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Pourquoi les Etats-Unis s’inquiètent de la tragédie grecque
Dans la guerre économique que se livrent en ce moment l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis, on était en droit de s’attendre à un sourire en coin de la part des Américains face à nos problèmes avec la dette grecque… Eh bien non.
Dans la guerre économique que se livrent en ce moment l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis, on était en droit de s’attendre à un sourire en coin de la part des Américains face à nos problèmes avec la dette grecque. Atout, tant qu’on parle de la Grèce et des autres pays européens, l’attention des marchés financiers est détournée des problèmes américains…
Ce n’est pourtant pas le cas : les Américains, par la bouche de Barack Obama, ont même indiqué qu’ils étaient très inquiets de l’attaque contre l’euro ! Le président US a même précisé qu’il était d’accord avec la chancelière allemande Angela Merkel pour donner « une réponse forte » à la chute de l’euro. Diable, les Américains ne nous ont pas habitués à tant de sollicitude. Se seraient-ils transformés en bons samaritains ?
La réponse est clairement « non ». Barack Obama n’est pas un bon samaritain – en tout cas pas sur ce coup-là – car il ne fait que traduire l’anxiété des chefs d’entreprise américains. La glissade de l’euro face au dollar leur rend la vie dure, très dure. D’abord, parce que la baisse de l’euro renchérit le prix des produits américains exportés en Europe. Les exportateurs américains perdent donc des parts de marché ou doivent rogner sur leur marge s’ils veulent écouler leurs marchandises.
Ce n’est bien sûr pas le seul problème des Américains. Comme on dit à Wall Street, « quand on voit un cafard, c’est qu’il y en a d’autres »… Autre problème : la baisse de l’euro redonne des couleurs aux exportateurs européens en Asie, continent pour lequel Américains et Européens sont en compétition permanente, avec des produits plus ou moins similaires.
A rebours de la doctrine officielle des Etats-Unis – « il faut favoriser un dollar fort » – la Maison-Blanche tablait plutôt sur un dollar faible pour doubler les exportations des Etats-Unis. Aux yeux de Barack Obama, doubler les exportations de son pays signifie créer deux millions d’emplois nouveaux. Et le président en a bien besoin, car il sait qu’il jouera sa réélection sur sa capacité à endiguer le chômage dans son pays. Et la tragédie grecque rend sa tâche plus difficile.
Ce qui est formidable, dans cette belle histoire, c’est que tous les experts disaient la main sur le coeur que la Grèce ne pèse que 2 % de la zone euro. Bref, un pays dont le poids n’est pas suffisant pour poser de vrais problèmes. Lorsqu’on se souvient de ce discours et qu’on voit malgré tout ce que ces deux petits pour cent ont provoqué depuis quelques semaines, on n’ose pas imaginer que l’Espagne fasse faillite… J’oubliais de préciser : l’Espagne ne pèse que 12 % de l’activité européenne, soit trois fois la Grèce !
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