Dix nouveaux business “IA compatibles”
Tour d’horizon de quelques idées d’activités ou de métiers, parmi des tas d’autres, à développer en s’appuyant sur les nouvelles formes d’intelligence artificielle.
1. Centre de formation à l’IA générative
Comprendre l’intelligence artificielle, son fonctionnement, ses possibilités et la manière de l’utiliser, voire de l’implémenter. Les besoins d’apprentissage de l’IA sont colossaux. Depuis les citoyens qui ont besoin de comprendre l’IA et ses enjeux jusqu’aux professionnels à la recherche de nouvelles compétences. Des jeunes enfants jusqu’aux seniors. Un centre dédié jouerait un rôle clé dans la compréhension de l’IA générative et de la mise en perspective de ses enjeux éthiques et sociétaux, ainsi que pour la formation de professionnels (par exemple, pour maîtriser l’art du “prompt”, voire pour devenir développeur).
Si pas mal de cursus sont d’ores et déjà proposés par les acteurs traditionnels de la formation, il n’existe pas encore chez nous d’école référence spécifique dédiée à l’IA générative. En France, il existe des initiatives en ce sens, comme l’IA School. Par ailleurs, les écoles plus innovantes n’hésiteront pas à inclure des technologies IA dans leurs processus de formation. En effet, ChatGPT et les autres IA peuvent aider au développement d’outils pédagogiques. ChatGPT permet, par exemple, d’envisager des cursus personnalisés et interactifs…
2. Un assistant marketing automatique pour réseaux sociaux
Communiquer régulièrement mais intelligemment sur les réseaux sociaux devient de plus en plus complexe pour les entreprises.
“Pourquoi pas la création d’un assistant marketing spécialisé? imagine Matthieu Vercruysse, regional EMEA lead, strategy & transformation chez Ogilvy et spécialiste de l’IA en marketing. L’outil IA analyserait tous les posts et contenus précédemment publiés. Il serait entraîné sur les guidelines de la marque, tels que la charte graphique ou le tone of voice. Il analyserait également en direct les contenus de la concurrence et générerait des contenus à la demande… ou proactivement en identifiant les occasions de communiquer, comme Halloween. Le responsable au sein de la marque approuverait, ou non, la proposition. Et bien sûr, ce service d’assistant automatisé pourrait créer des variations en fonction des formats des différentes plateformes, un post Instagram étant différent d’une vidéo TikTok.”
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Ce service s’adresserait en priorité à des PME qui ne disposent pas de milliers d’euros à dépenser chaque mois dans leur stratégie de réseaux sociaux.
3. Moteur pointu de communication personnalisée
Le monde du copywriting est sous pression. Il suffit de voir comment et à quelle vitesse ChatGPT est capable de pondre un texte général qui a du sens sur à peu près n’importe quel sujet. Le résultat ne nécessite, dans la plupart des cas, qu’un toilettage par un humain pour faire l’affaire dans le cadre d’un blog de marque ou de contenu marketing.
“L’élément différenciateur d’un acteur du copy dans le futur sera sa capacité à proposer des contenus basés sur de la donnée locale ou de la donnée unique, observe Jean-Pol Boone, fondateur de la start-up de qualification des données Inoopa. Actuellement, ChatGPT n’est pas très bon sur de l’hyper-local et n’a pas accès à des bases de données privées qui ont une valeur ajoutée forte. Il n’est, par exemple, pas capable de confirmer l’intérêt de placer des panneaux solaires sur le toit de telle ou telle maison parce qu’il n’a pas accès aux bonnes bases de données.”
De quoi imaginer un moteur conversationnel qui se situe à la frontière entre le support et l’activation de marque, l’idée étant de générer du contenu avec une vraie intelligence et qui peut prendre plusieurs formes. Soit que la start-up mette à disposition un chat sur le site d’une entreprise disposant de données bien spécifiques. Soit un moteur de recherche spécifique, avec évidemment la difficulté de générer du trafic sur cette page. Ou encore, un système de newsletter (ou de messages WhatsApp) à laquelle l’internaute peut répondre pour se lancer dans une discussion. Cela nécessite l’accès à un mix d’informations, certaines publiques, d’autres privées et bien spécifiques.
4. Coach en développement personnel
Le coaching, tout comme le développement personnel, a le vent en poupe. Si des experts en tout genre prodiguent des conseils à grand renfort de blogs ou d’applis, peu d’entre eux parviennent à personnaliser leur approche. L’intelligence artificielle générative, par contre, parvient assez facilement à le faire. “L’algorithme peut facilement envoyer quotidiennement des recommandations personnalisées sur la base du profil de l’utilisateur, explique Gabriel Goldberg, business director chez Hakacia. Il ne s’agirait bien sûr pas de reprendre simplement ce que propose ChatGPT ou une IA à la lettre. Mais bien de créer un processus complet qui apporte de l’information personnalisée par rapport aux besoins de chaque utilisateur.”
Un processus toujours alimenté par plus de datas collectées de diverses manières: quelques questions quotidiennes simples à l’utilisateur, le contexte (période de l’année, localisation, météo, etc.), des informations médicales, le rythme d’utilisation du smartphone, etc. Autant de données que l’IA peut interpréter et combiner au profil utilisateur pour lui proposer des recommandations régulières en matière de santé, de santé mentale, de bien-être, de nutrition, de fitness, etc. Bien sûr, le créneau est complexe: de nombreuses applications santé existent déjà et pourraient se lancer dans cette direction. Tout comme les géants du Net qui lorgnent avec avidité la santé.
5. Génération automatisée de logos et de graphisme
Alors que l’on croyait le graphisme et les illustrations réservés aux êtres humains, des IA génératives comme Midjourney ou Dall-E parviennent à être créatives. Bien sûr, elles sont disponibles à tout internaute, gratuitement ou à petits prix, mais ça ne suffit pas si l’on veut lancer un business sur cette seule base. La seule proposition d’une plateforme automatique ne tiendrait pas longtemps. “Quand on veut lancer une entreprise, il faut venir avec une proposition innovante, argumente Gabriel Goldberg. L’innovation peut venir du produit… ou de la méthodologie. Créer des logos avec une méthodologie qui prend en compte l’intelligence artificielle générative peut avoir du sens.”
L’amélioration de la productivité qui découle de l’utilisation de l’IA permet d’être plus abordable pour le client qu’une agence classique. Surtout, la maîtrise des outils donne un avantage car tout le monde ne sait, ou ne veut, pratiquer les IA. A l’instar des entreprises qui font appel à des agences pour créer un site web alors que cela se fait facilement avec WordPress, ou pour faire de la pub sur Google alors qu’il est possible de le faire seul, avec une carte de crédit. Tout le monde ne sait pas forcément comment s’y prendre… Ou n’a pas le temps de se plonger dans les arcanes des intelligences artificielles. Pas mal de sociétés voudront sous-traiter. Feront-elles appel à des start-up qui utilisent ouvertement l’IA? “J’en suis sûr, répond Gabriel Goldberg. La meilleure association est celle de l’humain et du robot. Cela fait sens et on peut vendre cela à un client.”
6. Agence de “prompt designers”
Pour obtenir un résultat satisfaisant d’une intelligence artificielle, il est impératif de réaliser les bonnes requêtes. Sinon, vous risquez de ne pas obtenir le résultat escompté. Tout est dans le prompt , ce terme qui désigne les instructions que l’on donne à l’ IA. Le prompt définit le contexte et les attentes afin d’obtenir des réponses de qualité de la part de l’IA.
“On parle de plus en plus de la création dans les grandes boîtes d’un prompt designer, précise Alexis Safarikas, cofondateur de Campfire AI, start-up qui intègre de l’IA communicationnelle dans les entreprises. C’est quelqu’un qui maîtrise les techniques, toujours plus spécifiques, de communication avec les IA.”
Il faut, par exemple, adapter les prompts en fonction du modèle d’IA, en tenant compte de ses capacités et de ses limites. Mais il n’est pas sûr que les firmes, surtout les PME, internalisent ce type de profils. Il y a donc de la place pour un business qui se spécialise dans la communication entreprises-IA. La mission d’une telle agence serait à la fois d’intervenir dans la conception des prompts mais pourrait aller jusqu’à la gestion des données d’entraînement et l’évaluation des résultats. Son boulot serait aussi d’ajuster et de réviser régulièrement les prompts pour maintenir et améliorer la qualité des résultats.
7. Agence de recrutement
Dans le domaine des ressources humaines, pas mal d’initiatives sont déjà lancées par les grands acteurs du recrutement, mais toute une série de start-up ont développé aussi leur solution à base d’IA, et ce même avant l’arrivée de ChatGPT et consorts. Aujourd’hui, on peut aller bien plus loin. Un spécialiste du recrutement pourrait intégrer les différentes technologies d’intelligence artificielle, à tous les niveaux, pour quasi automatiser le recrutement de candidats.
L’IA peut en effet automatiser le tri initial des C.V. sur base de critères définis par l’entreprise cliente, sélectionner automatiquement les candidats amenés à passer des tests et même leur envoyer un message personnalisé pour la prise d’un premier rendez-vous. Lequel pourrait être un appel vidéo… automatisé, durant lequel les candidats répondraient à des questions prédéfinies.
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L’IA pourrait ensuite évaluer les réponses en fonction de critères tels que l’élocution, la pertinence des réponses et les expressions faciales. Bien sûr, les algorithmes vérifieraient les références fournies par les candidats et, in fine, émettraient des recommandations aux responsables RH de l’entreprise. Ces derniers, affranchis de ce tri fastidieux et chronophage, pourraient alors se concentrer sur des tâches à valeur ajoutée, comme les entretiens finaux, les négociations salariales, la définition de la culture d’entreprise, l’intégration des nouveaux employés, etc.
8. Gestion des contenus des entreprises
Les entreprises se doivent de maintenir leurs données et leurs contenus pertinents et à jour. Ces contenus peuvent concerner des tas de domaines: la relation avec la clientèle, les formations du personnel, les outils mis en place dans la société, la communication interne, la R&D, le marketing, etc. Les intelligences artificielles peuvent ingérer ces informations, les analyser ou les trier. Cela peut impacter le rôle des responsables internes des contenus. Dans une certaine mesure, les IA vont leur libérer du temps en prenant à leur compte des tâches fastidieuses telles que l’indexation, la classification, la recherche et la surveillance des contenus. Les employés pourront alors se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée, telles que la stratégie des contenus, les interactions avec la clientèle, l’innovation dans la gestion des contenus d’entreprise.
“Les entreprises vont devoir s’assurer qu’elles ont le bon contenu, mis à jour en permanence, pour éviter que les moteurs d’IA ne tournent pour rien sur des mauvais contenus, ce qui coûterait temps et argent, souligne Alexis Safarikas, de Campfire. Cela va nécessiter de nouvelles compétences ou de faire appel à des externes. Y compris des spécialistes dans de nouveaux types de bases de données qui permettent de structurer le contenu pour que l’IA soit plus performante.” Toutes les activités liés à la donnée devraient rencontrer un intérêt grandissant pour améliorer les datasets. Des consultants extérieurs hyper-spécialisés pourront y trouver de nouveaux débouchés.
9. “One-stop shopping” pour optimiser les e-commerces
Les défis que relèvent les petites boutiques en ligne qui tentent de s’imposer dans un océan d’offres en ligne sont nombreux: concurrence, visibilité, génération de contenus, logistique, gestion des coûts, etc. Face à des mastodontes comme Amazon ou Zalando, difficile de rivaliser. Pourtant, ces petites boutiques (souvent lancées par des commerçants locaux) peuvent aussi tirer profit de l’IA.
Un spécialiste de la tech pourrait mettre à disposition un “couteau suisse” de l’IA, c’est-à-dire une série de fonctionnalités spécifiques à l’e-commerce. Car dans le domaine de la vente en ligne, les intelligences peuvent aller très loin: recommandations de produits, personnalisation du contenu du site, des e-mails marketing et des publicités, chatbot, assistance client automatisée, prévision des tendances et de la demande, analyse des commentaires et avis afin d’en dégager des tendances, identification des problèmes et amélioration de la satisfaction client…
10. Freelances 4.0 et “side projects”
“Si un travailleur parvient à correctement utiliser ChatGPT et les outils IA dans son domaine, il multipliera fortement son efficacité et sa productivité, prédit Alexis Safarikas. Il va pouvoir faire son job de manière plus rapide ou s’affranchir de tâches fastidieuses ou répétitives.” Cela peut rendre le statut d’indépendant plus attractif en se positionnant comme freelance “augmenté”. Un freelance va pouvoir utiliser des outils d’IA pour planifier et gérer sa charge de travail, ses finances et son administration. Il pourra en effet automatiser les tâches administratives et répétitives, telles que la gestion des factures, la planification des rendez-vous, la classification des e-mails…
La liste des outils d’IA à implémenter est colossale. De quoi devenir bien plus efficace et engranger plus de clients. Et cela ne concerne pas que les freelances: un salarié qui deviendra plus efficace pourrait plus facilement gérer un projet parallèle, en plus de son job.
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