Comment faire du business avec ChatGPT ?

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Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

La génération automatique de contenus par des algorithmes affole de nombreuses professions, chahutées ou menacées. Mais les plus optimistes voient dans ces nouvelles technologies des opportunités de développer de nouvelles entreprises, de dessiner de nouveaux métiers, voire d’optimiser ou réorienter fortement leurs activités actuelles.

“Je crée un business en 40 minutes avec ChatGPT.” “Avec 100 dollars, cet internaute crée son entreprise avec les conseils de ChatGPT et la valorise à 25.000 dollars.” “Créez votre entreprise en sept étapes grâce à ChatGPT.”

Sur le web, pullulent les articles remplis d’astuces pour lancer sa boîte à l’aide de la plus célèbre des intelligences artificielles génératives (ces IA capables de créer, à la demande, un contenu neuf et créatif sur la base des données existantes). Il faut dire qu’ils fascinent, ces robots d’un genre nouveau.

Les plus craintifs continuent d’y voir d’innombrables menaces. Mais les plus optimistes, voient dans l’IA de nouvelles possibilités d’augmenter l’efficacité et la productivité des travailleurs… et donc des entreprises. Voire de dégoter de nouvelles opportunités de business, élaborés en tout ou en partie grâce aux algorithmes de ChatGPT (lancé par la firme OpenAI) et consorts.

Comme n’importe quelle nouvelle technologie, l’IA donne des idées. Et certains entrepreneurs ont d’ores et déjà entrepris d’en saisir les opportunités. Il faut dire que ChatGPT, Midjourney, HeyGen, etc. ont développé des IA que les internautes peuvent exploiter (en partie gratuitement) via leur site. Mais les entreprises traditionnelles ou les start-up peuvent aussi s’y connecter via des “API”.

Ces API sont des solutions permettant à deux logiciels de communiquer entre eux, pour développer de nouveaux services. Le mécanisme est simple: OpenAI permet à n’importe quel développeur d’accéder, via ces API, aux capacités de son célèbre chatbot intelligent et de les intégrer dans sa propre solution. Et cela fonctionne avec de nombreux autres fournisseurs d’IA génératives. De quoi permettre aux entrepreneurs les plus aventureux d’imaginer de nouveaux services innovants.

Grande ou petite entreprise

Certains se lancent d’ailleurs dans l’aventure en initiant de nouvelles start-up, tandis que pas mal de (grandes) entreprises existantes seront amenées à lancer de nouveaux services à base d’IA. Dans beaucoup de cas, ces sociétés-là, challengées ou non par l’IA générative, auront tendance à intégrer cette technologie dans leurs offres de services, créant de nouveaux métiers ou de nouvelles fonctions en interne. Mais dans la plupart des cas, ces fonctions ou ces produits peuvent aussi donner lieu à des start-up ou entreprises dédiées, 100% spécialisées.

Ainsi, certains imaginent, par exemple, la généralisation dans les grandes entreprises d’un chief cognitive officer qui serait une position de direction chargée de gérer les flux d’intelligence et d’interaction entre les êtres humains et les algorithmes, en veillant à ce que l’IA et les technologies cognitives soient intégrées de manière stratégique pour améliorer les opérations, l’efficacité et la prise de décisions. Une fonction qui pourrait tout aussi bien être sous-traitée à une agence de consultance spécialisée en la matière qui posséderait des outils et mettrait à disposition des experts consultants.

Sur papier, l’IA générative permet d’imaginer un nombre incalculable de nouveaux business, services ou process internes dans les entreprises. Mais pas n’importe comment. Et pas à n’importe quelles conditions. Cela requiert, évidemment, une solide expertise technique, des compétences en apprentissage automatique, en traitement du langage naturel, en informatique et en gestion de données.

Et des données, justement, il en faut. Les modèles d’IA générative exigent un accès à des données spécifiques et de haute qualité pour l’entraînement. Il faut disposer de jeux de données suffisamment vastes et représentatifs pour obtenir des résultats précis. Selon les cas d’usage, il peut s’agir de données textuelles, de données photo, vidéo ou audio, des données structurées (tableaux Excel, bases de données, etc.). Idéalement, ces datas doivent aussi se distinguer des données disponibles à tous, dont les ChatGPT et autres. “Les acteurs qui seront pertinents dans l’IA générative, observe Jean-Pol Boone, cofondateur d’Inoopa, start-up spécialisée dans la data, seront ceux qui disposent de base de données et d’informations très spécifiques, que ChatGPT et tous les autres n’ont pas.”

Agilité et Damoclès

Bien sûr, tout projet d’IA se heurtera, potentiellement, au marché de ChatGPT, Anthropic, Google ou d’autres qui ont pris de l’avance et qui, pourraient, un jour, se lancer sur le même créneau. Une épée de Damoclès semblable à celle de toute start-up du numérique qui peut, un jour ou l’autre, voir débarquer un des géants de la tech sur son marché. Surtout que l’on ignore encore tout ce que l’IA sera vraiment capable de faire dans les mois et années à venir, en fonction de son entraînement actuel.

Laurent Alexandre (expert en IA)
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“Ceux qui lancent des business dans le domaine devront être capables de pivoter rapidement, être résilients et ne pas hypothéquer leur maison.” Laurent Alexandre (expert en IA)

Cela refroidit d’ailleurs Laurent Alexandre, observateur spécialisé et bien connu du secteur. L’homme est connu pour ses punchlines qui secouent les auditoires des nombreuses conférences où il s’exprime. Cet énarque a généralement réponse à tout. Son avis est tranché et sans langue de bois… Surtout quand il s’agit de prospective concernant l’intelligence artificielle. Alors quand Laurent Alexandre se dit ennuyé d’apporter une réponse à une question qu’on lui pose, cela surprend. “Des idées de nouveaux business construits autour de ChatGPT et des IA génératives? On peut en imaginer tout plein, mais cela m’ennuie de les donner…” Non pas que l’auteur et conférencier souhaite se relancer dans des aventures entrepreneuriales (il a créé et revendu Doctissimo puis a fondé et investi dans plusieurs entreprises d’IA). Il dit plutôt craindre d’envoyer des entrepreneurs au casse-pipe.

“Lancer aujourd’hui un business qui se base sur l’IA générative ou gravite dans ce domaine relève du défi, souligne d’emblée Laurent Alexandre. Cela bouge tellement vite et le créneau est de plus en plus occupé par les géants Microsoft-OpenAI, Google, Facebook, Amazon-Anthropic, etc. que beaucoup de business models que l’on imagine aujourd’hui sont potentiellement déjà morts. Les start-up ne durent pas longtemps et beaucoup d’entrepreneurs de la tech sont contraints de pivoter rapidement. Les experts ne s’entendent pas sur les évolutions de l’IA et le futur de cette technologie est particulièrement peu prédictible. Ceux qui lancent des business dans le domaine devront être capables de pivoter rapidement, être résilients et ne pas hypothéquer leur maison. Car le risque a rarement été aussi fort!”

Une autoroute devant soi

De son côté, Gabriel Goldberg, qui avait lancé Semetis, l’une des agences pionnières en marketing sur Google et est désormais business coach en digitalisation chez Hakacia, estime que les opportunités seraient toutefois bien réelles.

Gabriel Goldberg (Hakacia)
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“Je suis convaincu qu’arriver avec une belle proposition sur un marché local où pas mal de sociétés sont perdues et ont besoin d’accompagnement, cela a du sens.” Gabriel Goldberg (Hakacia)

“Ce type de discours, je l’ai entendu quand j’ai lancé mon agence il y a 15 ans. Et oui, l’évolution du marché de la tech est telle qu’un géant peut arriver sur votre marché, que les technologies évoluent et qu’il faut pouvoir se réinventer, évoluer. Et certainement plus vite encore dans le monde de l’IA. N’empêche, je suis convaincu qu’arriver avec une belle proposition sur un marché local où pas mal de sociétés sont perdues et ont besoin d’accompagnement, cela a du sens. Surtout dans le service où, si l’on fait les choses bien et en proximité, le risque demeure limité. Car les grandes boîtes tech ignorent ces marchés: elles restent dans leur tour d’ivoire et ne sont pas faites pour investir dans l’intégration de l’humain sur des marchés de proximité: cela leur demanderait de multiplier leurs équipes par 10. Cela laisse une autoroute devant soi…”

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