Pour le PDG de Zoom, c’est bientôt votre jumeau numérique qui ira aux réunions

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Eric Yuan, le fondateur de Zoom, veut révolutionner le domaine des logiciels d’entreprise. Il est persuadé que, d’ici 5 ans, c’est un « jumeau numérique » alimenté par l’IA qui ira aux réunions à votre place.

Avec la fin de la pandémie, un retour au travail et l’amélioration de la concurrence (Google Meet, Microsoft Teams,…) Zoom fait face à plusieurs défis commerciaux. Refusant tout fatalisme, Zoom se voit aujourd’hui comme bien plus qu’une simple plateforme de visioconférence. Il veut rivaliser avec Microsoft et Google sur le marché des logiciels d’entreprise dit Eric Yuan dans une longue interview à The Verge. Il souhaite offrir une plateforme de communication unifiée qui inclut des fonctionnalités telles que le chat, la téléphonie ou encore le tableau blanc numérique. Il vise une expérience utilisateur intégrée et fluide. Pour y parvenir, il investit massivement dans l’IA et a formé des partenariats stratégiques avec des leaders de l’IA tels qu’OpenAI et Anthropic. Ces collaborations lui ont déjà permis d’intégrer des fonctionnalités d’IA avancées comme la transcription automatique, les résumés de réunions, et la traduction en temps réel dans Zoom AI Companion lancé en 2023. Mais Yuan a une autre application en tête. Une application tant concrète qu’audacieuse.

Le jumeau numérique

Ainsi Eric Yuan pense que l’un des grands avantages de l’IA au travail sera de nous permettre de créer ce qu’il appelle un « jumeau numérique », soit un avatar deepfake qui serait capable d’assister à notre place aux réunions Zoom, voire même de prendre des décisions pour nous. Le slogan de zoom n’est d’ailleurs plus «travaillez heureux », mais « travaillez heureux avec le compagnon IA de Zoom ».

L’idée est que le Zoom Workplace, le zoom nouvelle version, aide à accomplir le gros de votre travail. Aujourd’hui nous passons tous beaucoup de temps à passer des appels téléphoniques, à participer à des réunions, à envoyer des emails, à supprimer des spams et à répondre à des messages texte. Soit du travail de routine, de l’élaboration de bilan provisoire ou encore des conversations non décisives. Or l’IA pourrait automatiser complètement ce type de travail, ou du moins effectuer un premier tri pour ne vous indiquer que les réunions et mails vraiment utiles. L’IA se mue en assistant, capable de donner toutes sortes d’imputs grâce à une vision globale du calendrier et une compréhension du contexte.

Quelques obstacles techniques

Néanmoins, comme le précise Yuan, les «opportunités potentielles» existent, mais on en est, pas encore, là. Principalement à cause des limites des actuels grands modèles de langage (LLM). Ce sont des modèles d’apprentissage automatique capables de comprendre et de générer des textes en langage humain. Ils fonctionnent en analysant des ensembles massifs de données linguistiques. Aujourd’hui tout le monde utilise un même langage générique. Or pour Yuan la clé du bon jumeau numérique est de personnaliser les modèles de LLM. Afin que ceux-ci comprennent et répondent précisément aux exigences des entreprises pour augmenter la pertinence et la précision des interactions.

Toujours pour Yuan, il ne faut pas seulement parvenir à personnaliser les LLM, mais il faut aussi les stabiliser pour éviter les hallucinations. Le must serait même de les upgrader en pouvant atténuer ou accentuer certains paramètres. Cela permettrait de contrebalancer certains de nos points faibles chez notre double numérique. Par exemple en augmentant ses capacités de négociations. Selon Yuan, c’est ça l’avenir. Aujourd’hui, la situation dans ce domaine « est encore très similaire à 1995, 1996, lorsque l’internet est né. Il y a beaucoup de limitations ». À terme, aidé par l’évolution de l’IA et de la réalité augmentée, on devrait pourtant pouvoir réaliser une version 3D de nous-mêmes. Un double dont le mimétisme serait tel qu’on ne pourrait savoir si c’est une personne réelle ou juste un avatar. « L’IA générative est déjà très puissante. Or, en ce moment, nous ne comprenons toujours pas comment fonctionne le cerveau humain. Imaginez que nous comprenions vraiment comment il fonctionne et de quelle façon on pourrait appliquer à l’IA générative. C’est ça l’innovation » dit-il dans sa longue interview à The Verge.

Remplacer 90% du travail en ligne

Yuan va même plus loin puisque, selon lui, d’ici 5 ou 6 ans, l’IA pourra probablement aider pour 90 % du travail en ligne. Si l’IA ne remplacera pas les interactions humaines, elle devrait permettre de ne travailler que 3 ou 4 jours au lieu de 5 jours semaines.

Comme le fait remarquer le New York Post ce ne serait pas les premiers clones digitaux. Delphi est une “digital cloning platform” qui utilise des datas de podcasts, videos, PDFs pour créer un double en moins d’une heure. Et au Japon, la compagnie Alt.AI  a elle aussi créé des clones numériques réalistes. Enfin Coachvox AI, lance elle aussi des clones digitaux qui proposent différents coachings. Néanmoins utiliser ces clones à large échelle relève pour certains experts du domaine du fantasme.  Ainsi pour Simon Willison, spécialiste britannique en IA, c’est de la « pure science-fiction ».

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