IA: “Le métier de codeur aura complètement disparu dans cinq ans”

Code informatique. (Photo by Annette Riedl/picture alliance via Getty Images) © Getty Images

L’intelligence artificielle pourrait, à très court terme, remplacer les codeurs indiens. Il s’agit d’une cohorte immense de travailleurs externalisés, qui créent les sites et les logiciels pour de nombreuses entreprises du monde. À moyen terme, elle pourrait même complètement supprimer le métier de codeur. Voilà les prévisions d’un patron du domaine.

Depuis que ChatGPT a été lâché dans la nature à la fin de l’année dernière, le monde économique se demande quel sera l’impact de l’intelligence artificielle sur le monde du travail. Suppression d’emplois (et combien) ? Création d’emplois (et lesquels) ? Obsolescence de métiers ? Chacun y va de son analyse – preuve que le sujet préoccupe les experts.

C’est un personnage de l’IA même qui vient donner son estimation. Emad Mostaque, le PDG de Stability AI (qui propose le bot de création d’images Stable Diffusion), s’est entretenu avec les analystes d’UBS, la semaine dernière, rapporte CNBC. Pour lui, un secteur est en particulier est menacé par l’IA : les codeurs indiens.

“Ils disparaîtront d’ici un an ou deux”

“Je pense que l’IA affecte différents types d’emplois de différentes manières”, explique-t-il. “Si vous faites un travail devant un ordinateur et que personne ne vous voit jamais, l’impact est énorme, car ces modèles sont comme des diplômés très talentueux.”

L’Inde serait la plus directement touchée par ce phénomène. “Les codeurs externalisés, jusqu’aux programmeurs de niveau 3, disparaîtront d’ici un an ou deux”, continue Mostaque. Des modèles de langage comme ChatGPT pourraient les remplacer. Ils sont en effet rodés au codage informatique.

À plus long terme, il pense que le métier de codeur en tant que tel aura complètement disparu dans cinq ans. “Pourquoi devriez-vous écrire du code là où l’ordinateur peut le faire mieux que vous ? Lorsque vous déconstruisez la programmation, des tests de bugs aux tests unitaires en passant par l’idéation, une IA peut le faire, mais en mieux”, se demande-t-il.

Il continue en ajoutant que l’IA aura cependant besoin d’un encadrement : “L’IA ne le fera pas automatiquement, ce seront des “copilotes” qui le lui demanderont. Cela signifie que moins de personnes seront nécessaires pour la programmation classique, mais alors seront-elles nécessaires pour d’autres choses ? C’est la question et l’équilibre que nous devons comprendre.” Des travailleurs dans des pays comme la France, avec de meilleures protections sociales qu’en Inde, pourraient par exemple être reconvertis, réfléchit-il encore.

L’usine à code du monde entier

Ce grand licenciement des codeurs indiens serait dans tous les cas un changement de cap majeur dans le monde de la tech. L’Inde est aujourd’hui l’usine à code du monde : une quantité innombrable de sites, de différents pays et de différents secteurs, sont créés par des codeurs ou développeurs indiens, externalisés et sous-traités. Cinq millions de personnes au moins sont actives dans le secteur – rien que pour la programmation informatique.

C’est un nombre élevé de personnes, souvent jeunes, qui se retrouveraient sur le carreau. Cette perspective pourrait mettre à mal le récit de la croissance miracle indienne. D’aucuns voient le pays devenir une véritable superpuissance économique dans les années à venir. On peut d’ailleurs ajouter que les codeurs ne sont pas les seuls à être menacés. L’IA pourrait aussi remplacer les services clients, que de nombreuses entreprises (surtout anglophones) ont externalisé en Inde.

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