Le Plan de relance wallon passé au crible : les Engagés – et le MR – tombent souvent des nues

Georges-Louis Bouchez et Maxime Prevot -BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Baptiste Lambert

Le plan de relance fait l’objet d’un examen minutieux de la part des négociateurs wallons. Le but est de réorienter un plan qui porte parfois des projets qui n’ont rien à voir avec de la relance. Le fruit d’un saupoudrage de la précédente législature, qui a mis sur pied pas moins de 400 projets, tous azimuts. Au travers des discussions avec la société civile, les Engagés tombent souvent des nues par rapport aux demandes qui sont faites par certaines associations. Le président du MR aussi. Ce qui est plus étonnant dans son chef, au vu de la composition de la précédente majorité.

“Les négociations se passent bien, à un rythme très soutenu”, nous dit-on, de chaque côté. Peu de friture sur la ligne entre le MR et les Engagés : cette communication positive n’est pour le moment pas perturbée, comme l’a encore démontré Georges-Louis Bouchez, ce matin, sur Bel-RTL. “L’entente avec Maxime Prévot est vraiment très bonne. Il y a de la confiance. La grande différence avec les précédentes coalitions, c’est qu’on fait en sorte que chacune des formations politiques puisse appliquer des points de son programme sans abimer les points du programme de l’autre. Nous sommes deux partis, mais une seule équipe.”

Au point d’aboutir rapidement ? Le président du MR ne veut logiquement pas s’enfermer dans une date précise, mais on parle “plutôt en nombre de jours qu’en nombre de semaines”. La rédaction de la Déclaration de politique régionale a déjà commencé (DPR) et les discussions avec la société civile s’achèvent. “Les choses vont devenir très concrètes dès la semaine prochaine”, nous glisse-t-on, au sein de la formation libérale, avec une possible communication.

Si l’entente est bonne, les discussions ne sont pas faciles pour autant. L’état des finances publiques en Wallonie, mais aussi en Fédération Wallonie-Bruxelles, ne permet aucune extravagance. À cet égard, il semblerait que le MR et les Engagés se soient un petit peu vite avancés sur la réduction des droits de succession. Quelques jours à peine après le scrutin, Georges-Louis Bouchez en avait fait “l’une des priorités” du prochain attelage wallon, tandis que la suppression des droits de succession figurait en bonne place dans le programme des Engagés. Problème : cela coûterait 800 millions d’euros par an à la Wallonie. Les discussions patinent un peu, entend-on. Toute la difficulté de mettre un programme en application avec des finances dans le rouge.

Un plan de relance sans priorités

Il faudra donc dégager des moyens. Et la recherche d’efficacité est souvent avancée par les deux formations politiques, notamment dans les dépenses publiques. Il en est de même de l’évaluation des politiques qui ont été ou qui seront menées, à l’aide de données objectives. C’est exactement dans ce processus que se trouve le Plan de relance wallon. Avant même la campagne, les Engagés avaient appelé à une pause : “Il faut arrêter les projets du plan de relance qui ne sont pas encore initiés”, nous disait le député wallon François Desquesnes (Les Engagés), en mars dernier. “Les ministres se sont fait plaisir : PS, MR et Ecolo ont chacun eu leurs projets.”

Aujourd’hui, du côté des Engagés, on tombe de nues. Les intuitions du député semblent se vérifier. Face aux critiques, la précédente majorité avait décidé de reprioritiser les 400 projets de départ vers 42 priorités. Dans les faits, “ce qui était censé être des budgets one-shot, pour faire de la relance, a été dégagé pour financer des projets tous azimuts, pour faire plaisir à l’une ou l’autre formation politique”, nous dit-on. Non seulement ces budgets n’ont rien à voir avec de la relance, mais ils sont aussi réclamés par plusieurs associations pour l’année prochaine, de telle sorte que cela s’inscrit dans des dépenses récurrentes.

Ainsi, sur les 7 milliards du plan de relance wallon, il existe un encours de 2 milliards d’euros pour 2025 et 2026, selon les chiffres du ministre du Budget, Adrien Dolimont (MR). Dans ce cadre, vouloir réorienter le plan de relance n’est pas si simple. Certains projets ne peuvent tout simplement plus être stoppés, d’autres devront basculer vers les budgets des dépenses courantes. Les choses se corsent encore quand il s’agit de projets financés par de l’argent européen. “Ce qu’on observe, c’est que les projets non-prioritaires ont tout autant avancé que les soi-disant 42 projets prioritaires”, glisse-t-on du côté des Engagés. “Il faut tout remettre à plat.”

Visiblement, à la table des discussions, le président du MR est tout autant interloqué par ce qu’il entend lors de ses rencontres avec la société civile. C’est plus étonnant, dans la mesure où le MR faisait bien partie de la majorité précédente, et disposait même des ministres du Budget et de l’Economie.

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