Threads, le nouveau réseau social lancé par Meta, va-t-il tuer Twitter ?
Meta a lancé ce jeudi Threads, son nouveau réseau social. Un démarrage en trombe avec plus de dix millions d’utilisateurs dès les premières heures. Son déploiement en Europe est cependant retardé pour des raisons réglementaires. Threads va-t-il tuer Twitter fragilisé ces dernières semaines ?
Threads est le nouveau réseau social lancé par l’entreprise de Mark Zuckerberg, Meta. Il ressemble très fortement à Twitter et ne cache d’ailleurs pas son ambition de défier le réseau d’Elon Musk, mieux, de le tuer. Depuis son lancement cette nuit dix millions de personnes se sont inscrites au cours des premières heures. Un nombre qui ne fait qu’augmenter.
Mark Zuckerberg ne s’est d’ailleurs pas gêné de lancer une pique à son rival Elon Musk: “cela prendra du temps, mais je pense qu’il devrait y avoir une appli de conversations avec au moins un milliard de gens dessus. Twitter a eu l’occasion de le faire, mais n’a pas réussi. Nous espérons y arriver”.
Une émanation d’Instagram
Meta a un immense avantage sur ses rivaux, car elle ne part pas de rien. La société ne fait d’ailleurs pas mystère des synergies sur lesquelles elle entend s’appuyer pour faire croître rapidement son nouveau-né, le présentant d’entrée de jeu comme une émanation d’Instagram.
Avec ses plus de deux milliards d’utilisateurs actifs, Instagram offre ainsi à Threads une rampe de lancement dont n’auraient pu rêver les petits compétiteurs de Twitter, de Mastodon à Bluesky, en passant par les sites prisés des ultraconservateurs comme Truth Social, Parler, Gettr ou Gab.
Les utilisateurs d’Instagram ont ainsi la possibilité de “suivre tous” leurs followers Instagram lorsqu’il s’y inscrivent. “L’équation est simple: si un utilisateur d’Instagram avec un nombre important d’abonnés comme (Kim) Kardashian ou (Justin) Bieber ou (Lionel) Messi se met à poster sur Threads régulièrement, cette nouvelle plateforme pourrait se développer rapidement et je pense que les budgets publicitaires suivraient dans un délai resserré”, analyse Brian Wieser sur Substack, une plateforme de newsletter.
« Instagram est le produit de la famille Meta qui a le plus de succès“, explique Pinar Yildirim, professeure de marketing à l’école Wharton de l’université de Pennsylvanie, cité par AFP. “Ils ne pouvaient pas associer ce nouveau produit à Facebook, parce que ce nom ne fait plus rêver personne.”
Ce n’est pas la première fois que Mark Zuckerberg « copie » d’autres applications avec succès. Reels était déjà un clone de TikTok. La fonction Stories d’Instagram, un clone de Snapchat, est rapidement devenue plus populaire que Snapchat lui-même. D’autres applications autonomes de la société, telles que Poke, Slingshot et Lifestage, ont cependant toutes échoué face à un rival dominant et à la faible demande d’une alternative de la part des consommateurs, commente CNN.
Voici un aperçu vidéo rapide de l'interface de Threads, lancé dans 100 pays (mais pas ceux de l'UE) #Threads #ThreadsApp pic.twitter.com/zXFLgCt1X9
— Philippe Berry (@ptiberry) July 6, 2023
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Un vrai problème pour Twitter
Si Threads rencontre son public, il pourrait bien poser un vrai problème à Twitter, voire devenir son plus grand défi. Le réseau, propriété d’Elon Musk, est actuellement dans une très mauvaise passe. Il est fragilisé par une série de péripéties. Dernier rebondissement en date : le milliardaire a annoncé samedi la mise en place, à titre provisoire, d’une limite au nombre de messages consultables par compte et par jour. Lundi, Twitter a révélé que le tableau de bord TweetDeck ne serait bientôt plus accessible qu’aux comptes vérifiés, donc payants. Cette perspective est potentiellement d’autant plus inquiétante pour Twitter que le groupe de San Francisco a vu fondre son chiffre d’affaires publicitaire depuis l’arrivée d’Elon Musk à sa tête.
Quelle que soit la raison pour laquelle Twitter a décidé de rendre l’utilisation de sa plateforme plus difficile, le résultat net est qu’il n’a jamais été aussi facile pour les utilisateurs de s’en détourner, commente CNN. Les événements de la semaine dernière pourraient bien, en fin de compte, faire fuir les utilisateurs plus que tout ce que Musk a fait jusqu’à présent. Un exode que n’est pas encore parvenue à enrayer la nouvelle directrice générale, Linda Yaccarino, arrivée il y a un mois chez Twitter, mais très silencieuse jusqu’à présent.
Mark Zuckerberg essaie depuis des années de s’attaquer à Twitter. Aujourd’hui, il pourrait enfin avoir sa meilleure chance de porter un coup fatal au réseau social à un moment de grandes turbulences.
“Le timing est très bon pour Meta”, commente pour l’AFP Jonathan Taplin, auteur de deux ouvrages sur les géants de la tech, dont “The End of Reality”, à paraître en septembre. “Il y a des tas de gens qui ont une résistance presque religieuse à tout ce qui touche à Elon Musk.” Pour ce spécialiste, Threads représente bien une menace existentielle pour Twitter.
Pas encore disponible en Europe
Threads a été déployée dans la nuit dans 100 pays, mais pas encore en Europe. Meta a choisi d’attendre avant de proposer l’application aux résidents de l’Union européenne le temps de clarifier les conséquences du nouveau règlement des marchés numériques (DMA), entré en vigueur début mai, selon une source proche du dossier. Le DMA vise à imposer des règles spécifiques aux entreprises incontournables d’internet, notamment Meta, pour éviter des pratiques anti-concurrentielles. La présentation de Threads sur les boutiques d’application aux Etats-Unis indique que seront recueillies et utilisées à des fins publicitaires les données personnelles des utilisateurs.
Le groupe de Menlo Park (Californie) n’en a pas moins l’intention, à terme, de lancer Threads dans l’Union européenne, à une date encore à définir, a indiqué cette source. Sollicité par l’AFP, Meta n’a pas donné suite dans l’immédiat.
Le groupe cofondé par Mark Zuckerberg se montre prudent. Il a en effet subi plusieurs revers ces derniers mois dans l’Union européenne sur les terrains judiciaire et réglementaire. La Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a estimé mardi que Meta avait porté atteinte aux intérêts et aux droits des utilisateurs de ses services en collectant, sans autorisation, des données personnelles à des fins de publicité ciblée. Fin mai, la maison-mère de Facebook s’est vu infliger par la Commission irlandaise pour la protection des données (DPC) une amende record de 1,2 milliard d’euros pour avoir enfreint les règles européennes sur la protection des données (RGPD) via Facebook.
Avec AFP
A quoi ressemble Threads ?
À l’instar de Twitter, la nouvelle application propose de courts messages textuels que les utilisateurs peuvent aimer, partager et auxquels ils peuvent répondre, bien que certaines formulations aient été modifiées : les retweets sont appelés “reposts” et les tweets “threads“.
Les messages peuvent contenir jusqu’à 500 caractères, soit près du double d’un tweet, et peuvent inclure des liens, des photos et des vidéos d’une durée maximale de cinq minutes, selon un billet de blog de Meta.
« L’application est presque identique à Twitter. La limite de caractères, le repost, le flux. Tout cela est incroyablement familier », observe James Clayton journaliste américain spécialisé en nouvelles technologies sur le site de la BBC.
James Clayton évoque quelques remarques sur Threads après sa première utilisation. Le souci le plus important pour lui est qu‘il n’y a qu’un seul flux, et non deux. Twitter dispose d’un flux de recommandations et d’une option permettant de voir uniquement les tweets des personnes suivies. Threads a un flux qui mélange les followers et le contenu qui intéresse l’utilisateur. « Cela pourrait devenir ennuyeux », estime le journaliste américain. Il n’y a pas non plus d’informations sur les dernières tendances observe le spécialiste, il est donc difficile de voir les sujets qui font le buzz.
L’une des principales différences par rapport à Twitter est que Threads n’inclut pas de fonctions de messagerie directe.
James Clayton fait encore remarquer que le réseau social ne semble pas avoir de fonctionnalité de bureau, et qu’il est difficile de l’utiliser sur un ordinateur.
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