Concertation sous tension : syndicats et patronat face aux réformes

Thierry Bodson (FGTB), lundi, alors que quelque 30.000 personnes ont manifesté à Bruxelles.

Les syndicats et le patronat ont été reçus mercredi par le Premier ministre Bart De Wever et ses vice-premiers ministres. Il s’agissait de la première rencontre entre le kern et le Groupe des Dix depuis l’entrée en fonction du nouveau gouvernement.

Ce premier rendez-vous s’est glissé dans une atmosphère tendue: les syndicats ont appelé à une manifestation nationale ce jeudi contre les mesures du nouveau gouvernement, et la CSC et la FGTB ont également déjà promis une grève générale.  Pour autant, le ministre de l’Economie et de l’Emploi se montrait optimiste à son arrivée. “Il y a un premier signal donné par les syndicats (avec les actions déjà annoncées, ndlr). On l’entend, mais je suis ici pour entamer un dialogue et tendre les bras à la concertation sociale. Certains éléments de l’accord doivent être mis en oeuvre rapidement, mais il y a de la marge sur d’autres volets”, a assuré David Clarinval.

Le ressenti variait néanmoins fortement d’un banc à l’autre à l’entame de cette première prise de contact. Pour la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), en invitant rapidement les partenaires sociaux autour de la table, le gouvernement envoie “un signal fort” sur l’importance du dialogue. 

“Il y a eu un vote le 9 juin dernier et il y a maintenant un accord”, a cependant rappelé l’administrateur délégué de la FEB, Pieter Timmermans. “Les mesures annoncées sont là pour rattraper les vingt dernières années. On est maintenant au pied du mur. La ligne est claire: les réformes doivent être faites, au niveau des pensions et du marché du travail. Ce dont on peut discuter, c’est de la manière dont on va les faire.”

Quant au mouvement de jeudi, M. Timmermans le juge “anti-social”. “Qu’est-ce qu’on est en train de faire? Mettre encore davantage en difficulté les entreprises, et donc l’emploi. On s’apprête donc à tuer son propre emploi.” L’Union des Classes moyennes se veut elle positive. “Malgré le contexte difficile, la concertation a déjà connu des moments plus compliqués”, estime son président Pierre-Frédéric Nyst. “L’accord contient beaucoup d’éléments favorables aux PME, il faut maintenant absolument éviter qu’elles soient paralysées.”

Un accord “très dur” pour le monde du travail

Côté FGTB, on estime que les syndicats et le patronat ne sont pas perçus sur un pied d’égalité par les nouveaux membres de l’exécutif. Pour le président Thierry Bodson également, la ligne est claire. “L’accord prévoit de casser des conventions existantes, sur les fins de carrière, les prépensions, etc. Nous ne sommes pas d’accord. On nous demande de faire de la concertation, mais sur des éléments bien précis, en donnant un ‘quinze’ d’avance au patronat. Ce n’est pas notre vision.” “L’accord est très très dur pour le monde du travail, qui devra assumer au moins deux tiers des 22 milliards d’euros d’économie”, résume la secrétaire générale de la CSC, Marie-Hélène Ska. “On punit également ceux qui sont malades, qui n’ont pas de travail, ce n’est pas un modèle social qui nous semble convenir pour l’avenir.”

Quant aux futures actions, “le mandat de nos instances est très clair”, avertit la syndicaliste. “Nous allons continuer, de manière régulière, à expliciter et à dénoncer un certain nombre de mesures qui nous semblent disproportionnées.”

CSC et FGTB appellent à la grève générale le 31 mars

Les syndicats chrétien (CSC) et socialiste (FGTB) ont arrêté la date du 31 mars pour mener une grève générale, a fait savoir mercredi la CSC, confirmant une information du Soir.

La FGTB avait confirmé le 4 février qu’elle allait mener une grève générale pour contester les mesures de l’Arizona, dont elle qualifie l’accord gouvernemental de “déclaration de guerre” contre l’ensemble du monde du travail. Le syndicat socialiste expliquait alors que cette grève constituerait le “début d’un marathon de résistance”, prévu durant toute la législature. La CSC a indiqué mardi qu’elle se joindrait au mouvement. Elle précise que de nombreux travailleurs sont en colère face aux mesures de l’accord de gouvernement de la coalition Arizona (N-VA, MR, CD&V, Les Engagés, Vooruit). “Il y a un manque de respect de manière globale. Il faut envoyer un signal clair”, commentait un porte-parole.

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