Les start-up qui s’intéressent au marché chinois sont les bienvenues dans cette tour fraîchement construite à Shenzhen. Une équipe de l’Awex s’y installe et invite les jeunes pousses à la rejoindre.
Cette incroyable tour de bureaux accueillera prochainement les bureaux de l’Awex, l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers, à Shenzhen. Des espaces sont également prévus pour accueillir les start-up belges désireuses de s’implanter en Chine ou d’y développer des partenariats avec les entreprises locales.
Située juste à côté de Hong-Kong, Shenzhen (17 millions d’habitants !) est la capitale technologique de la Chine. On y retrouve notamment Foxconn, le fabricant des iPhones d’Apple. En plein essor économique et en plein développement immobilier, la ville a de grandes ambitions. Shenzhen ne veut plus se contenter d’être “l’usine du monde”, où l’on peut fabriquer tous les produits technologiques. Elle se rêve aussi en centre d’innovation. C’est la raison pour laquelle Shenzhen développe depuis plusieurs années une stratégie visant à favoriser l’émergence de start-up technologiques. Des incubateurs, des accélérateurs et des fonds d’investissement fleurissent.
C’est le cas du Run Accelerator, qui est intégré dans cette tour de Shenzhen, dont la forme étonnante est inspirée d’une pousse de bambou. Cet accélérateur de start-up a déjà accueilli plus de 200 jeunes entreprises, majoritairement chinoises. Mais il se tourne aussi vers les start-up étrangères, qui constituent 20 % à 30 % du contingent, d’après la directrice des lieux.
Un accélérateur financé par l’Etat chinois
Le message des représentants locaux ? Les start-up belges intéressées par le marché chinois sont les bienvenues. Pour les convaincre de s’y installer, le groupe immobilier China Resources Land, propriétaire de la tour, vient de signer un partenariat avec l’Awex. Une manière pour cet énorme groupe public chinois (on parle de 425.000 employés !) de s’offrir une certaine forme de crédibilité. Entreprise détenue par l’Etat chinois, China Resources (CR) est actif dans l’immobilier, mais aussi la santé, la finance ou encore la technologie.
Pourquoi l’Awex choisit-elle de se rapprocher de cet acteur public chinois ? “En Chine, il faut conclure des accords avec des entreprises liées à l’Etat. Si on ne le fait pas, on n’existe pas”, explique Michel Kempeneers, COO Overseas à l’Awex. Chez China Resources, on ne s’en cache pas : les contacts avec les autorités chinoises font partie des “services” offerts par le Run Accelerator. “Nous voulons aider les start-up belges à faire du business en Chine. Pour cela, nous pouvons leur faire profiter de nos bonnes relations avec le gouvernement chinois”, avance Maggie Miao, vice general manager chez China Resources.
Pour le reste, l’accélérateur ressemble surtout à un (superbe) espace de coworking. Les tarifs démarrent à 2.000 RMB (environ 250 EUR) par personne et par mois. Aucun véritable programme d’accélération ne nous a été présenté. Par contre, les start-up pourront bénéficier de services additionnels (payants) de “match-making” (mise en relation), essentiellement avec d’autres départements du groupe China Resources. Des contacts avec des groupes chinois comme Tencent, Alibaba ou Baidu, ne sont pas à exclure, mais ils ne font pas réellement partie des services habituels du Run Accelerator.
Lever des fonds en Chine ?
Sur les 200 entreprises qui sont déjà passées par l’accélérateur, à peine cinq ont fait l’objet d’une prise de participation par un fonds d’investissement “maison”. Toutes les cinq sont chinoises. Mais le groupe n’exclut pas de prendre un jour une participation dans l’une ou l’autre start-up étrangère, en fonction des opportunités qui se présentent. Pour une start-up étrangère, la condition sine qua non pour lever de l’argent en Chine est de créer au préalable une société chinoise.
Clairement, l’intérêt pour des start-up belges de s’installer à Shenzhen et de profiter éventuellement de cet espace de bureaux ne se situe pas dans la perspective – très hypothétique – d’y lever des fonds. Par contre, une start-up qui cherche à pénétrer le marché chinois avec des produits ou services technologiques pourrait y trouver un intérêt. Même chose pour une start-up qui chercherait à entrer en contact ou se rapprocher de fabricants chinois utiles au développement de son business.
“Les start-up belges sont trop souvent concentrées sur la Belgique et l’Europe, estime Michel Kempeneers (Awex). Mais aujourd’hui, elles peuvent avoir accès à un marché énorme, en plein développement. Venir à Shenzhen, c’est une bonne manière de se connecter à l’écosystème chinois.”
Par Gilles Quoistiaux, à Shenzhen