Voici les responsables politiques des situations belge et bruxelloise

Jean-Luc Dehaene (CVP), à droite, avec les PS Charles Picqué, Elio Di Rupo et Robert Collignon. Pic-Belga (c) - Herwig Vergult /ver
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Sociaux-chrétiens et libéraux sont, historiquement, les principaux partis au pouvoir national, devant les socialistes. Le PS est le numéro un absolu en Région bruxelloise. Une étude intéressante du politologue Pascal Delwit.

La Belgique est à la croisée des chemins et Bruxelles se cherche un nouveau souffle. Le 9 juin, les électeurs sont appelés à plébisciter ou sanctionner ceux qui les gouvernent. Mais qui sont, au fond, les principaux responsables de la situation actuelle? Pascal Delwit, politologue à l’ULB, a entamé une série de posts sobrement intitulés “qui a gouverné en Belgique?” et “qui a gouverné en Région bruxelloise?”.

On y découvre que les trois familles politiques traditionnelles ont porté la Belgique, avec les sociaux-chrétiens en tête devant les libéraux, les socialistes les rejoignant pour les 72 dernières années. En Région bruxelloise, qui existe depuis trente-cinq ans, le PS est ultra-dominant avec 100% de présence au gouvernement.

Belgique: l’Etat social-chrétien

Du 24 septembre 1831 au 9 juin 2024, la famille sociale-chrétienne aura gouverné 75,8% du temps, pour 60,1% à la famille libérale (mais 100% au XXIe siècle) et 36,1% à la famille socialiste.

Ce n’est pas pour rien que l’on a nommé un temps la Belgique “l’Etat CVP”, quand les Martens et Dehaene prolongeaient une longue tradition. “À l’échelle de toute la période (1831-2024), la famille sociale-chrétienne domine indubitablement, commente Pascal Delwit. Au XIXe siècle, elle gouverne souvent seule en alternance avec les libéraux. Et au XXe siècle, elle est de presque tous les gouvernements. Depuis le 24 septembre 1831, elle aura ainsi été aux affaires plus de 152 ans.”

Concernant les libéraux, le politologue de l’ULB souligne: “La famille libérale a aussi été très présente au gouvernement. Au XIXe siècle, elle alterne souvent avec les catholiques. Et dans l’entre-deux-guerres, elle est présente dans l’exécutif presque sans discontinuité. Dans la deuxième partie du XXe siècle, les libéraux sont plus régulièrement dans l’opposition. En revanche, dans la période contemporaine, ils exercent le pouvoir sans interruption. Au XXIe siècle, ils sont de tous les gouvernements. Au total, les libéraux auront été aux affaires plus de 120 ans.”

Enfin, les socialistes sont arrivés plus “récemment” aux affaires, mais pilotent aussi l’Etat de façon importante. “Acteur qui a vu le jour en 1885, la famille socialiste a eu du mal à s’imposer mais force les portes de l’exécutif en 1918 (en temps de paix). À partir de 1936, sa participation se banalise et dans la deuxième moitié du XXe siècle, les socialistes sont présents dans l’exécutif avec récurrence. Il en est de même au XXIe siècle. Au total, la présence socialiste dans l’exécutif s’étend au-delà de 72 ans.”

Bruxelles: la Région PS

En Région bruxelloise, “sortie du frigo insitutionnel” en 1989, les socialistes francophones sont, de loin, les principaux responsables de la réalité régionale.

“Sur les 35 années d’existence de la région, six partis ont été les acteurs principaux du gouvernement de la région de Bruxelles-capitale: le parti socialiste (PS), Vooruit, l’Open VLD, le CD&V, DéFI et Les Engagés, analyse Pascal Delwit. Sur toute la période, la famille socialiste domine incontestablement. Vooruit a été au gouvernement 85,6% du temps. Quant au PS, c’est bien simple: il a été de tous les exécutifs.”

Les libéraux, eux, sont moins présents à ce niveau, contrairement aux écologistes plus récemment: “En miroir, le concours des libéraux francophones a été beaucoup plus limité: le MR (auparavant le PRL) n’est présent au gouvernement bruxellois que de 1995 à 2004. Au XXIe siècle, les verts se sont imposés comme un nouveau protagoniste important, en particulier Ecolo (2004-2014 ; 2019-2024) et, dans une mesure moindre, Groen (2009-2014 ; 2019-2024).”

Tout cela donne de quoi méditer lorsque l’on évoque l’héritage du passé. Dans ses études, le politologue illustre aussi la place nettement moins prépondérante occupée par les partis nartionalistes ou communautaires.

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