La drôle d’aventure d’Ubisoft au pays des NFT
Vous voulez faire passer votre entreprise en mode NFT? Intéressant cas d’école: la tentative d’Ubisoft d’intégrer ces NFT dans ses jeux s’est révélée un échec total. Autant savoir… afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs.
Remontons un peu le temps. Nous étions fin 2021. Le marché des fameux tokens non fongibles gonflait de façon vertigineuse, à tel point que même le dictionnaire anglophone Collins déclarait l’abréviation NFT “mot de l’année”. La capitalisation totale de ce marché avait gonflé de 21.000% en un an pour flirter avec les 18 milliards de dollars. N’était-il alors pas tentant de penser qu’“il suffirait d’en capter une petite fraction pour bâtir un bon business”? Un géant français du gaming l’a en tout cas pensé et a voulu prendre le train en marche…
Surfant sur ce véritable phénomène, Ubisoft avait dévoilé une nouvelle plateforme, Quartz, début décembre. On y trouverait ses “premiers NFT” utilisables dans l’un de grands titres du studio, un jeu AAA, c’est-à-dire dont les budgets de développement et de promotion sont parmi les plus élevés: Ghost Recon Breakpoint.
Les NFT offraient techniquement de nouveaux canaux de croissance et des sources de revenus supplémentaires pour ce type de jeux, que l’éditeur voulait transformer en microéconomies à part entière. Encore fallait-il saisir adéquatement ces opportunités de monétisation.
Cloué au pilori du web
L’idée louable d’Ubisoft devait faire date: de nouveaux items sur un jeu grand public seraient désormais échangeables contre des cryptomonnaies. C’était sans compter sur la sentence du tribunal populaire.
La communauté des gameurs a rapidement inondé les réseaux sociaux de vives marques de désapprobation, dans un mouvement d’aversion quasi unanime. “C’est un signe flagrant que vous pressez la franchise jusqu’au dernier centime, tout en faisant un minimum d’efforts pour le jeu lui-même”, s’indignait un internaute, appelant de ses vœux au boycott si la marque s’entêtait à suivre son projet. Un appel qui a trouvé écho auprès de dizaines de milliers d’autres utilisateurs.
Problème d’emploi, pas d’outil
Les critiques ne visaient pas la technologie des NFT, qui a toute sa place dans l’écosystème des jeux en ligne. Un autre géant du gaming, l’américain EA, a en effet expliqué comment les NFT peuvent être une solution d’avenir pour les jeux vidéo, leur permettant d’offrir aux utilisateurs plus qu’une licence mais bien une unité digitale du jeu, à conserver, échanger ou vendre à un autre utilisateur.
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Dans le cas, d’Ubisoft, c’est bien la façon de recourir aux NFT qui a posé problème. Un reconditionnement cosmétique éhonté, gratiné de “cryptowashing”, alors que le système blockchain restait contrôlé par Ubisoft telle une simple base de données interne.
En septembre 2022, le CEO d’Ubisoft, Yves Guillemot, déclarait à la presse sur le ton de l’échec avoué qu’il s’agissait d’une simple expérimentation. Ce raté d’Ubisoft n’est ni le premier ni le dernier en matière d’adoption des NFT. Tout dernièrement, le réseau conversationnel Discord a dû faire marche arrière alors qu’il prévoyait d’implémenter aussi ces tokens irremplaçables. A l’inverse, l’imposante plateforme Steam a, elle, interdit tous les jeux basés sur la crypto.
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