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Voiture électrique : mainmise chinoise et pollution cachée

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Le patron de Renault au niveau mondial n’est pas français, mais italien. En France, Luca de Meo est une star auprès de ses collègues patrons, car il est en train de redresser de main de maître la marque Renault.

Luca de Meo était de passage hier à Bruxelles pour une conférence de presse. Non comme patron de Renault, mais comme nouveau président de l’association des constructeurs européens. S’il est venu chez nous, c’est pour évidemment faire passer un message aux autorités européennes. Son message est assez simple : il est d’accord avec les autorités politiques qui veulent que l’industrie automobile soit moins polluante, mais il rappelle aussi que le choix de l’Europe de tout miser sur le 100% électrique au détriment d’autres alternatives pose un problème. Les matières premières nécessaires à la fabrication des batteries ne se trouvent qu’à 5% en Europe.

Il ne le dit pas comme ça, pas aussi brutalement, mais avec la voiture électrique, l’Europe se jette dans les bras des Chinois. Comme quoi la révolution n’est jamais qu’un changement de maître. C’est par exemple la thèse du journaliste François-Xavier Pietri qui a rédigé un livre sur ce sujet. Mais revenons sur les batteries de ces voitures électriques. Elles sont composées majoritairement de cobalt et de lithium. Or, la majorité des réserves de cobalts sont situées au Congo, mais c’est la Chine qui est propriétaire de 80% de ce cobalt pour la simple raison qu’elle a acheté ses mines congolaises. Des mines exploitées selon ce journaliste par des enfants payés au prix d’un dollar par jour, raconte-t-il à mes confrères du Figaro. Quant au lithium, son exploitation est un désastre écologique explique à nouveau François-Xavier Pietri. La raison ? “Pour sortir une tonne de lithium, il faut faire évaporer un million de litres d’eau”. Donc, quand la presse économique dit que la France dispose dans le Massif central d’une belle réserve de lithium, on peut se réjouir et se dire que l’Europe aura son propre minerai à domicile. Ou au contraire, s’en plaindre, car comme le dit ce journaliste, “il faudra dire la vérité aux Européens : à savoir que nous allons évaporer un million de litres d’eau au sortir d’un épisode de sécheresse”. Tout cela, les patrons de l’industrie automobile le savent bien. Mais leur parole est décrédibilisée auprès des politiques, notamment après l’affaire du scandale du diesel. Pour les députés européens, ils représentent le mal absolu, d’où ce vote massif pour imposer la fin de la vente des moteurs thermiques en 2035. Sur le principe, c’est une bonne idée. L’Europe montre le chemin aux autres continents.

Mais reste encore à s’approprier les détails de cette transition. Et vous le savez, le diable se niche dans les détails. Aujourd’hui, si la transition du thermique vers l’électrique se fait sans nuances, la voiture électrique de demain sera de marque chinoise en Europe. François-Xavier Pietri, qui a rédigé un livre intitulé “voiture électrique : ils sont devenus fous”, rappelle que la voiture électrique va aussi poser des problèmes de reconversion sous-traitants mai aussi aux garagistes, car la voiture électrique nécessite peu d’entretien. Il évoque aussi l’avenir des stations-service et de leurs salariés qui ne pourront pas toutes se transformer en bornes de recharge. Bref, entre un souhait légitime et nécessaire de réduire la pollution des voitures, et puis la réalité du terrain, il y a pas mal de nuances à prendre en compte.

Mais les lieux communs ne font pas peur à la tribu des YAKA FOKON -et c’est cette tribu qui décide de notre avenir par réseaux asociaux interposés.

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