Georges-Louis Bouchez veut-il remplacer l’État PS par un État MR ?

Georges-Louis Bouchez est furieux: "Ce n'était pas dans l'accord!". BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Baptiste Lambert

Le président du MR vient d’obtenir la présidence du conseil d’administration de l’ONE et l’a offert à sa compagne, Lucie Demaret (MR). Forcément, cela fait grincer quelques dents. Par ailleurs, depuis les élections de juin dernier, Georges-Louis Bouchez a minutieusement négocié les présidences des intercommunales pour faire tomber ce qu’il appelle l’État PS. Au point de le dupliquer ?

Georges-Louis Bouchez, qui ne s’est jamais caché d’avoir eu Elio Di Rupo pour modèle politique, est-il en train de répliquer les méthodes du PS ? Lundi, Le Soir apprenait qu’après avoir renoncé à la présidence du circuit de Spa-Francorchamps (suite à son échec de revoir le décret “Gouvernance” qui interdit le cumul entre la fonction de parlementaire et présidence de CA), le président du MR a obtenu la présidence de ONE, l’Office de la naissance et de l’enfance, où il a parachuté sa compagne.

Lucie Demaret, diplômée en sciences politiques à l’ULB, est passée par plusieurs cabinets de ministres MR (Chastel, Bellot, Goffin…). Elle était conseillère communale d’Ham-sur-Heure, sous la précédente législature, et se présentait à la province dans le Hainaut lors des élections de juin dernier. Élue conseillère provinciale, elle a dû renoncer au poste de députée provinciale après une lutte interne au profit d’Aurore Goossens. Lucie Demaret est aussi la sœur de Géraldine Demaret, qui avait été catapultée à la présidence de la Loterie Nationale sous la précédente législature, ce qui avait déjà fait pas mal de remous.

Critiques acerbes

Cette nomination de Lucie Demaret a forcément fait réagir la classe politique, entre accusations de népotisme et sarcasmes. “Sincèrement, la seule chose que je pensais qui allait s’améliorer en Wallonie avec une majorité MR-Engagés, c’était bien la gouvernance (et la fin du système PS). Même là, c’est un échec. Je ne comprends pas qu’ils aient pris une telle décision”, fustige l’ancien chef de groupe Ecolo à la Chambre, Gilles Vanden Burre.

Choix cornélien entre passion sportive et paix des ménages. Je ne juge pas, on connaît tous ça…“, a pour sa part plaisanté cyniquement Thomas Dermine (PS), le bourgmestre de Charleroi.

Le Parti socialiste n’a pas manqué de taper sur le clou : “Près d’un an plus tard, la « bonne gouvernance » du gouvernement MR/Les Engagés en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles : mensonges de la Ministre Galant au Parlement, fin des examens d’entrée et copinage pour accéder postes directionnels du SPW, tentative du Président du MR de détourner le décret gouvernance pour s’imposer au CA de Spa-Francorchamps, nomination de la compagne du Président du MR à la tête de l’ONE.”

Un État MR ?

Au-delà de cette actualité, le président du MR tente depuis juin dernier d’étendre son emprise sur l’appareil étatique du sud du pays. Le fameux “Etat PS”, comme il l’a de nombreuses fois décrit. Un exemple ? Sur les 44 principales intercommunales, les libéraux ont décroché 17 présidences alors qu’ils n’en avaient que 10 sous la précédente législature.

Dans l’autre sens, les socialistes sont passés de 26 présidences à 11, se faisant chiper la 2e place par Les Engagés, qui détiennent désormais 12 présidences. « En sortant des négociations, on se rend compte que si le président du MR voulait mettre par terre l’Etat PS, source, selon lui, de tous les maux, ce n’est pas à cause des prétendus vices de celui-ci, mais parce qu’il rêve de le dupliquer. On passe donc d’un État PS à un État MR », glissait un ténor socialiste au Soir, à propos de ce grand chambardement, en juin dernier.

Imposer sa politique

Si on peut s’offusquer du népotisme en Belgique francophone, pratiquée par tous les partis, la mise en place de ses pions sur l’échiquier sert également un objectif politique. Gagner les élections ne suffit pas : il faut pouvoir mettre en pratique son programme politique et l’accord de gouvernement.

À cet égard, l’administration joue un rôle clé. Et il se dit que les choses ne sont pas simples de ce côté là pour la coalition Azur. Il est de notoriété publique que l’administration est historiquement dominée par le PS. Là aussi, le MR a voulu accélérer le grand remplacement, en supprimant le Certificat de management public pour la haute fonction publique. Une manière, dit la ministre de tutelle, Jacqueline Galant (MR), de pousser les profils issus du privé à postuler. “Un moyen de recaser les copains”, dénonçait plutôt Stéphane Hazée, au Trends-Tendances, en novembre dernier.

Dans les faits, les candidats extérieurs à l’administration sont effectivement rares. Ce sont souvent les personnes qui quittent un mandat qui postulent pour le suivant. Mais le problème de fond est ailleurs et pousse, finalement, chaque formation politique à imiter l’État PS : la politisation de l’administration ou d’autres structures.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content