Après quoi court Meta avec son nouvel assistant d’iA ? 

Illustration. © Getty Images
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Le lancement d’une application dédiée Meta AI est un évolution majeure pour le groupe de Mark Zuckerberg. Surtout quelques semaines à peine après l’intégration de son chatbot intelligent dans Whatsapp et le changement de ses conditions d’utilisation des données des utilisateurs. Que cherche Meta ?

C’est un lancement très stratégique. Après des mois passés à expérimenter l’intelligence artificielle générative en coulisses de ses réseaux sociaux, le groupe de Mark Zuckerberg entre pleinement dans la course aux assistants d’IA, un terrain déjà bien occupé puisque Meta se positionne en concurrent direct de ChatGPT (OpenAI) et de Gemini (Google). Meta AI, lancée il y a deux jours, est une application indépendante, conversationnelle, textuelle ou vocale, alimentée par le dernier modèle LLaMA 4 de Meta.

Jusque là, Meta a intégré l’intelligence artificielle comme un outil d’optimisation de ses plateformes sociales, sans en faire un produit séparé. Désormais, elle devient un produit à part entière. Une réponse à la montée en puissance des modèles d’assistants personnels intelligents, qui sont au cœur de la nouvelle bataille numérique.

L’assistant personnel de tout humain

Ce que vise Meta ? Comme les autres, à terme, la firme de Zuck’ espère prendre la place de l’assistant personnel universel. L’interface à qui l’on parle pour tout : organiser son agenda, chercher un produit, gérer ses photos, rédiger un email, planifier un voyage. L’outil unique, toujours présent, capable de comprendre le contexte, les préférences, les intentions. L’interface vocale ou textuelle qui remplacerait progressivement les écrans, les moteurs de recherche, les claviers. Mark Zuckerberg n’a-t-il pas un jour déclaré qu’il s’attendait à ce que le smartphone disparaisse ?

Derrière cette course se dessine un enjeu encore plus vaste : celui de l’intelligence artificielle générale (AGI). Tous les géants tech en rêvent. Une IA capable de raisonner, d’apprendre, de s’adapter à tous les contextes, pour offrir des services toujours plus personnalisés. Le premier à s’imposer comme assistant “généraliste” aura une longueur d’avance décisive dans cette direction. L’enjeu fondamental car si les assistants IA deviennent suffisamment puissants pour répondre directement aux besoins des utilisateurs, alors taper une requête dans un moteur de recherche pourrait devenir obsolète. Et c’est donc la place de Google, le leader de l’accès au Web, qui est en jeu. L’IA comme nouveau « search » en quelque sorte. Et ce serait une révolution économique quand on sait le poids de Google dans le search et donc la pub en ligne…

Marché chargé mais un gros atout pour Meta

En lançant Meta AI sous forme d’application autonome — donc sans passer par Facebook, Instagram ou WhatsApp — Meta ne veut plus seulement ajouter de l’IA à ses services, mais bien  faire de l’IA un service en tant que tel. Cette application, déjà dotée d’un mode vocal “full-duplex” proche de la fluidité d’un appel téléphonique, incarne cette ambition.

Bien sûr, la bataille ne fait que commencer et le marché est déjà bien dense. ChatGPT, Gemini, Claude, Perplexity, tous se battent pour occuper l’espace. Mais Meta dispose quand même d’un solide avantage : son audience native. Au travers de Facebook, Instagram et Whatsapp, Meta dispose d’un écosystème puissant reposant sur trois milliards d’utilisateurs. L’effet de levier est potentiellement colossal. Si Meta parvient à convertir une fraction de cette base vers Meta AI, cela fait revenir rapidement le groupe dans la danse. Surtout si la firme parvient à montrer que son assistant est plus performant que les autres. Voilà aussi pourquoi, depuis quelques semaines, le groupe Meta intègre massivement, son charbon intelligent à son service Whatsapp (p’tit rond bleu dans l’appli). Cela lui permet de le faire entraîner par des millions d’utilisateurs et ainsi l’améliorer. Meta a aussi changé ses conditions d’utilisation en forçant un peu les choses : par défaut, les contenus public de ses utilisateurs peuvent, depuis quelques semaines aussi, être mouliné par son IA…

Pour le groupe, l’IA n’est plus une brique technologique, mais un produit central. Un pivot stratégique et peut-être, dans un avenir plus proche qu’on ne le pense, le cœur d’un nouveau modèle de plateforme et de business.

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