“15.000 aides-ménagères risquent de perdre leur emploi”

Young woman washing window © Getty Images
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Les titres-services sont une innovation belge, sans égale pour l’emploi de personnes peu qualifiées. Mais les nouvelles règles pourraient éjecter de nombreuses entreprises du secteur, prévient la fédération des prestataires de services RH.

Federgon, la fédération des prestataires de services RH, a fortement critiqué les nouvelles règles relatives aux titres-services en Wallonie. Arnaud Le Grelle, directeur Wallonie-Bruxelles de la fédération, justifie cette position.

TRENDS-TENDANCES. Le passage du titre de 9 à 10 euros vous pose-t-il problème?

ARNAUD LE GRELLE. Pas du tout. Le titre-service n’a pas augmenté depuis longtemps et il ne faut pas de savants calculs pour comprendre que le prix vérité n’est pas de 10 euros. Le coût salarial complet des travailleurs peu qualifiés avoisine les 30 euros. Je comprends le souci d’améliorer le sort des aides-ménagères. Mais si, comme la Région wallonne entend le faire, on interdit aux entreprises de réclamer des frais complémentaires aux utilisateurs et si on les oblige à rembourser les frais de déplacement des travailleuses, cela deviendra difficile d’équilibrer les comptes des entreprises.

– Ne fallait-il pas néanmoins préserver une large accessibilité pour éviter que ces tâches ne soient plus déclarées?

– Les titres-services sont une invention géniale pour la mise ou la remise à l’emploi de personnes peu qualifiées. Quelque 150.000 personnes ont déjà pu en profiter. Aucun autre système dans le monde n’a réussi cela, des universitaires étrangers viennent l’étudier, des pays comme la France, les Pays-Bas ou la République tchèque le reprennent.

Maintenant, il faut pouvoir le faire tourner financièrement. Sans doute avons-nous commis l’erreur de considérer les titres-services comme un service à vocation universelle. Le prix ne reflète finalement que le coût salarial belge et, malgré le subside public, tous les ménages ne peuvent peut-être pas l’assumer. Les particuliers ont été extrêmement favorisés, le titre-service est l’un des rares prix qui n’était pas indexé. Cela va changer, avec un mécanisme de cliquet, dont nous contestons toutefois certains paramètres de calcul.

– La fronde concerne-t-elle aussi les entreprises sociales de votre secteur?

– Absolument. Federgon représente aussi des entreprises à finalité sociale, des coopératives, des sociétés issues d’ALE ou de CPAS. Elles sont toutes confrontées à la même problématique. On ne parle pas ici de sociétés commerciales qui voudraient faire de plantureux bénéfices. J’ai été surpris par la rapidité et la force de la réaction des entreprises. Des grands joueurs comme Manpower ont déjà quitté le marché et d’autres pourraient suivre. Si rien ne bouge, 15.000 aides-ménagères risquent de perdre leur emploi avant la fin de l’année.

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