capucins, ou encore Cathy Goedert et son comptoir contemporain du 8 rue Chimay. Une jolie boutique consacrée aux produits locaux : Luxembourg House (2 rue de l’Eau).

LE MUDAM
LE MUDAM© SYLVIE BRESSON

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