Voici les secteurs économiques belges en péril en cas de Brexit dur

Maxime Defays Journaliste

On savait déjà que les Pays-Bas, l’Irlande et la Belgique seraient les pays les plus durement touchés en cas de “hard Brexit”, mais une toute nouvelle analyse de l’Université de Leuven vient apporter plusieurs détails. Les secteurs belges du textile et de l’alimentation souffriraient énormément, et des milliers d’emplois partiraient en fumée. En cas de sortie “dure” du Royaume-Uni de l’Union européenne, la Belgique pourrait perdre plus de 40.000 emplois.

La saga du Brexit, qui dure maintenant depuis trois ans, plonge chaque jour de plus en plus l’Europe dans l’incertitude. Si la date butoir du 31 octobre pour une sortie sans accord se rapproche, de plus en plus de questions restent sans réponse, alors que le Royaume-Uni se cherche un nouveau Premier ministre, capable de gérer, au mieux, l’épineux dossier.

Mais si le Brexit agite le Vieux Continent depuis tant d’années, c’est parce qu’il aura, selon sa forme, des conséquences plus ou moins désastreuses, aussi, pour les partenaires commerciaux des Britanniques. Notamment sur ses voisins directs. Si de nombreuses études ont déjà montré que les Pays-Bas, l’Irlande mais aussi la Belgique seraient fortement touchés par une sortie sans accord du Royaume-Uni de l’UE, on sait aujourd’hui quels secteurs d’activité en souffriraient le plus chez nous. En effet, la KULeuven présente le résultat de ses analyses détaillées dans le cadre d’une journée organisée par le gouvernement flamand, explique L’Echo.

Le secteur de l’alimentation et des boissons perdrait environ un emploi sur 20, soit 4.500 personnes, tandis que le secteur du textile verra la “disparition” d’un emploi sur 7, soit environ 3.500 personnes. Le secteur administratif serait lui aussi très touché, avec la perte de 4.300 emplois. De plus, les secteurs de la pétrochimie et de la pharmacie, parmi les piliers de l’économie belge (un tiers des exportations belges concernent justement de ces secteurs) perdraient 1,3 milliard d’euros de valeur ajoutée.

42.000 emplois belges menacés

L’analyse de l’Université de Leuven nous apprend aussi que la forme que prendra le Brexit aura un impact différent selon le secteur d’activité. En effet, si nous arrivions à une situation de “hard Brexit”, le Royaume-Uni deviendrait de facto un pays tiers de l’Union et les règles commerciales établies par l’OMC entreraient dès lors en vigueur. Dans le cas contraire, le Royaume-Uni appliquerait toujours ses droits de douane mais mènerait lui-même ses contrôles sur les médicaments et l’alimentation et pourrait donc décider d’imposer de nouvelles réglementations techniques ou financières.

Et cette possibilité ne réjouit guère le secteur pharmaceutique belge, par exemple. En cas de Brexit négocié, la perte d’emploi dans ce secteur se situerait aux alentours des 1%, contre 3,7% en cas de “hard Brexit”. Mais d’autres secteurs souffriraient également. Les secteurs de l’équipement et du juridique subiraient 3,5 fois plus de pertes en cas de Brexit dur. Tandis que ceux du textile et des boissons, précédemment cités, verraient quant à eux, une perte d’emplois six plus élevée en cas de “hard Brexit”.

Au total, notre pays perdrait environ 10.000 emplois en cas de Brexit avec accord, contre 42.000 en cas de Brexit dur. Côté croissance, une perte de 0,6% serait enregistrée dans le premier cas, contre 2,4% dans le deuxième.

En cas de Brexit, les secteurs de l’automobile et de la métallurgie, qui ont déjà beaucoup souffert en Belgique, perdraient respectivement 5,3% et 3% du total d’emplois. Le commerce de détail devrait lui constater la perte de 2.400 emplois environ (soit 0,8%), la chimie 1.852 (4,2%), l’agriculture 1.737 (3,1%), le commerce de gros 1.713 (0,9%), les machines 1.256 (3,9%), les transports 1.022 (0,9%), le plastique 863 (3,9%), la pharmacie 860 (3,8%) et enfin l’électronique et l’informatique 641 (6,1%).

Dans l’industrie du textile, la Belgique serait le 2e pays européen le plus touché après l’Irlande, idem pour les boissons, l’alimentation et l’automobile. Dans l’agriculture, notre pays pointerait à la 3e position, comme pour le plastique, les machines, la métallurgie ou la chimie. Pour l’électronique et l’informatique, notre pays occuperait la 7e position.

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