Quelles sont les 7 règles d’or de l’employé dans une start-up?

© istock

Avant d’intégrer une jeune pousse ou pour continuer à y faire carrière, il faut en adopter les codes et attraper le bon ” mindset “, le bon état d’esprit. Voici sept vertus cardinales qui permettent de réussir dans une start-up. Et qui peuvent aussi servir dans les grands groupes…

Essai-erreur, croissance, pivot… La vie dans une start-up se passe à 100 à l’heure. Y travailler nécessite, bien sûr, un certain nombre de compétences. Mais tous les acteurs et les observateurs de ce microcosme soulignent l’état d’esprit particulier qu’il faut avoir pour y survivre. Dans Le Livre de la Jungle, un gros ouvrage de référence sorti au mois de janvier (1), les auteurs Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon dressent d’ailleurs une liste des sept attitudes indispensables pour ” adopter le bon mindset ” lorsqu’on veut faire carrière au sein d’une start-up.

1. “Fake it until you make it”

Les start-up nourrissent l’ambition de… changer le monde, d’avoir un impact. Cela passe par la volonté de devenir une licorne, ces entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars, et de ” créer un empire “. Mais quand elles démarrent, elles en sont -forcément- bien loin. Pas besoin, pour autant, de développer une ” crise de légitimité parce que son nom n’est pas connu sur le marché, parce que l’on n’a pas encore réalisé une tâche auparavant ou qu’on n’existe pas encore réellement “, insistent les auteurs. Au contraire, il convient d’adopter l’attitude fake it until you make it : simulez jusqu’à ce que vous sachiez le faire.

” Avant de lancer un nouveau service, il faut le tester auprès de ses utilisateurs. Et pour cela, rien de plus efficace que de prétendre qu’il existe déjà, avant même de le construire. ” Combien de jeunes pousses ne vont pas voir leurs premiers futurs clients avec des mock-up (maquettes ou simulations) du produit pour tester leur réaction et sentir leur intérêt ? Pour un employé de start-up, cette attitude est à adopter lorsqu’il reçoit une tâche qu’il n’a jamais réalisée et pour laquelle il n’existe encore aucune méthode en interne. ” On fake ( simule, Ndlr) le bon procédé jusqu’à ce qu’on l’ait assimilé “, précisent Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon.

2. “Done is better than perfect ”

Fait, c’est mieux que parfait. Alors que les grands groupes travaillent par cycles de production généralement très longs et veillent à faire tester le moindre produit avant de le proposer au public, les start-up n’hésitent pas à lancer des versions bêta qu’elles continueront de mettre à jour et d’améliorer par la suite. Le célèbre jeu Pokemon Go avait été téléchargé des millions de fois en version bêta. ” Avoir peur de présenter un travail inachevé à un oeil extérieur est un sentiment humain, écrivent les auteurs du Livre de la Jungle. On s’expose aux critiques et l’ego peut être froissé. Mais pour croître vite, le meilleur moyen est de fournir aux clients le produit dont ils ont besoin. ” Et pour y arriver, leur mettre entre les mains un produit inachevé et apprendre de leur usage et leurs commentaires. Au sein des jeunes pousses, les employés doivent voir les choses de la même façon et donner priorité au fait de ” délivrer “.

3. Etre capable d’exécuter

Le terme ” exécution ” revient sans cesse dans l’univers start-up. La capacité d’exécution est souvent jugée comme un critère de réussite potentielle des équipes. Pour beaucoup d’observateurs, la valeur d’une équipe réside d’ailleurs dans la capacité à exécuter une idée, bien plus que dans l’idée elle-même. Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon synthétisent cette notion dans le ” fait d’avoir une distance très courte entre une idée et une action “. Les start-up attendent donc de leurs employés qu’ils puissent aller vite, pour produire. Et même s’ils commettent des erreurs, ce n’est pas si grave : dans l’univers start-up, on valorise fortement l’expérimentation. Voire l’échec.

4. Sois autonome

” Google est le meilleur ami d’un employé de start-up. ” Les équipes étant souvent réduites, parfois peu structurées, ” il arrive toujours un moment où l’on doit réaliser une tâche pour la première fois : créer un logo, vendre à un nouveau type de clients, etc., lit-on dans le livre d’Annebelle Bignon et Younès Rharbaoui. Face à la nouveauté, même en tant qu’employé, on ne peut pas attendre que l’information vienne à nous, il faut aller la chercher. ” Moteur de recherche, tutorial en ligne, outils de connaissance internes (Slack, Evernote, Trello, etc.) sont là pour cela. Etre autonome pour trouver l’info ne veut pas dire qu’on ne peut pas aller la trouver dans les connaissances en interne. Mais faut y parvenir de manière autonome et efficace.

(1)
(1) ” Le Livre de la Jungle “, Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon, éd. Dunod, 375 p., 2019.

5. Grandis chaque jour

Quelle que soit la taille de la start-up, elle vise une croissance continue. Il en va de même pour les employés, qui doivent ” ne pas baisser leur niveau d’ambition et plutôt l’augmenter “, recommande le livre. ” Chaque étape franchie est l’occasion de te fixer de nouveaux objectifs qui relativiseront les précédents “, est-il écrit. Un conseil qui s’accompagne d’un appel à une compétence dont on parle de plus en plus dans le monde professionnel aujourd’hui : celle d’être capable d’apprendre à apprendre. Un certain nombre de CEO de start-up avouent d’ailleurs chercher cette compétence avant d’autres, plus techniques. Cela s’explique par la vitesse à laquelle le monde évolue. Les technologies d’aujourd’hui seront devenues totalement obsolètes d’ici quelques années. Les employés des jeunes pousses actuelles utiliseront d’autres outils et d’autres technologies demain. Et leur job aura totalement évolué. On ne mène plus aujourd’hui une campagne marketing comme c’était le cas voici quelques années encore… et pas comme on le fera dans cinq ans. Pour s’imposer comme un élément qui compte, il faut être capable d’évoluer et d’apprendre, vite et tout le temps. Et être curieux.

6. Mets ton ego de côté

L’ego n’est pas le bienvenu dans les start-up. ” Il peut être responsable de nombreuses frictions dans l’exécution “, préviennent les auteurs. Ne pas vouloir réaliser certaines tâches, attendre de la reconnaissance pour ses actions, avoir peur d’être ridicule… Mieux vaut éviter ce type de sentiments. Dans les start-up, surtout les petites équipes, il faut ” accepter que tout ce qu’il y a à faire n’est pas glamour : vider les poubelles, trier une liste d’e-mails manuellement, etc. ”

Puisqu’elles défrichent un marché et font les choses autrement que les autres, les start-up avancent aussi régulièrement en terrain inconnu. Cela leur permet d’ailleurs d’apporter des réponses inattendues à des problèmes que les acteurs traditionnels ne résolvent pas, ou plus de manière adéquate. Cela signifie que les employés seront régulièrement confrontés à des situations qu’ils ne connaissent pas. L’employé de start-up doit, pour Annebelle Bignon et Younès Rharbaoui, admettre qu’il ne sait pas tout, faire preuve de flexibilité mentale et être capable de se remettre en question.

7. Sois toi-même

L’ère du numérique permet à chacun de s’exprimer dans ce monde innovant. Les équipes cherchent à mener un projet à bien. Autant ” saisir cette chance et faire rayonner toutes les facettes de ta personnalité au sein de ta start-up, écrit le duo d’auteurs. C’est précisément parce que les start-up laissent une grande autonomie qu’il est possible de faire place aux singularités dans son travail. Dans ton unicité, comment peux-tu contribuer à faire avancer la mission de ta start-up ? ”

Reste que les jeunes pousses requièrent un engagement total. Non pas qu’elles imposent forcément un rythme effréné ne laissant plus de place à la vie personnelle. Mais elles effacent la frontière entre professionnel et personnel. Ce qui fait que ” tu ne te rends plus compte de quand tu travailles et de quand tu ne travailles pas, détaillent Annebelle Bignon et Younès Rharbaoui. Tu aimes parler de boulot avec tes amis. Tes collègues deviennent proches et vous vous voyez en dehors des moments prévus. Tu aimes pitcher à tous les moments et dans toutes les situations si c’est pertinent “. D’une certaine manière, l’employé doit épouser pleinement sa jeune société et ménager son équilibre d’une toute autre manière que le traditionnel 9-17 h. Mais ceci… n’est pas une surprise.

“Les start-up savent que le succès dépend de l’équipe”

Annabelle Bignon, cofondatrice et CEO de l'école Lion, et coauteur du
Annabelle Bignon, cofondatrice et CEO de l’école Lion, et coauteur du ” Livre de la Jungle “.

TRENDS-TENDANCES. Pourquoi avoir rédigé un livre à destination des employés des start-up ?

ANNABELLE BIGNON. Il existe énormément de contenus, de formations et de structures pour tous ceux qui veulent monter leur start-up mais pas assez pour les employés. Or, ils sont la pierre angulaire de toute start-up, comme de toute entreprise d’ailleurs. Nous avons voulu adresser un livre à tous ceux qui travaillent dans une start-up. Et de manière plus large à tous ceux qui ont un esprit ntrepreneurial. Car je pense que les personnes des grands groupes peuvent également s’approprier une série de bonnes méthodes de l’univers start-up.

Quelle différence y a-t-il,

selon vous, entre travailler dans une grosse boîte et travailler dans une start-up ?

On pense souvent que la start-up est un grand groupe en petit. Mais ce n’est pas vrai car le grand groupe a déjà trouvé son business model, ce qui n’est pas le cas d’une start-up. Cette dernière est toujours à sa recherche et cela implique une différence fondamentale en matière de prise de risque et de changement au sein de la structure. De plus, l’objectif premier d’une start-up consiste à vouloir résoudre le problème de ses clients, peu importe la manière. Ce qui explique d’ailleurs les pivots successifs pour parvenir à ce but. Enfin, un point essentiel qui définit une start-up, c’est son besoin de croissance. Généralement, dans une start-up tout est fait dans le but de croître, depuis l’organisation jusqu’à la manière de s’adresser au client.

De quelle manière cette croissance -ou cette hypercroissance dans certains cas-, influence- t-elle les employés ? Est-ce la course aux objectifs ?

L’objectif de délivrer n’est pas propre aux start-up. Des tas d’entreprises travaillent sur base d’objectifs. Un des éléments, c’est le risque : l’impératif de croissance s’accompagne forcément de risques. On sait que les start-up sont plus risquées qu’une entreprise établie. Mais tout le monde ne veut pas de ce risque.

La réalité des start-up, c’est aussi une certaine violence opérationnelle, il faut aller vite pour répondre à ce besoin de croissance. Certains rythmes doivent être tenus et cela pousse les gens à un maximum d’autonomie : les équipes n’ont pas le temps d’apprendre aux nouvelles recrues. Elles sont lâchées sur le terrain et doivent directement mettre les mains dans le cambouis. Elles apprennent sur le terrain. Par ailleurs, au quotidien, cette nécessité d’aller vite se traduit par moins de réunions, mais plus de communication en permanence.

Etonnamment, il se dit que les start-up paient mieux que des boîtes établies, est-ce le cas ?

Oui, mais c’est normal : elles savent que leur succès dépend de l’équipe. Elles font donc ce qu’il faut pour avoir les meilleurs talents possible. Elles n’ont aucune raison de ne pas bien payer les gens… ou de leur proposer une partie de la boîte. Intéresser tous les employés au capital (via des stock-options) devrait être une pratique courante dans toutes les start-up.

Et une balance doit être faite en fonction du stade d’avancement de la société. Les personnes qui rejoignent le projet quand il démarre doivent parfois accepter de réduire leur salaire et d’avoir, en compensation, des parts dans la boîte. Mais dans une start-up déjà plus mature qui a levédes fonds, il est probable que les employés aient un meilleur salaire et moins de parts. L’important est de faire ce qu’il faut pour aligner les intérêts de tous dans la start-up. z

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content