Tobol, l’arme secrète russe pour couper l’Ukraine du reste du monde

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© Getty Images

La guerre de l’espace a-t-elle déjà commencé ? La Russie testerait une nouvelle arme au-dessus de l’Ukraine visant à saboter l’accès à Internet. Et cette arme aurait été découverte par un Belge.

La Russie expérimenterait depuis des mois une arme électronique secrète. Baptisée le “Tobol”, elle permettrait de brouiller le Starlink de SpaceX d’Elon Musk. Ces milliers de satellites en orbite basse promettent d’avoir internet partout dans le monde à partir d’un récepteur pas plus grand qu’une boîte de pizza.  Or Starlink s’est rapidement avéré vital pour l’armée ukrainienne. En les perturbant, l’arme russe compliquerait sérieusement les communications ukrainiennes sur le front. D’autant plus que les forces russes ont réussi à empêcher les Ukrainiens d’utiliser d’autres équipements de communication, notamment des radios et des téléphones portables.

Découvert par un chercheur belge

Le programme Tobol était déjà connu des spécialistes, mais n’avait jusqu’à présent été utilisé que dans un but défensif. Soit en détectant les tentatives de brouillage des satellites russes pour mieux les contrer ensuite. Or, si c’est possible dans ce sens-là, rien n’empêche de le faire dans un but offensif. Par exemple, en brouillant le signal entre les satellites et les récepteurs au sol. Ce que les observateurs n’avaient fait que supposer semble donc se confirmer.

C’est le chercheur amateur belge et russophone, Bart Hendrickx, qui semble, en novembre 2020, être le premier à révéler l’existence de Tobol sur le site web The Space Review. Le nouveau programme d’armement sera officiellement baptisé 14Ts227. Selon les chercheurs, le programme semble avoir débuté il y a une dizaine d’années. Il serait réparti sur sept sites en Russie disposant de grandes antennes paraboliques qui contrôlent les satellites soviétiques depuis la guerre froide.

L’objectif exact de Tobol n’est alors pas connu d’Hendrickx, précise De Morgen. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir des soupçons. L’un des documents déterrés par Hendrickx parle ainsi de “guerre électronique à des fins spatiales” et, toujours dans De Morgen, il précise qu’il « est probable que Tobol soit également utilisée pour perturber les satellites étrangers. Par exemple ceux destinés à la navigation, comme le système GPS américain. En principe, ils peuvent aussi perturber les missiles guidés tels que les Himars américains ». Pour Bart Hendrickx, il est presque certain que le brouillage des satellites se fait dans l’espace. Soit le brouillage dit de liaison montante. En mélangeant un signal à l’émission originale, on le rend illisible pour les récepteurs.

Au-dessus de Bakhut

L’existence de ce système semble se confirmer suite à la fuite d’un document du Pentagone par Jack Teixeira, un jeune membre de la Garde nationale aérienne du Massachusetts et auquel le Washington Post a eu accès. Il a été arrêté jeudi dernier dans le cadre de l’enquête sur la fuite de centaines de pages de renseignements militaires classifiés. Selon le Washington Post, l’auteur de la fuite aurait partagé les documents avec un petit cercle d’amis en ligne sur la plateforme de discussion Discord.

Selon ces documents, l’arme aurait été testée à partir de trois sites en Russie (à Kaliningrad, un près de Moscou et un troisième situé en Crimée occupée) pour paralyser les communications au-dessus de Bakhut. La ville se situe dans la région de Donetsk, à l’est de l’Ukraine. Elle a été le théâtre de combats violents depuis le début de l’année. L’expérience ne devait au départ que durer 25 jours. Cependant, rien n’indique qu’elle ait été arrêtée, ni même si elle a été un succès. Il existe en effet d’autres capacités de brouillage utilisées par les forces russes, telles que le système Tirada-2 monté sur camion.

Plusieurs dysfonctionnements rapportés

Ce que l’on sait, par contre, c’est que des dysfonctionnements ont plusieurs fois été rapportés par les forces ukrainiennes. Par exemple lors de leur contre-offensive en été et en automne. Pour Hendrickx, même si l’expérience russe est concluante, il leur sera de toute façon difficile de perturber les milliers de satellites Starlink en même temps.

De son côté, l’Ukraine, via Kostiantyn Zhura, la porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, a fait savoir que les autorités étaient conscientes des manœuvres russes et “prenaient des mesures pour les neutraliser”.

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