Propositions indécentes

Tiger Woods a reçu une proposition de 800 millions de dollars pour rejoindre le circuit dissident saoudien. © BelgaImage

Huit cents millions de dollars: c’est l’un des chiffres les plus fous de l’histoire du golf, voire du sport. Et c’est le montant proposé à Tiger Woods pour rejoindre le LIV Invitational, le nouveau circuit dissident saoudien qui met actuellement le vénérable sport de St.Andrews sens dessus dessous. Grand seigneur et fidèle au PGA Tour américain, le mythique champion a décliné le pactole. Mais le message subliminal est évidemment très fort.

Tiger Woods est, par excellence, l’icône du golf. C’est sans doute l’athlète le plus connu sur la planète. En tentant de s’offrir ses services, le LIV a frappé fort et marqué les esprits. A l’évidence, grâce à la générosité du fonds souverain qui le finance, il a les moyens de ses ambitions!

Cet épisode ne contribue évidemment pas à calmer les esprits. Jamais les coulisses du golf n’ont été aussi agitées avec, déjà, les premiers procès en points de mire. Plusieurs champions qui ont cédé aux sirènes saoudiennes (et qui se retrouvent donc suspendus de facto par le PGA Tour) viennent de porter plainte contre le circuit américain et réclament que cette exclusion soit immédiatement levée.

Qui a raison? Qui a tort? D’un côté, on comprend que les circuits traditionnels fulminent de rage face à la naissance de ce circuit parallèle, nourri au biberon des pétrodollars qui faussent toutes les données. De l’autre, on se dit que cette redistribution des cartes qui brise directement le monopole américain n’est peut-être pas inutile, au nom de la libre circulation des joueurs professionnels. Oui, il y a de l’arrêt Bosman dans l’air!

En attendant, tout ce cirque n’est pas très bon pour l’image du golf. Déjà très critiquée pour ses prize-moneys défiant la raison, la discipline est encore davantage montrée du doigt. Et puis, sportivement, on est dans flou intégral. Si toutes les stars qui sont parties chercher fortune au LIV sont effectivement suspendues des compétitions classiques, les conséquences seront énormes pour le PGA Tour et le DP World Tour, mais aussi pour la Ryder Cup. Six des 12 joueurs américains qui ont participé à l’édition de 2018 au Golf National ont cédé à la tentation saoudienne: Bryson DeChambeau, Phil Mickelson, Brooks Koepka, Patrick Reed, Dustin Johnson et Bubba Watson. Cinq des 12 sélectionnés européens à l’édition 2021 sont dans le même cas: Sergio Garcia, Ian Poulter, Paul Casey, Lee Westwood et Bernd Wiesberger. Et pour l’édition de 2023 à Rome, l’Europe a déjà dû changer de capitaine suite au départ de Henrik Stenson pour le circuit dissident (c’est l’Anglais Luke Donald qui a pris sa place).

On imagine volontiers que ces imbroglios et cet exode massif de “grosses pointures” ne plaisent guère aux télévisions qui ont acheté, à prix d’or, les droits de retransmission du PGA Tour…

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