Clarisse Ramakers (Agora): “L’intelligence artificielle et ChatGPT ne vont pas tout déstructurer”
Dans notre Trends Talk, la directrice générale de la fédération wallonne de l’industrie technologique insiste sur la nécessité d’embrasser le changement et insiste sur l’importance de la formation tout au long de la vie.
Clarisse Ramakers, directrice générale d’Agoria Wallonie, est l’invitée de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. Agoria, la plus grosse fédération sectorielle avec plus de 2000 entreprises, représente l’industrie technologique et se trouve au cœur des changements vertigineux de notre époque digitale.
Le leitmotiv de Clarisse Ramakers : le changement est porteur de positif, ce n’est pas le monstre dénoncé par les conservateurs de tous bords. « J’ai la chance d’être en contact avec des entreprises qui relèvent les défis sociétaux de demain, dit-elle. On le voit avec tout ce qui concerne le développement durable et l’enjeu climatique. Pas mal d’entreprises créent des innovations et ce sont des membres d’Agoria. Et à titre personnel, je trouve que globalement, le changement est quelque chose qui permet d’avancer et de se projeter dans l’avenir. »
Des cadres législatifs nécessaires
Faut-il dès lors embrasser les innovations technologiques, parfois vertigineuses ? « Aborder quelque chose avec crainte, c’est déjà mettre un biais par rapport à la manière dont on va aborder la problématique. Maintenant, il est clair que nous devons avoir des cadres législatifs, notamment par rapport à l’intelligence artificielle, avec une attention particulière au fait d’avoir un cadre européen afin que toutes les entreprises de la zone euro soient considérées de la même manière. » Avec un regard sur ce qui se passe ailleurs pour ne pas abimer la compétitivité de nos entreprises.
Son regard sur la révolution ChatGPT, dont on parle tous les jours ? L’économiste Bruno Colmant affirme que cela va « tout chambouler ». « On considère souvent les évolutions technologiques comme des évolutions à court terme sans nécessairement voir leur impact à long terme. Il faut parfois raison garder. L’intelligence artificielle existe depuis plus de cinquante ans. Depuis 2008, avec les évolutions en terme de puissance de calcul et d’algorithme, on a renforcé l’auto-alimentation des systèmes de manière à aboutir à des systèmes comme ChatGPT. Cela ne va pas tout déstructurer comme le disait Bruno Colmant, mais cela va changer notre manière de travailler. »
L’importance de la formation
Clarisse Ramakers précise : « Selon les études, les gens qui sont très bons dans leurs métiers sont encore meilleurs grâce à ces innovations. Par contre, ceux qui sont un peu à la traîne ont plus de mal à monter dans le train. C‘est pour cela que l’on doit beaucoup renforcer la formation tout au long de la vie. Je peux comprendre que cela fasse peur de se dire que l’on n’aura jamais fini d’apprendre, mais moi, je trouve que c’est une bonne chose. »
La directrice général d’Agoria Wallonie souligne encore, dans notre Trends Talk, que l’innovation est indispensable pour la compétitivité de nos entreprises, alors que le coût du travail est élevé. Elle épingle les entreprises pionnières : Gitech ou Valeo dans le sous-traine automobile, Aerospacelab ou I-Care qui sont en forte croissance… L’enjeu, c’est précisément de trouver suffisamment de personnel qualifié.
« Un écosystème en péril »
Clarisse Ramakers regrette aussi que le cadre fisal belge ne soit pas toujours à la hauteur des enjeux et regrette notamment les réformes des droits d’auteur ou du précompte professionnel de chercheurs. « C’est tout un écosystème que l’on met en péril », prévient-elle.
Un entretien de fond passionnant, en boucle ce week-end sur Canal Z.
Trends Talk
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