Créations vs faillites: les contrastes de l’année 2024 sont nombreux pour les entreprises

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Pascal Flisch RESEARCH & DEVELOPMENT MANAGER - Trends Business Information

Alors que les taux d’intérêt amorcent une baisse lente, les entreprises ont beaucoup de mal à maintenir leurs marges. Les discours alarmistes se multiplient et les indices de confiance végètent.

Mais le dynamisme de l’économie dépend de nombreux facteurs et l’appétence pour la création de nouvelles entreprises en est un solide. Bien que les chiffres ne soient pas encore stabilisés, on en compte déjà 135.468 au 31 décembre 2024. C’est 4.573 de plus qu’en 2023 (+3,5%) et même 1.339 de plus qu’en 2021, qui avait pourtant établi un nouveau record en la matière.

Derrière les nombres absolus, les types d’activités privilégiées donnent l’orientation que nos jeunes entrepreneurs veulent donner à l’économie de demain. Les 10 activités les plus populaires sont les suivantes :

On notera pour commencer que 50% des activités les plus populaires de l’année sont, malgré tout, en baisse par rapport à 2023. Deux activités médicales trouvent leur place dans ce top 10 et sont en progression constante. Les services se taillent la part du lion. La construction générale est encore représentée, mais en baisse par rapport aux 3 dernières années, sous la barre des 3.000 entités.

Même s’il faut encore être prudent sur les chiffres, la hausse enregistrée vient principalement  de la Région bruxelloise, avec une hausse de 3.395 unités (+23,64%). Les entreprises étrangères, qui étaient moins nombreuses à venir s’installer en Belgique ces dernières années, semblent revenir et trouver encore une certaine attractivité à notre pays, puisqu’elles sont 9.366 (+ 33,53%) à avoir entamé une nouvelle aventure en Belgique cette année. Par contre, au vu des chiffres actuellement disponibles, la Région wallonne comptabilise 526 starters de moins qu’en 2023 (-1,8%) et  la Région flamande en est à -1.574 (-2,02%). On arrivera finalement peut-être à un statu quo dans ces régions, mais pas beaucoup plus.

Les arrêts

En face de ces nouvelles entreprises, 99.741 autres ont par contre arrêté leurs activités. Même si les chiffres ne sont pas définitifs non plus, on n’atteindra pas les 109.829 de 2023.

Ici aussi, la nature des activités concernées est révélatrice des difficultés du moment, du déclin de certains secteurs … et de ce que les générations précédentes exerçaient avant de partir en pension.

Le top 10 s’établit comme suit cette année :

L’horeca et la construction sont les plus représentés. Pas étonnant vu la conjoncture particulièrement défavorable en 2024 pour ces deux secteurs.

70% des arrêts d’activités sont le fait d’indépendants. C’est normal, vu qu’ un indépendant qui arrête le fait réellement tandis qu’une société peut être remise et continuer son activité avec de nouveaux actionnaires. Par contre, le pourcentage se renforce un peu chaque année, avec le départ en pension des baby-boomers. Au total, Bruxelles est la seule région qui gagne de nouveaux indépendants (+2.246). La Région flamande en perd 4.749 et la Région wallonne en perd 2.004.

L’indicateur qui fait le plus parler de lui : les faillites

On compte au total 11.592 jugements de faillites en 2024. 400 d’entre eux concernent des associés, qui sont emmenés dans la faillite de leur entreprise. Le chiffre net des entreprises défaillantes est donc de 11.192. Un peu plus de 46% des faillites le sont sur assignation. C’est un peu moins que les 50% attendus. C’est aussi une augmentation de 7% par rapport à 2023 et démontre d’une réelle dégradation de la santé financière de nos entreprises. Mais on n’est toujours pas au nombre de jugements de 2019, qui se montait à 11.908, associés compris. Globalement, au vu des 1.560.000 entreprises actives en Belgique, on reste finalement sur un raisonnable taux de défaillance général de 0,72%.

2.302 faillites concernent des indépendants. Leur taux de défaillance, 0,36%, reste donc largement inférieur à celui des personnes morales, de 0,96%.

Les 10 secteurs les plus touchés sont :

Les secteurs les plus touchés sont les classiques Horeca, la construction et le transport. Ils atteignent des taux de défaillance inquiétants, bien au-dessus de la moyenne nationale. On notera cependant la baisse importante du nombre brut des faillites dans les restaurants (-7,56%), même si le taux de défaillance reste très élevé. Hors du top 10, l’industrie compte 143 faillites sur un peu plus de 59.000 entreprises actives. C’est un taux de défaillance de 0,25% seulement. Mais les difficultés à y atteindre une rentabilité suffisante n’encouragent pas les créations, qui se contentent de compenser les disparitions.

La Région flamande enregistre une augmentation de ses faillites (+ 6,3%) qui la mène à un chiffre record de 6.350 jugements. Mais elle n’atteint finalement que sa juste proportion. 56,8% des faillites pour 57,5% des entreprises actives. C’est Bruxelles qui connaît la plus forte hausse (+14,55%). Avec 17,55% des jugements, la région dépasse de loin sa proportion naturelle de 12,7% des entreprises actives. Mais ce n’est qu’un effet de rattrapage, puisqu’il y avait trop peu de faillites les dernières années.

À côté des faillites on compte aussi 6.000 dissolutions judiciaires en 2024. C’est moins que les 6.500 de l’année passée, mais cela confirme la détermination des tribunaux à chasser les sociétés fantômes.

Conclusion

Le nombre de faillites augmente et bat son record en Région flamande, mais vu que la population des entreprises continue à croître, les proportions restent contenues. Ces chiffres ne sont finalement toujours pas inquiétants. Par contre, notre économie confirme son orientation tertiaire. On ne constate par exemple aucune trace de réindustrialisation. Le secteur reste stable, avec +/- 59.300 entreprises actives. Le vieillissement de notre population se traduit dans les créations d’entreprises. La production ne trouve plus vraiment sa place dans notre économie. Le danger est de tomber dans une économie qui ne crée plus de richesse brute, mais se contente de recycler l’argent créé par les générations précédentes.

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