La Flandre offre 117 000 emplois, 51 Wallons sollicitent : une “manipulation” qui profite à qui?
Le patronat flamand affirme qu’il doit aller chercher… au Mexique ou en Inde la main-d’œuvre nécessaire. Cela nourrit un débat important, alors que le relèvement du taux d’emploi est une priorité. Mais le Forem s’insurge: les données sont délibérément détournées.
Tom Ongena, député flamand et actuel président intérimaire de l’Open VLD, a interpellé l’organisme flamand pour l’emploi, le VDAB. Question : combien d’offres d’emploi ont-elles été envoyées à son homologue wallon, le Forem ? Réponse : 117 000 l’année dernière. Et combien de Wallons ont-ils sollicité ? La réponse fait mal à entendre : 51, à peine…
Selon le Standaard, qui révèle l’information, ce n’était guère mieux à Bruxelles. Tom Ongena en tire une leçon évidente : “Cette collaboration doit être améliorée et les organismes pour l’emploi doivent pouvoir sanctionner les chômeurs quand ils ne font pas assez d’efforts. » L’activation des chômeurs et les sanctions, c’est une demande des libéraux, mais la Vivaldi ne peut s’entendre à ce sujet.
Le Forem dénonce toutefois ces chiffres: “117 000 offres d’emploi, c’est exact. 51 inscrits wallons au VDAB, c’est exact. Mais on ne peut pas mettre les deux chiffres en corrélation. Il y a bien plus de francophones qui sollicitent en Flandre, notamment via les offres d’emploi que nous relayons, et ils étaient 45 0000 à y travailler en 2022.” Le Forem dit aussi multiplier les efforts pour encourager cette mobilité transrégionale.
Missions en Mexique et en Inde
Cette “manipulation” a de quoi donner du grain à moudre à la N-VA, qui ne cesse de marteler la nécessité d’être plus agressif dans ce domaine. Et qui critique le gouvernement De Croo, accusé de ne pas être assez proactif. ‘Nous avons visité le Hainaut avec un certain nombre de parlementaires N-VA, mais ils ne connaissent même pas le VDAB”, déplore Maaike De Vreese, députée flamande N-VA.
Le Voka de Flandre occidentale souligne d’ailleurs qu’il envisage des missions en Inde et au Mexique pour décrocher les talents nécessaires, alors que l’économie flamande est au temps emploi. « Il ne s’agit pas d’une politique de frontières ouvertes », précise l’organisation patronale. En attendant, il ya de quoi se poser des questions, à l’heure où la priorité pour la Belgique consiste à relever le taux d’emploi pour atteindre les 80% en 2030, un défi qui veut surtout du côté francophone.
« Situation surréaliste »
« Cette situation est surréaliste, souligne Gilles Vanden Burre, chef de groupe Ecolo-Groen à la Chambre, qui suit de près ce dossier. Avant de faire de telles missions, il est urgent de prendre des mesures pour encourager les Francophones à aller travailler en Flandre et de revoir notre politique d’asile pour permettre à davantage de personnes d’obtenir un permis de travail. »
Réplique d’Etienne Dujardin (MR) : « Peut-être temps qu’Ecolo arrête de refuser toutes les réformes du travail et les sanctions… » Aux yeux de l’écologiste, ce n’est pas le sujet : « Les sanctions et les punitions ne fonctionnent pas, comme le démontrent toutes les études en la matière. La formation et l’encouragement, y compris financier, sont les solutions à intensifier et à prioriser. »
En attendant, la manipulation est consternante, la situation reste préoccupante et la N-VA se frotte les mains.
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