Des assiettes vides pour attirer l’attention sur les enfants en situation d’extrême pauvreté en Belgique

© Getty

Du 16 au 22 octobre, la Pelicano Fondation organise la Semaine Contre La Pauvreté Infantile afin de sensibiliser citoyens et politiques et les encourager à agir contre le problème croissant de la sous-alimentation chez les enfants.

Tout comme les Restos du Cœur, des fondations comme Pelicano, qui joue un rôle central dans la lutte contre la pauvreté infantile en Belgique, ne devraient pas exister… Et pourtant durant cette Semaine Contre La Pauvreté Infantile, organisée comme l’année passée par la fondation du 16 au 22 octobre, Pelicano Fondation se doit d’être plus présente que jamais, d’autant que les chiffres sont alarmants.

Quelque 2.144.000 Belges, soit 18,7% de la population belge, courent un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, ressortait-il des chiffres de la pauvreté pour l’année 2022 publiés par Statbel (office belge de statistique), à la mi-février de cette année. Dans le détail, cela veut dire que 3,2% des Belges vivent dans un ménage dont le revenu total disponible est inférieur au seuil de pauvreté. Par ailleurs, 11,5% de la population vit dans un ménage à faible intensité de travail et 5,8% des Belges souffrent de privation matérielle et sociale sévère, selon ces statistiques.

Des chiffres qui inquiètent

Six mois plus tard, les chiffres concernant la pauvreté infantile sont tout aussi alarmants. En effet, les données du Centre d’expertise pour le budget et le bien-être financier de Thomas More (anciennement CEBUD) révèlent que le budget alimentaire minimum des familles belges avec de jeunes enfants aurait augmenté de 27,6 % en 2023 par rapport à 2021. En 2021, le budget minimum pour des courses alimentaires pour une famille avec deux jeunes enfants âgés de 4 à 11 ans était de 563,2 euros par mois, ce montant est passé à 615,1 euros en 2022, soit une augmentation de 16,8%. Avant de s’envoler à 718,3 euros par mois en 2023… Ces chiffres traduisent les pressions financières croissantes auxquelles sont confrontées les familles belges au quotidien.

Les statistiques avancées par Statbel, concernant la pauvreté infantile, ne sont guère plus encourageantes puisque 2,9 % des enfants belges âgés de 0 à 15 ans n’ont pas pu prendre un repas nutritif par jour en 2021 en raison de contraintes financières, révèle Pelicano.  Cela représenterait environ 59.978 enfants en 2023, souligne la fondation qui a fait une projection, car il n’y a pas de données plus récentes de Statbel*.

Des assiettes vides

« Derrière ces statistiques se cachent de vrais enfants, des enfants qui luttent chaque jour pour obtenir suffisamment de nourriture adéquate, rappelle Christiaan Hoorne, administrateur délégué de Pelicano. Il est temps de s’attaquer à ce problème de manière structurelle, car aucun enfant ne devrait souffrir de la faim dans notre pays. »

Cette année, c’est une assiette vide qui a été choisie comme symbolique de la Semaine Contre La Pauvreté Infantile. Et pour s’y attaquer, la fondation Pelicano lance une action sur les réseaux sociaux: se prendre en photo avec une assiette vide, et partager cette photo en mentionnant #semainecontrepauvreteinfantile et en taguant @pelicano.be.

Parallèlement à cette action, Pelicano Fondation collabore avec des chefs renommés (Peter Goossens, Nick Bril, Dominique Persoone, Piet Huysentruyt et Tim Boury), qui mettent à leur disposition une assiette vide dédicacée. Ces « assiettes vides » sont ensuite transmises à des artistes pour être décorées, avant d’être vendues aux enchères au profit de la cause de la fondation.

« Une assiette vide symbolise tout ce qui manque à un enfant : une alimentation saine, des vêtements adaptés à la saison, des soins médicaux ou paramédicaux, l’hygiène, des possibilités d’éducation et des activités de loisirs, explique Christiaan Hoorne. Autant de manques qui conduisent souvent à l’exclusion sociale. Les fonds récoltés sont mis à la disposition des partenaires sociaux, qui assurent le suivi des enfants et des jeunes. L’aide parvient donc directement à chaque enfant ».

Conséquences du manque de nourriture

Mais cette assiette vide souligne aussi l’importance d’être alerte à toute indication visible qu’un enfant est en situation de pauvreté. Si selon Pelicano, la pauvreté n’est pas toujours immédiatement détectée dans les écoles ou dans la société, une boîte à tartines vide peut justement être un indicateur de la situation familiale difficile d’un enfant.

De plus, en travaillant avec des partenaires sociaux tels que les écoles et les CPAS afin d’accompagner chaque enfant personnellement, avec un soutien jusqu’à l’âge de 18 ans, la Fondation s’efforce de venir, autant que possible, en soutien aux actions menées par les autorités fédérales, régionales et locales.

Que cela soit une assiette vide, une boîte à tartine vide, tout ceci doit être un avertissement d’un manque de nourriture. Et de souligner que ce manque de nourriture « entraîne non seulement une faim physique, mais aussi un stress émotionnel et psychologique ainsi que des carences qui peuvent sérieusement entraver la croissance et le développement de ces enfants. En outre, la pauvreté ne se résume pas à une assiette ou à une boîte à tartines vide, mais implique également l’absence de nombreux autres besoins fondamentaux, tels que vêtements adéquats, soins médicaux, hygiène, ressources éducatives et activités de loisirs. »

Et “malheureusement, tous ces éléments conduisent souvent à l’exclusion sociale”, conclut Christiaan Hoorne.

* Ce nombre a été calculé sur la base des chiffres de population de janvier 2023 de Statbel.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content