Les pouvoirs locaux, l’autre maillon faible francophone en 2024, appellent à l’aide
Les villes et communes de Wallonie publient leur mémorandum en vue des élections. L’appel à un refinancement est délicatement formulé, mais la situation est catastrophique.
Les pouvoirs publics francophones sont dans une situation budgétaire grave. En vue des négociations de 2024, qui comporteront potentiellement une dimension communautaire, les dettes wallonne, bruxelloise et de la Fédération Wallonie-Bruxelles risquent de peser lourd. Mais une source politique nous confiait récemment que le gouffre des pouvoirs locaux constitutait l’autre point faible des partis francophones en vue des scrutins crucieux de l’année prochaine – législatif, régional et européen en juin, puis communal en octobre. En clair, là aussi, on risque de quémander des moyens.
A huit mois des élections, l’Union des villes et communes de Wallonie a présenté ce mardi son mémorandum aux différents niveaux de pouvoir. La demande est faite délicatement, mais on s’aperçoit entre les lignes qu’il s’agit d’un signal d’alarme, pur et simple.
Appel à la Wallonie et au fédéral
Les pouvoirs locaux se plaignent de longue date de l’impact des décisions prises à d’autres niveaux de pouvoir sur leur budget. L’UVCW rappelle l’exigence absolue de neutralité financière des décisions des autres niveaux de pouvoirs. Elle se réfère à la veille financière qu’elle a mise en place qui “déborde encore d’ardoises en suspens, qu’il s’agisse de police, de zones des secours, de fiscalité additionnelle ou encore de terres excavées”. “Décider unilatéralement de mesures en glissant la facture aux communes n’est pas témoigner de respect envers un pouvoir d’égale dignité”, disent les bourgmestres.
Après avoir exprimé le souhait d’un meilleure gouvernance, l’Union wallonne souligne: “Les moyens financiers dévolus aux communes doivent coller aux enjeux et besoins. Au pire, ils doivent épouser les courbes de l’inflation ; au mieux, ils doivent s’accroître, notamment pour permettre la création massive de logements publics et ne pas louper le train de la transition énergétique.”
Tout en tirant la sonnette d’alarme: “Véritable cauchemar, l’explosion du coût des pensions du personnel statutaire communal ne laisse pas d’inquiéter les municipalistes. L’UVCW attend de la Wallonie qu’elle encadre la fonction publique locale pour inverser durablement la tendance, tandis que le Fédéral est invité à prendre une part active dans la résolution de ce casse-tête.“
Voilà qui est délicatement dit: les autres niveaux de pouvoir doivent intervenir. Allo, les négociateurs?
Une plus grande concertation
Parmi les autres requêtes, il y a le souhait d’avoir, en amont, une concertation effective et efficaces entre toutes les autorités supérieures et les pouvoirs locaux. Les municipalistes entendent être acteurs de leur destin, souligne l’Union wallonne, et, dès lors, visent la co-construction des projets de réglementations, bien en amont des décisions. L’UVCW tendra toujours la main aux autorités supérieures pour aborder, en groupes de travail, toute réforme, dès sa genèse, et ainsi faciliter son déploiement harmonieux et son acceptation sur le terrain local.
Traduction: ne décidez plus sans nous.
Les pouvoirs locaux sont encore demandeurs d’une simplifications administrative massive de la part de la Wallonie, passant e.a. par un partage gratuit des données régionales intéressant les politiques communales, et un allégement considérable des procédures de rapportage. Est également jugée essentielle, une stratégie d’e-gouvernement réfléchie avec et pour les pouvoirs locaux et une digitalisation accrue de l’administration locale, dans un cadre sécurisé et transversal sans cloisonnement au sein des services régionaux, ni avec les services fédéraux.
Il y a du pain sur la planche.
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